BOLLETTINO UFFICIALE
DELL'ORDINE DEI MINIMI
Anno XLVII N. 2 - 3 Aprile Settembre 1999
INDICE
Studi: Saint Francois de Paule ses rapports avec les calabrais et les tourangeaux (Cyril Polito)
Necrologio: Sor Ana Porras Serrano
STUDI
Cyril Polito
SAINT FRANCOIS DE PAULE
SES RAPPORTS AVEC LES CALABRAIS ET
LES TOURANGEAUX
TE.R.
sous la dir. de Mme ParavyUniversité Pierre Mendès-France
Grenoble II, juin 1992
Je tiens à adresser tous mes remerciements à Madame Pierette Paravy qui dirigea mes recherches tout au long de cette année 1992, ainsi qu'à l'Ecole Françaisè de Rome, à la bibliothèque apostolique du Vatican et à l'Ordre des Minimes, qui mirent à ma disposition toute la documentation nécessaire à mon travail.
Je remercie également pour leur soutíen ou pour leur aide, toute ma famille, le père Alfredo Bellantonio, Monsieur Martin Gregori, Madanze Cbristine Veygalier, Mesdemoiselles Laurence Le Boédec et Marina Lambros, Monsieur et Madai97e Boutonnet, ainsi que tous ceux qui par leur disponibilité et leur gentillesse in aidèrent dans mes recherches.
CYRIL POLITO
Volentieri pubblichiamo la recente tesi di Laurea, in due volumi del giovanissimo Prof. Cyril Polito, nella lingua originale, frutto del suo studio, della sua simpatia e venerazione per il nostro Santo Padre e Fondatore Paolano, per un quarto di secolo vissuto in terra di Francia, dove morì a Tours, il 2 aprile 1507 (N.d.D.).
INTRODUCTION
Quels types de rapports François de Paule a-t-il entretenu avec les Calabrais et les Tourangeaux? Pour répondre à cette question il est avant tout utile de dresser le portraít du grand Saint de la Calabre du XVè siècle qui, né à Paola, parmi le peuple, est mort en Touraine près de la Cour après avoir été le conseiller de trois rois successifs, Louis XI qui le surnommait le "Bonhomme" ou le "Sainct Homme", Charles VIII et enfin Louis XII.
Il est également intéressant d'essayer de découvrir qui furent les hommes et les femmes, qui aussi bien dans sa terre natale qu'à Tours, le cotoyèrent ou vinrent le voir, attirés par sa réputation de sainteté et le pouvoir qu'il avait d'accom lir des miracles.
Ce n'est qu'une fois ces deux points clarifiés que nous pourrons alors saisír la nature de leurs relations et comprendre ce que le Paolan a représenté pour ses contemporains.
Pour mener à bien cette étude, nous áisposons de trois documents d'une valeur inestimable tant ils contiennent d'indications sur la biographie du Saint et sur l'identité, la vie, la mentalité et l'état d'esprit de ceux qui l'ont approché. Il s'agit des procès informatifs de Cosenza, de Calabre et de Tours qui furent instruits au tout début du XVIÈ siècle en vue de la béatification puis de la canonisation de François d'Alessio, futur saint François de Paule.
L'étude portera sur deux de ces enquétes, celle de Cosenza et celle de Tours, publiées par l'ordre des Minimes en 1964. Le 13 mai 1512, le pape jules II prit la décision d'ouvrir une e-nquéte informative en vue de la béatificatíon de François, répondant ainsi aux atten tes entre autres de la reine de France, Anne de Bretagne, reconnalssante de la gráce que le Paolan avait accordé à sa fille Claude, gravement malade, et du père François Binet de l'ordre des Minimes, qui désirait que l'on interroge le plus rapidernent possible les Calabrais qui avaient connu le "Sainct Homme". Le Paolan ayant en effet quítté sa terre natale depuis près de trénte ans, le nombre potentiel de témoins se réduisait un peu plus chaque année.
Le 8 juin 1512, le bref pontifical fut présenté à monseigneur Giovanni Sarsale, évéque de Cariati et Bernardino Cavalcanti, chanoine de l'Eglise métropolitaine de Cosenza. Il fut ouvert en présence du notaire Nicolo de Spreverino, archidiacre de Cariatí. Le quinze du méme mois, Sarsale fit afficher sur la porte de la cathédrale un décret annongant l'ouverture du procès informatif et landa par la méme occasion un appel à témoíns.
Quatre centres furent retenus pour recueillir les dépositions: Cosenza, San Lucido, Paterno Calabro et Corigliano Calabro. Ces heux ne furent pas choisis au basard, mais parce que, d'une part, c'est-. là que l'on pensait trouver le plus grand nombre de témoins et parce que, d'autre part, ils étaient facilement rejoignables. Il y eut en tout douze séances entre le 4 juillet 1512 et le 19 janvier 1513, au cours desquefies cent deux témoins furent entendus après avoír prété serment. On peut voir ci-dessous le détail des enregistrements.
Cosenza
4 juihet 1512 = 1 déposition,
5 juillet 1512 = 3 dépositions,
8 juillet 1512 = 1 déposition,
17 juillet 1512 = 2 dépositions,
18 juillet 1512 = 33 dépositions,
19 juillet 1512 = 16 dépositions.
San Lucido
20 juillet 1512 = 4 dépositions,
3 aoút 1512 = 1 déposition,
10 aoút 1512 = 1 déposition.
Paterno Calabro
3 décembre 1512 = 10 dépositions,
4 décembre 1512 = 28 dépositions.
Corigliano Calabro
19 janvier 1513 = 2 dépositions.
Les dépositions furent recueillies en dialecte calabrais puis envoyées à Rome où le cardinal protecteur de l'ordre Lorenzo Pucci demanda à son secrétaire Sigismondo Pindaro d'en faire une traduction en latin afin d'en faciliter l'examen par la Curie pontificale. Le procès fut finalement authentifié le 19 mars 1514.
En ce qui concerne le procès informatif de Tours, le bref de Jtùes II daté du 13 mai 1512, fut remis à l'évéque de Paris, monseigneur Stéphane Poncher, ainsi qu aux eveques de Grenoble et d'Auxerre, monseigneur Laurent Allemand et monseigneur jean Baillet. Cependant ces trois prélats jugèrent préférable de confier l'instruction du procès à la ville de Tours étant donné que c'était là que François avait vécu. Ce furent donc Pierre Cruchet et Pierre Cabrion tous deux chanoínes de la cathédrale de Tours et licenciés en droit, qui, assistés du notaire jacques Tilliers, recueillirent les témoignages.
Le procès s'ouvrit le 15 juihet 1513, soit un an a rès l'ouverture du procès informatif de Cosenza. Cinquante-sept témoins furent entendus au cours de vingt et une sessions. Il fut clos le 7 décembre de la méme année.
19 juíllet 1513 = 4 dépositions,
20 juillet 1513 = 9 dépositions,
22 juillet 1513 = 4 dépositions,
23 juillet 1513 = 2 dépositions,
26 juillet 1513 = 2 dépositions,
27 juillet 1513 = 2 dépositions,
28 juillet 1513 = 4 dépositions,
29 juillet 1513 = 1 déposition,
4 aoút 1513 = 2 dépositions,
5 aoút 1513 = 3 dépositions,
8 aoút 1513 = 2 dépositíons,
13 aoút 1513 3 dépositions,
20 aoút 1513 = 2 dépositions,
21 aoút 1513 = 2 dépositions,
25 aoút 1513 =5 dépositions,
26 aoút 1513 = 3 dépositions,
27 aoút 1513 = 1 déposition,
28 aoút 1513 = 1 déposition,
31 aoút 1513 = 1 déposition,
2 septembre 1513 = 3 dépositions,
7 décembre 1513 = 1 déposition.
Les dépositions furent directernent rédigées en latin puís transmíses à l'évéque de Paris le 14 avril 1514, lequel les envoya à Rome.
C'est donc sur le témoignage des Calabrais et des Tourangeaux que se basera cette étude, mais ceux qui se présentèrent devant les enquéteurs, ne firent pas leur déposition sans étre d'une certaine fagon dirigés. En effet, afin que chaque texte suive une certaine logique, une liste de questione fut préparée et soumise à chacun des déposants. Pour ce qui est du procès de Cosenza, nous avons la chance de posséder encore cette liste, ce qui malheureusernent n'est pas le cas pour le procès de Tours. Cependant en étudiant de près les textes français, nous pouvons en retrouver facilement les grandes articulations, ce qui par la méme occasíon nous permet de savoir quels types de questione furent posées.
Il est, je crois, utile de reproduire dès à présent ces questionnaires afin de les avoir bien à l'esprit pour la suite de notre développement.
Questions posées lors du procès de Cosenza:
1) "Depuis quand, et aussi Ioin que remonte la mémoire de l'homme, peut-on dire que Paola ainsi que la Calabre sont chrétiennes et qu'efies vécurent dans la foi et la religion du Christ?"
2) "Où exactement dans la région de Paola, le père de frère François, Jacobo Martolilla qui fut un chrétien baptisé et qui toute sa vie durant vécut dans la pratique de la religion chrétienne, ce pourquoi il fut estimé, est-fl né?"
3) "De méme, où la mère de frère François, Donna Vienna, estelle née. Elle, qui toute sa vie durant fut aussi chrétienne et vécut dans la foi et la religion catholique, ce pourquoi elle fut estimée?"
4) Est-ce que le contrat de mariage entre le père de frère François, Jacobo, et la mère de frère François, Donna Víenna, était retenu comme légitime et selon les normes en usage dans la Sainte Eglise Romaine, et est-ce que pendant tout le temps où gs vécurent dans la paix et la quiétude de leur foyer, ils furent considérés comme des époux légitimes ?"
5) De méme, est-ce que François est né de ce mariage légitime? Et fut-il élevé par les parents susdits et considéré comme un fds légitime par les gens?"
6) De méme est-ce que ces derniers, le père Jacobo et la mère Vienna, furent de bons chrétiens après la naissance de leur ffis? Le firent-ils baptíser en lui donnant le prénom de François? Le firent-ils
confirmer? Et ce méme enfant fut-il considéré par les gens comme baptisé et confirmé?"7) "François pendant son enfance et son adolescence a-t-il vécu honnétement, a-t-il vécu en bon chrétien à Paola et construit de nombreux monastères?"
8) "Quelle était la teneur de sa vie dans les moindres détails?"
9) "Quand, où et comment a-t-il fait des miracles?"
10) "En quelle estime fut-9 tenu pendant sa vie, que ce soit en Calabre ou en France lorsqu'il s'y trouvait?".
Questionnaire tourangeaux
1) Quelles informations pouvez-vous donner sur la vie sainte de pénitente de François?
2) Quels miracles François a-t-il accompli,avant et après sa mort?
3) Quelles informations pouvez-vous donner sur la mort et la sé-
pulture de François?
Comme nous pouvons le constata, ces questionnaires se complètent l'un l'autre et couvrent toute la vie du Paolan, de sa naissance jusqu'à sa mort. Il y a les questione qui abordent le contexte dans lequel il est né, a grandi et vécu. Il y a celles qui traitent du passé religieux de la région, celles qui portent sur la réputation de la famille de François et sur sa jeunesse, et enfin celles qui visent à obtenir des informations sur son mode de vie, son action, ses miracles et sa réputation. Nous pouvons le remarquer, les deux "interrogatoires" exigeaient des précisions sur les miracles accomplis, condition capitale pour une é@,entuelle canonisation.
Enfin entre 1516 et 1518, un troisième procès informatif eut líeu. Il se déroula dans douze lieux différents de la Calabre et cent vingt et un témoignages furent à cette occasion recueillis. C'est le 7 juillet 1513 que Léon X béatífia François en publiant la bulle "Illius qui". Or il est intéressant de noter qu'à cette date la le procès de Cosenza n'était pas encore traduit, et ceux de Tours et de Calabre pas encore ouverts. Force est de constata qu'ils ne furent pas utilisés. Cet acte capital pour la canonisation de François ne découle donc pas des procès ouverts, et s'il autorisait les Mínimes à rendre public le culte du Paolan, A ne permettait pas en revanche d'inserire son nom dans le catalogue des saints.
Dans les années qui suivirent la béatification, la cause connut un ralentissement certain. Cependant les fidèles continuaient à se rendre sur le tombeau du "Bonhomme" et dans les différents lieux où il avait vécu. Les suppliques, demandant sa canonisation, continuaient également de parvenir à Rome. Ainsi la reine Claude, épouse de François ler et fille d'Anne de Bretagne, fidèle aux engagements de sa mère, écrivit-elle, elle aussi, une supplique qu'elle envoya au SaintSiège en 1516. En tout, les souverains français qui attribuaient la naissance de leur premier fils à l'intercession du Paolan adressèrent huit supphques au Saínt père. D'autres grands personnages ardents défenseurs eux aussi de la cause mériteraient également d'étre cités comme par exemple la duchesse de Nemours, Philíberte de Savoie ou bien l'évéque de Grenoble Laurent Allemand, dont le r,51e ne fut pas étranger à la réouverture de la cause. C'est en effet dans ce contexte que Léon X relan@a l'examen du cas de François en nommant en consistoire une commission de trois cardinaux dont les travaux commencèrent au mois de mars 1517. La traduction du procès de Cosenza étant achevée, le procès de Tours ouvert en Curie le 26 mars 1517, et le procès de Calabre terminé en novembre 1518, les témoignages purent étre examinés. Il y eut méme un quatrième procès en mai 1518 dit procès postérieur qui se déroula en deux séances au cours desquelles trois témoins supplémentaires furent entendus. C'est l'année suivante, le Ier mai 1519 que François fut canonisé.
Livre I
SAINT FRANÇOIS DE PAULE
CHAPITRE I
SAINT FRANÇOIS DE PAULE
ET LE CONTEXTE ITALO-CALABRAIS
La Calabre de saint François de Paule est au XVè siècle l'une des régions du royaume de Naples les plus marquées par le malheur et la souffrance. Elle vit des Moments dramatiques qui sont la conséquence d'une situation politique troublée, mais qui sont également dús à de mauvaises conditions économiques. Face à cette situation de crise, la religion catholique, elle méme en crise, est dans l'incapacíté d'apporter le moindre réconfort, et de donner espoir à un peuple tant eprouve.
Et'nstallatz'on des Anjous à Naples et leurs règnes
Lorsque François d'Alessio, le futur François de Paule voit le jour le 27 mars 1416, c'est la reine jeanne Il (1) qui dirige le royaume de Na les depuis deux ans, après avoir succédé à son frère le roi Ladislas mort en 1414. Elle appartenait à l'une des branches de la famille d'Anjou qui régnait sur le pays depuis 1266. Mais dáns quefies conditions cette dynastíe s'est-efle ímplantée dans le sud de l'Italie? En 1250, à la mort de l'empereur germanique Frédéric II de Hohenstaufen, la papauté traumatisée par sa longue lutte contre ce dernier et scs ancetres mit tout en oeuvre pour chasser cette famffle du sud de l'Italie. Rappelons en effet qu'en 1184 l'empercur Frédéric Ier avait organisé le mariage de son fils, Henri, avec l'héritière de Sicile, son but étant d'encerder les Etats du pape. De cette union était né un fils le futur Frédéríc Il qui après étre monté sur le tr6ne et avoir réuni sous son nom les possessions allemandes des Hohenstaufens et les terres de Sicfle, reprit en digne successeur de son grand-père le flambeau de la lutte contre la papauté, concrétisant ainsi le plan de Frédéric Ier. On comprend donc qu'en 1250, à la mort de Frédéric Il, Rome ait soutenu les prétentions du frère du roi de France Louis IX, Charles d'Anjou, contre le fils adultérin de l'empereur défunt, Manfred. C'est finalement Charles qui remporta la victoire après av'oir battu à Bénévent en 1266 Manfred qui fut tué sur le champ de bataille. La victoire que le prétendant français remporta ensuite sur Conradin, autre héritier potentiel, en 1268 à Tagliacozzo, laissait entrevoir une domination totale des frangaís sur le sud de l'Italie et la Sicile. Mais c'était sans compter sur le roi d'Aragon qui, marié à la file de Manfred, ne tarda pas à réclamer sa part d'héritage. C'est ainsi qu'en 1282, à la faveur d'une révolte contre Charles d'Anjou, connue sous le nom de Vépres siciliennes, il débarqua et s'imposa en Sicile.
Uile devint aínsi une possession espagnole. Elle resta entre les mains des Aragonais, alors que les Angevins gardèrent sous leur contróle le sud de l'Italie. C'est cette méme situati on géopolitique que l'on retrouvait en 1416, année qui vit nal^tre François d'Alessio. Ce nouvel équilibre ne dura pas longtemps, et très vite le royaume fut déchiré par de violentes guerres de successione. Les troubles commencérent en 1343, à la mort du roi Robert d'Anjou. Ce demier avait désigné pour lui succéder sa petite fille Jeanne Ière. Mais très vite son pouvoir fut contesté. Trois branches de cette famifle entrèrent en lutte et s'allièrent, au gré des circonstances politiques du temps, contre jeanne: les Anjou de Tarente, ceux de Hongrie, et les Durazzo. Le règne fut donc marqué par les luttes incessantes de ces différents partis. En janvier 1348, la reine dut méme abandonner son royaume pour se réfugier en Avignon, l'une de scs possessions qu'efle ne tarda pas à vendre en juin de la méme année à la papauté. Uexil ne dura cependant que quelques mois et en aoút 1348, elle fit une entrée triomphale à Naples. La lutte n'en n'était pas pour autant termínée, et c'est finalement Charles de Durazzo qui en 1381 s'empara du pouvoir en plein schisme de l'Eglise, après que le pape de Rome Urbain VI ait fait appel à lui pour conquérir le rayaume de jeanne, cette derníère soutenant le pape d'Avignon Clément VII. La reine fut emprisonnée et exécutée en 1382. Avec elle s'éteignait la lignée directe de Charles ler d'Anjou.
Une nouvelle branche de cette famílle, les Anjou Provence, ne tarda pas à entrer dans la lutte pour le pouvoir. Ces demiers étaient sur le plan juridique ceux à qui la succession revenait de droit. En effet, sentant son pouvoir contesté de toutes parts, jeanne avaít adopté en 1380 Louis d'Anjou frère du roi de France Charles VI, dans l'espoir que ce prince interviendrait en sa faveur à Naples. D'où le faít que par la suite on fit à plusieurs reprises appel à des princes français pour lutter contre le pouvoir en place, que ce soit celui des Durazzo ou celui des Aragonais. Pour l'heùre en 1381, c'était Charles de Durazzo qui s'imposait et avec lui revint un semblant d'équilibre. La mort prématurée du nouveau roi, en 13 86 (2), ouvrit une nouvelle période de troubles. Il laissait un fils, Ladislas, trop jeune pour exercer le pouvoir, et c'est donc à sa veuve que la régence fut confiée.
Dès 1390, la lutte reprit. Elle opposa cette fois Ladislas à Louis II d'Anjou, fils de Louis d'Anjou. Une fois de plus le royaume connut de violents affrontements dont Ladislas finit par sortir vaínqueur en 1410. Maís là encore le répit fut de courte durée, car le souverain mourut quatre ans plus tard, laissant le pouvoir à sa soeur qui prit le nom de Jeanne II (3). C'est sous son règne que naquit François d'Alessio. Très vite cette dernière dut affronta Louis III d'Anjou, fils de Louis 11, que le pape nouvellement élu, Martin V, soutenait contre elle dans le but de se líbérer de la tutelle que Ladislas avait imposée à Rome pendant le schisme. jeanne répandit à cela en désignant le roi d'Aragon Alphonse V comme son héritier. Deux ans plus tard, ayant changé d'avis, elle décida d'adopter Lauis III d'Anjou (4). Fait capital dans l'histoire du royaume, car cet acte contenait en lui le germe de la lutte acharnée que se menèrent les deux hérítiers présomptifs, à la mort de la reine en 1435. Le roi d'Aragon en sortit vainqueur en 1442 et la conséqdence dírecte fut le remplacement sur le tr,5ne de Naples, de la dynastie Angevíne par la dynastíe Aragonaise.
François d'Alessio vécut donc ses premières années dans un contexte politique plus que jamais incertaín, dans un climat de luttes, de violences, d affrontements, pendant une période charnière de l'histoire du royaume qui scella le destin de l'Italie du Sud pour près d'un siècle avec l'arrivée au pouvoir des Aragonais.
Les Aragonal's de Naples
Le premier représentant de cette dynastie à s'installer au Castel Nuovo de Naples, siège du gouvernement, fut le roi d'Aragon Alphonse V Il régna seize ans, de 1442 à 1458. Scize années pendant les.quelles il jeta les bascs d'une nouvelle monarchie, centralisatrice et autoritaire, et au cours desquelles les anciennes institutions angevines furent vidées de leur contenu. Ainsi au parlement, au lieu de trouver des représentants des trois ordres, on ne trouvait plus que des barons. Quant aux grands officiers de la couronne, ils n'avaient plus qu'un ròle décoratif, le roi ayant entre ses mains toutes les rénes du pouvoir. Cette reprise eri main se double d'une hispanisation du sud de l'Italie> ce qui n'alla pas sans provoquer quelques mouvements de révoltes. Cependant ce premier règne aragonais fut, malgré quelques heurts, marqué par un apaisement des tensions, car comme cela s'était déjà produit dans le passé avec Frédéric II de Hohenstaufen et Charles Ier d'Anjou, le royaume se trouvait à nouveau inclus dans un vaste ensemble de possessíons, permettant ainsi à Alphonse V de mobiliser hors d'Italie des moyens et des ressources bien supérieurs à ceux dont avaient pu disposer les derniers Angevins (5). UAragon était riche et puissant, et le nouveau roi put disposer de bases solides sur lesquelles s'appuyer pour affírmer son autorité dans ses nouvelles possessions. Ajouter à cela une habile politique de concessione à des barons inca ables de s'entendre entre eux pour élaborer une quelp
conque stratégie, et le tour était joué.
Eri 1458, c'est Ferrante (6) fds naturel d'Alphonse V qui monta sur le tróne de Naples, alors que jean (7), le frère du roi défunt requt les anciennes possessions espagnoles. Le royaumè se retrouvait une fois de plus seul face à lui-méme, et l'arrivée au pouvoir du nouveau monarque donna le signal de la révolte, car malgré la reconnaissance de ses droits par le Saint Síège, les barons ne tardèrent pas à contester sa légitimité et à soutenir contre lui un nouveau prince français, Jean d'Anjou. Uaffrontement commen@a dès 1459 lorsque ce dernier arriva dans l'embouchure du Volturne. Le royaume fut à nouveau déchiré, mais Ferrante s'imposa en 1464. Il reprit alors eri mains le royaume, menant un combat sans merci contre les barons, luttant contre leurs abus et réprimant très durement leurs soulèvements, n'hésitant pas au besoin à recourir à des ruses pour se débarrasser de ses adversaires. Sa méthode favorite, violente mais radicale, attirer son ennemi dans san cháteau sous prétexte de réconciliation, lui rendre les honneurs, puis s'eri emparer et l'éliminer (8). C'est ce qua fit une prémière fois en 1464 avec le condottiere Jacobo Piccinino qui s'était joint à la révolte des barons en 1459, et qu'il répéta une seconde fois eri 1486 toujours avec des barons qui, fidèles à leur esprit de rébellion, avaient à nou@,eau contesté l'autorité royale. Soít A éliminait de fa@on definitive scs adversaires eri les faisant exécuter, soit il les jetait en prison. Il est d'ailleurs fait allusion dans les témoignages du procès de canonisation de François de Paule aux nombreux prisonniers de Ferrante. De ce point de vue le míracle que saint Fran@ols aurait accompli en ressuscitant des poissons reliés entre eux par un fil est très révélateur (9). Le fil symbolisant les cháines des prisonniers du roi, et les poissons les prisonniers eux-mémes. Les mots qu on lui prete en cette occasion ne font que confirmer cela. Le quatorzième témoin du procès, maltre Petrus Genvise rapporte qu'en les voyant relíés par la gueule, il se serait exclamér, "Regardez comme on a emprisonné ces malheureux" (10). On ne peut étre plus esplicite.
Ferrante participa également aux grandes entreprises de son temps, comme la lutte contre les Turcs. En effet, en 1480, ces derniers s'emparerent d'Otrante. C'est le dernier grand événement que connut l'Italie du Sud avant le départ de FranQois pour la France en 1483. Huit témoins du procès de Cosenza s'y réfèrent. Le Saint auraít méme prédit d'après Franciscus de Florio (11), la prise de la cité. Les témoignages du procès qui font allusion à cet événement traduisent bien le choc, le drame que fut pour les contemporains l'arrivée des Turcs dans la pénínsule. Nicolas de Castello (12), autre témoin dont nous pouvons également citer la déposition, fit référence par exemple aux prisonniers qu'ús firent dans cette cité de l'Adríatique. Un autre(13) rapporta la bénédiction par François des troupes du comte d'Arena qui partaient combattre les Infidèles. Nous pouvons donc le constater, la prise d'Otrante résonna comme un coup de semonce dans l'Italie déchirée du XVè siècle. Coup de semance assez fort pour unir les princes italiens, et faire taire leurs querefies face à leur ennemi commun. Le danger était d'autant plus grand que l'on redoutait que la place ne devien@e la téte de pont d'une invasion turque en Italie. La réaction ne se fit donc pas attendre et en 1481, le pape Sixte IV constitua une ligue qui regroupait les différents Etats de la péninsule, l'empereur, le roi de Hongrie et Louis XI pour faire face à l'envahisseur. La chance fut du cóté des Catholiques car la méme année disparaissait Mahomet II. La lutte pour le pouvoir qui s'ensuivit alors entre les fils de ce dernier fut un facteur favorable à l'entreprise du duc de Calabre, fils de Ferrante, qui en septembre 1481 reprit Otrante (14).
De mauvaises conditions économiques
Le royaume de Naples et donc la Calabre furent très durement touchés par ces luttes, ces déchirures, ces affrontements, ces guerres incessantes qui plongèrent le pays dans de graves crises. Crises qui au-delà de la tragédie politique étaient également d'ordre économique, la misère découlant en droite lígne de la guerre. Pour preuve la díminution spectaculaire de la population du royaume qui passa de í 3.400.000 habitants sous le règne de Robert d'Anjou au milieu du XIVÈ siècle, à 1.700.000 sous Alphonse V d'Aragon au milieu du Xvè siècle (15). Il faut cependant souligner que la guerre n'est pas seule responsable de cet effondrement démographique. Il faut y ajouter les catastrophes naturelles comme les tremblements de terre nombreux dans ces régions (16), et surtout les épidémies comme la peste noire qui n'épargna pas le sud de l'Italie, ou encore la malaria ou la lèpre. D'ailleurs au sujet de cette dernière maladíe, les témoignages du procès informatif de Cosenza nous donnent de très intéressantes indications. Ori y trouve mentionnés des cas de lepre qui sembleraient relever d'une contamination extérieure comme pour ce gentilhomme de Cosenza nommé Lipareto (17), ou locale comme pour le jeune jorano (18).
Comme nous pouvons nous en douter, tout ceci était Ioin d'étre favorable à l'économie du pays. Economie dont les bases ehes-mémes étaient très faibles, les terres étant eri effet mal cultivées sauf peutétre en Campanie, région très ferúle. Il y avait donc une mauvaise mise en valeur, ce à quoi il faut ajouter une nette prédaminance de l'élevage qui constituait un obstacle supplémentaire à la production agricole (19).
Un peuple sans espoírs
Après cette analyse de la situation politique et économique du royaume, on peut sans peine mesurer les angoisses terribles que devaient ressentir les populations de ces régions. Devant tant de catastrophes les Calabrais avaient fini par se laisser gagner par une passivité qui leur ótait le peu de force et de courage qui leur restaient. Et comme si cela ne suffisait pas ils devaient en plus supporter une fiscalité de plus eri plus lourde.
Uarrivée au pouvoir de la dynastie aragonaise avait eu entre autres conséquences un alourdissement des imp,5ts. Sous le règne de Robert d'Anjou, règne considéré par la population du XVè siècle comme un véritable áge d'or, le système d'imposition était le suivant. On trouvait un impót direct, la "Collecte", dont l'a'ssiette était calculée chaque année et qui servait pour les dépenses courantes, et les "dons" des sujets qui étaient en fait de véritables contributions forcées utilisées pour financer les dépenses extraordinaires (20). Voilà donc en résumé quels étaient les principaux impóts prélevés par la monarchie angevine, ce à quoi il f@llait ajouter bien súr les taxes prélevées à l'échelon local par les seigneurs. Sous la monarchie aragonaise on assista à un alourdissement de ces prélèvements. On trouvait toujours des impóts ordinaires mais ceux qui au départ étaient extraordinaires, avaient fini par devenir eux aussi ordínaires. On les prélevait pour financer de grands événements comme le mariage des filles du roi par exemple (2 1), mais surtout pour payer les guerres qui coutaient très cher. Et s'il est bien connu que l'argent en est le nerf, le financement restait à trouver. La solution, l'ímpót! La lourdeur des prélèvements réduisait les paysans et de fa@on plus générale l'ensemble de la population à une misère qui devenait chronique. François lui-méme s'éleva contre le poids fiscal. Ainsi de passage à la cour de Naples, en 1483, il refusa des pièces d'or que lui offrait Ferrante pour construire un couvent en ville, et fit iaiflir du sang de l'une d' elle, disant au souverain "Voilà le sang de tes suiets que tu opprimes (22)!". Véridíque ou non, cet épisode symbolise bien cette voix que le Paolan faisait entendre contre les abus du roi, mais aussi contre les exactions des 'uissants.
p
La situation religieuse de la Calabre
Face à tant de misères, face à tant d'épreuves, qui pouvait réconforter et redonner espoir à ce peuple? Certainement pas l'Eghse qui sortait elle aussi d'une grave críse. L:élection de Martín V en 1417 avait mis fin à une longue et dramatique période de schisme ouverte à la mort du pape Grégoire XI en 1378 et qui avait vu l'affrontement de deux clans, l'un soutenant le pape de Rome, l'autre celui d'Avignon, chacun réfutant la légitimité de l'autre. Suite au concile de Píse en 1409, on en avait méme vu un troisième se former pour soutenir un autre prétendant au tróne de saint Pierre, désigné lors de ce meme concile. La crise avait -finalement trouvé son dénouement en 1414 avec l'abdicatian du pape de Rome Grégoire XII, la déposition des papes d'Avignon et de Pise, Benolt XIII et Jean XXIII, et enfin par l'élection de Martin V.
Les consciences des fidèles furent profondément troublées par cet affrontement, et fi ne fait aucun doute que ce schisme fut en grande partíe responsable de l'affaiblissement du sentiment religieux des hommes du XVè siècle, au méme titre que le faste et la richesse étalés par la religion. Lors d'un séjour à Rome, François s'en étaít offusqué et avait apostrophé un cardinal lui reprochant le luxe de son équipage (23). UEglise n'était pas en mesure de réconforter les Calabrais, pas plus que ne l'étaient les ordres monastíques anciens encore présents dans la région, au XVè siècle. Qu'il s'agisse des Basiliens, ou des Cisterciens, tous étaient en plein déclin et incapables de répondre aux attentes et aux angoisses du peuple. Quant aux nombreux ermites qui déjà au Xlè siècle peuplaient les collines et les foréts qui leurs offraient des refuges Ioin de toute forme de vie en société, du fait méme de leur mode de vie retiré et solitaire, fis vivaient coupés de la population. Seuls les Franciscains se maintenaient. Leur ordre était de Ioin le plus dynamique (24) et certainement le moins discrédité. C'est dans ce contexte bien particulier qu'émergea la figure de saint François de Paule, car proche des pauvres gens, fi eri comprenait là détresse, les angoisses, les attentes, les besoins, et c'est son message empreint des valeurs évangéliques comme l'amour, l'humilité, ou la charité, qui redonna espoir aux Calabrais dont il se fit le défenseur.
CHAPITRE
IISAINT FRANÇOIS EN CALABRE
Les parente et lesl'eunes années de François
Les rares informations que nous possédons sur les parents et les jeunes années de François d'Alessio, sont contenues dans un texte écrit eri 1502 par un auteur dont le désir était de rester anonyme, mais dont les biographes du Saint pensent avoir percé le mystère. Ce serait en effet le père Laurent Clavence, contemporain et disciple de François qui aurait rédigé la biographie du Paolan áge à l'époque de quatre-vingt-six ans. Biographie se rapprochant plutót d'une "vie de saint", et qui s'inscrit dans la plus pure tradition bagiographique. Autres sources, les témoignages recueillis eri Calabre du mois de juillet 1512 au mols de janvíer 1513, en vue de la béatification puis de la canonisation de François. En effet sur les dix questione posées aux témoins, six concernaient les parents et les jeunes annés(25) du futur saint, et peuvent corroborar à l'occasion les informations apportées par "l'Anonyme". Informations qui lorsqu'elles sont données par un texte hagiographique, et c'est ici le cas, peuvent laisser l'historien perplexe tant il est difficile de faire la part du vrai et du faux de ces écrits.
"La vertu des moeurs et la vertu des signes". Cette expression d'Innocent III rapportée par André Vauchez résume à elle seule la position et la politique de l'Eglíse en ce qui concerne le déroulement des enquétes informatives à partir du milieu du XIIIÈ siècle. Les ínformations recucillies sur les miracles ne suffisaient plus d'où l'ajout de questione se rapportant à la généalogie et à la vie du candidat aux autels. Le but était de mettre en évidence ses vertus et pour y parvenir on n'hésitait pas à lui appliquer des schémas hagiographiques qui ne correspondaient pas toujours avec la réalité, et qui curent pour conséquence "d'uniformiser" la vie des futurs saints. Monsieur Vauchez en a donné une description détaiflée qu'il est utile de rapporter icí sous forme de résumé, afin de pouvoir ensuite établir une comparaison avec les informations sur la vie de François données par les deux sources citées précédemment.
Les parents étaient toujours décrits comme étant de bons catho liques et on insistait beaucoup sur la légitimité de leur mariage. La mère jouait un róle important alors que le père fut pendant tout le XIIlè siècle présenté comme un obstacle à la "sainte" vocation de son enfant, comme ce fut le cas pour François d'Assise par exemple. Cependant au XIVÈ siècle on peut noter une évolution très sensible puisque cette présentation négative du père eut tendance à disparáitre.
Le candidat aux autels était souvent rattaché à une famille aisée, et si ce n'était pas le cas, un prodige accompagnait généralement sa naissance. On peut citer à titre d'exemple le cas de Nicolas de Tolentino dont les parents trop ágés pour avoir des enfants se rendirent, sulte a un songe qu'ils avaient fait, à San Nicola de Bari afin de donner le jour à un enfant. Leur voeu fut exaucé et c'est en signe de reconnaissance au saint dont ils avaient demandé l'intercession qu'ils prénommèrent leur fils Nicolas.
Enfin en insistant sur les années de jeunesse, on cherchait à démontrer que très tót le futur saint s'était comporté comme un adulte. Cette époque de la vie fut particulièrement mise en valeur à partir du XIVÈ siècle et présentée comme le moment de l'apprentissage culturel et de la formation chrétienne du candidat aux autels.
Comparons maintenant cette description "ídéale" à la vie de François. Au cours du procès informatif, trois questione se rapportant directement à ses parents, concernant leur lieu de naissance et la légitimité de leur mariage furent posées aux témoins. Mais parmi ces derniers, bien peu furent ceux qui donnèrent une réponse. En effet sur cent deux personnes interrogées, sculs deux nobles, deux religieux, un familier du baron de Belmonte, un copiste et deux paysans, soit un total de huit personnes (26) furent en mesure d'apporta des éléments, et encore certains d'entre eux ne firent que souligner la bonne réputation des parents de François. Ce sont les deux paysans et les deux religieux qui apportèrent le plus d'informations. Gráce à eux nous savons que le père du Paolan, Jacobo Martolilla, était originaire de Paola alors que Vienna, sa mère, venait de Fuscaldo, pet'it village cótier, à environ sept kilomètres au nord de Paola. Ce n'est que plus tard que cette dernière vint dans la cité où naquit son fils, certainement à l'occasion de son mariage avec Jacobo. Mariage que tous les témoins dísent étre conforme aux règles de l'Eglise. En outre, tous soulignèrent que les époux étaient baptisés, vivaient en bons chrétiens, et jouissalent d'une bonne réputation.
Jacobo et Vienna restèrent de nombreuses années sans avoir d'enfant. Ils désespéraient méme d'en avoir jusqu'à ce qu'ils adressent leur Noeu à saint François d'Assise. Voeu qui fut exaudé pulsque Víenna donna le jour à un petit gargon. Mais cet enfant tant attendu avait un oeil malade et en désespoir de cause, la mère pria une nouvelle foís le saint d'Assise en promettant qu'en cas de guérison, son fils iraìt passer un an dans un couvent Franciscain et prendrait, s'il en sentait la @,ocation, l'habit de cet ordre. Une fois de plus ses prières furent entendues et c'est en signe de reconnaissance au grand Saint de l'Ombrie que l'enfant re@ut le prénom de François. Parmí les témoins qui nous apportent le plus d'informations, le sixième de la liste, Joannes Antonachius semble étre l'un de ceux qui ont le mieux connu le Paolan. En effet, non seulement il répondit aux questione cinq, six et sept, confirmant aux enquéteurs que François était considéré comme fils légitime et qu'il avait N,écu sa jeunesse en bon chrétien, mais en plus il témoigna de certaíns épisodes précis de son enfance. Nous savons ainsí, qu'ágé de treize ans, il fut conduit, suite au voeu de sa mère, dans un convent Franciscain à San Marco Argentano (27), où il resta un an, et qu'il fit un pèlerínage à Assise avec ses parents, au cours duquel toute la famille fít une halte à Rome. C'est à ce moment là que l'Anonyme situe l'épisode du cardinal. Choqué par le luxe de l'équipage de ce dernier, François lui en aurait fait le reproche, soulignant que "les apótres de Jésus Christ" ne se déplagaient pas entourés d'une telle pompe. Ce à quoi le prince aurait répondu de ne pas se scandaliser car par les temps qui couraient, s'il en était autrement, la considératíon que le peuple avait pour l'Eglise s'en trouverait diminuée.
Nous pouvons donc le constata, le schéma hagiographique décrit par André Vauchez est également valable paur saint François de Paule. Ses parents étaient unis par un mariage légitime, ils étaient bons chrétiens, et ce n'est qu'après s'étre recommand' es aux prières et à l'intercession d'un saint qu'ils donnèrent naissance à un fils après une longue période de stérilité. Le róle joué par le père est inexistant alors que celuí de la mère est mis en valeur. Cette dernière est en effet présentée comme ayant favorisé la vocation de son fils puísqu'elle fit voeu de le placer dans un couvent Franciscain. Enfín l'un des témoins rapporta que le Paolan fít un pèlerinage à Assise. Pèlerínage qui, en fait, marquaít le passage de l'adolescence à la vie adulte. C'est donc avec une grande prudence qu'il faut aborder les informations données sur les parents et la jeunesse de François tant le prisme de l'hagiagraphie nous les restitue déformées.
On ne peut cependant s'empécher de remarquer la présence très forte de saint François d'Assise. Présence qui accompagna toute l'enfance et l'adolescence du Paolan. Il ne fait aucun doute que le fondateur des Franciscains devait faire l'objet d'une vénération particulière chez les parents du jeune Frangoís, puisque c'est vers lui que ces derniers se tournèrent pour exprimer leurs voeux. Une tese dévotion n'a d'ailleurs rien d'étonnant lorsqu'on la replace dans le contexte relígieux de la Calabre que nous avons analysé précédemment. Les Franciscains étaient certaínement l'ordre le plus proche des fidèles, et surtout le moins discrédité aux yeux de ces derniers.
L'expérience érémitique de François
C'est au retour de son pèlerinage à Assise que François qui n'avait pas encore quinze ans, décida de quitter ses parents pour vivre une expérience érémitique. Il se retira dans un premier temps dans une cabane se trouvant sur des terres appartenant à sa famille, puis jugeant l'endroit certainement trop fréquenté, le quitta pour une grotte minuscule encore plus isolée(28).
Ce choix de mener une vie solitaire n'était pas en lui mémé une nouveauté(29) dans la région, et en se retirant au désert, François exprimait lui aussi le voeu de mener une vie faite de renoncement et de solitude. Action qui dès l'origine s'enracina dans une spiritualità et un mode de vie auquel il resta fidèle jusqu'à sa mort. Cependant cette période érémitique fut de courte durée, car très vite d'autres personnes se joignirent à lui, faisant ainsi glisser peu à peu son expérience vers le cénobitisme. Malgré tout François ne désirait pas vraiment renoncer à la solitude, il n'y renon@a d'ailleurs janiais complètement. Pour preuve le fait que sa cellule se trouvait toujours à l'écart des bátiments conventuels lorsqu'il fut question de construetion de couvents (3 0) et ses fréquentes retraites dans les bois de Plessis-lezTours. Cependant, il accepta la présence de ceux qui désiraient le suivre, se retrouvant à dix-neuf ans à la téte d'une petite congrégation. Combien de membres comprenait-elle? Il est difficile de le savoir avec précision. La tradition affirme qu'ils étaient douze (3 1), cbiffre hautement symbolique, mais que rien ne nous permet de vérifier. En revanche, nous savons qu'íl fít construire une petite cellule pour chacun de scs disciples(32), jetant aínsi les bases du futur couvent de Paola qui fut la toute première de ses fondations.
En 1450, Jacobo, son père, rejoignít à la mort de son épouse (33), le petít groupe qui s'était constitué autour de son fils, et qui annon@ait le futur ordre des Minimes. Deux ans plus tard en 1452, François obtint de l'archevéque de Cosenza, monseigneur Pirro Caracciolo l'autorisation de construire une petite église à laquelle on ajouta par la suite un clóltre. Elle fut dédiée à saint François d'Assise(34), d'où le fait que dans les premíers temps, la communauté fut dite des "ermites de saint François d'Assíse" sans que l'on puisse pour autant considérer le Paolan comme un réformateur Franciscain.
La spiritualité et le mode de vie de François
C'est la spiritualité et le mode de vie de François qui attirèrent les premiers disciples. Cette spiritualité de laquelle découlait le mode de vie résultait de la rencontre de différentes influences très intéressantes à étudier car elles marquèrent toute la vie et toute l'action du Paolan. Nous pouvons pour simplifier en distinguer trois principales: la tradition érémitique de la Calabre, l'influence Franciscaine, et enfin l'influence paternelle.
L'érémitisme est l'une des composantes de base de cette spiritualité. Ce n'est certes pas la plus originale, mais c'est sans doute l'une des plus importantes car elle marqua profondément François dont l'expérience se rapprochait par bien des aspects des antiques pères du désert. Mode de vie que bon nombre d'ascètes calabrais du XVè siècle avaient fait leur. De ce cóté-là, il rentrait donc dans le cadre d'une traditíon qui comme nous l'avons vu était bien vivante dans sa région et à son époque
Autre grande influence, celle des Franciscains. Nous l'avons déjà soulignée, François et ses parents étaient très liés à saint François d'Assise et l'ordre fondé par ce dernier. Ce qu'il avait de commun avec eux, car bíen des points rapprochaient sa spiritualità de la leur,
'était bien súr cet amour de Dicu, mais aussi cet esprit de pauvreté que ne manquèrent pas de rapporta les témoins du procès informatif de Cosenza lorsqu'ils décrivirent la simplícité et la pauvreté de son vétement (35). Autre trait commun, le désir d'humilité. François voulait étre le plus humble parmi les humbles. C'est par humilité qu 'il refusa le sacerdoce que le pape Sixte IV voulut lui concéder lors de son passage à Rome eri 1483. Il ne voulait étre qu'un simple frère, ce qui ne l'empéchait pas bien star d'avoir un très grand respect pour les prétres. C'est par humilíté également qu'il participa à la construction de scs couvents, comme un simple ouvrier.
Toutefois un trait l'éloignait des Franciscains, son esprit de pénitence que certains jugèrent méme trop excessif comme l'envoyé du pape Paul II, Baldassare de Gutrossis (36), qui en 1467 rendit visite au Paolan. Mais cet esprit de pénitence quel était-il exactement? Il y avait un cóté traditionnel qui se rapprochait de l'érémitisme et qui fut rapporté par les témoins. Ainsi nous savons qu'en toutes circonstances, été comme hiver, François marchait pieds nus, y compris lorsqu'il s'agissait de traversa les ronces. Les témoins nous apprennent également qu'il dormait à méme le sol ou sur des sarments. Voilà quelques exemples du cóté "classique" de son esprít pénitentiel. Mais il y a aussi un aspect beaucoup plus original qui nous permet d'aborder la troisième grande influence qui se retrouve dans cette spiritualité, celle du père (37) de François. Eri effet suivant l'exemple paternel, le Paolan prit la décision d'étendre à l'année entière, la période du caréme Pascal' qui habituellement est de quarante jours. C'est là que résidait l'originalité, car il menait de ce fait une vie de caréme perpétuel, dite aussi quadragésimale. Cette vie eri quoi consistait-elle exactement? Il s'agissait eri fait pour François et ceux qui le suivaient de s'abstenir de viandes, d'oeufs et d'aliments lactés, bref de tout ce qui venaít du règne animal (3 8). joannes Antonachius (3 9) qui décidément nous donne une foule de renseignements, nous le confirme puisqu'il rapporta au procès que le Paolan demandait aux frères de suivre le régime que nous venons de décrire. Il raconte aussí qu'on ne le voyait presque jamaismanger si ce n'est à l'occasion de quelques fétes 90). Information interessante car elle confirme qu'il observait de longues périodes de jeúne dont les témoins de Tours se firent également l'écho (4 1).
.- La spiritualità du Paolan résulte donc de la rencontre de ces différentes influences. Il souhaitait vivre dans la solitude, la pénítence et l'humúité, car c'est dans l'isolement et la mortification qu'il se sentait le plus proche de Dieu. Certains de ceux qui déposèrent ont meme affirmé qu'fl pouvait passer plusieurs jours seul et eri prière.
Mais la pureté de son sentiment religieux et sa spiritualité ne passèrent pas inaper@ues dans la Calabre du XVè siècle, et surtout ne laíssèrent pas indifférent un peuple meurtri en quéte d'espoirs et d'idéaux. C'est donc spontanément que certains voulurent se joindre à son expérience, le for@ant en quelque sorte à sortir de son isolement. Cette ouverture de Francois sur son siècle et le monde qui l'entourait eut pour conséquence de rendre encore plus originale sa spiritualité en créant une sorte d'équilibre entre, d'une part, des moments d'isolement et une pénitence gráce auxquels il se sentait plus proche de Dieu, et d'autre part, un esprit de pauvreté, d'humilité, et de détachement vís-à-vís des biens matériels, qui le rapprochait de ses compatriotes. François apparáit donc comme un pont jeté entre Dieu et ce peuple, qui, c'est le cas de dire, "ne savait plus à quel saint se vouer", tant la société dans laqueße il vivait était decadente
La réputation et les rencontres de François
La réputation de FranQois allait grandissante, et avec elle les visiteurs étaient toujours plus nombreux. Les témoignages du procès informatif sont à ce sujet révélateurs. Un peu plus d'un tiers des témoins rapportèrent que la réputation et les míracles du Paolan attiraient un nombre important de personnes. C'est que le peuple Calabraís reconnaissait en cet homme, son plus ardent défenscur.
François n'hésitait pas en effet à dénoncer les abus et les malversations des puissants. Il n'hésitait pas non plus à remettre aussi les plus humbles dans le droit chemin. A plusieurs reprises des témoins relatèrent que lorsqu'on lui offrait un cadeau comme des fruits par exemple, A voulait toujours en connaitre la provenance afin de ne pas accepter quelque chose qui aurait été dérobé à autrui. Il aurait ainsi refusé un paníer de figues que lui offrait un homme venu d'un petit village du nom de Mangone (42), car ce dernier les avait prises à son voisin. Episode rapporté par le vingt-sixième témoin du procès, François de Rogato, qui ajoute que le Paolan l'aurait en plus exhorté à ne plus commettre un tel acte. Au-delà du soutien moral que François cherchait à apporter aux Calabrais, il préchait aussi l'honnéteté. Il voulait leur réapprendre le sens méme de ce mot. Les témoins eux-mémes ne s'y sont pas trompés et nombreux furent ceux qui soulignèrent qu'il donnait le bon exemple (43). Il exprimait aussi la nécessité d'une justice équitable. A ce sujet, il n'hésitait pas à élever la voix contre le roi Ferrante lui-méme, dénon@ant sa fagon de gouverner. Ce comportement donna d'ailleurs naissance à une tradition établissant une comparaison entre l'attitude du Paolan à l'égard du roi de Naples, et celle de saint jean-Baptiste envers Hérode. Il dénon@ait les emprisonnements arbitraires, l'injustice des impóts allant meme jusqu'à encourager la population à ne pas payer les taxes. Irrité et désireux de le faire taire, Ferrante mena@a de fermer ses couvents et envoya méme des soldats pour l'arréter. Mission qui ne fut pas accomplie car d'après l'Anonyme, François se serait rendu invisible aux yeux de ces derniers. Leur chef constatant le prodíge se serait repenti et aurait décidé de ne pas exécuter les ordres royaux. Peut-étre avait-fl tout símplement peur de provoquer une véritable émeute en procédant à l'arrestation de celui que tous considéraient déjà comme saint. Véridique ou non l'épisode traduit bien en tout cas l'extraordinaire popularité dont jouissait le Paolan chez les Calabrais.
Les visiteurs nous l'avons dit étaient toujours plus nombreux et parmi eux on ne trouvait pas que des gens du peuple. En effet des membres de la noblesse venaient égalernent le voir (44). Es étaient certes Ioin de représenter la majorité des visiteurs, mais certains portaient des noms prestigieux comme le baron de Belmonte par exemple. On trouvaít aussi des religieux comme le "vénérable" Petrus Polita. Certains d'entre eux participèrent méme à la construction des couvents que François édifiait @a et là. C'est que ceux qui voulaient le suivre étaient aussi de plus en plus nombreux et pour les loger fi fut nécessaire de donstruire d'autres couvents (45) à Paterno Calabro, Spezzano, Corigliano Calabro, Crotone et Milazzo entre 1435 et 1464.
La rencontre avec Baldassare de Gutrossis
Le mouvement qui s'était donc spontanément créé autour de François se développait de plus en plus, à tel point que le pape luiméme s'y interessa. En effet les échos sur la sainteté et l'austérité du Paolan étaient de plus en plus nombreux à parvenir jusqu'à Rome. Ils trouvèrent une oreille attentive en la personne de Paul Il élu en 1464 et qui, dès le début de son pontificata avait dú faire face à un mouvement hétérodoxe, les Fraticelli, (46), dont les membres prétendaíent eux aussi mener une vie faite d'austérité. Rome eut peur que François soit également à l'origine d'un mouvement de ce genre, et le pape envoya un homme de confiance, monseigneur Baldassare de Gutrossis, originaire de Spigno (47), pour voir ce qu'il en était exactement.
Le cinquante-septième témoin du procès informatif de Cosenza, le "vénérable" Carolus de Pirro relata dans sa déposition l'arrivée de l'envoyé du pape chez l'archevéque de Cosenza monscigneur Pirro Caracciolo, puis son entrevue avec François. Dans un premier temps, Baldassare se rendit donc chez l'archevéque qui résidait à San Lucido afin de savoir si les bruits qui couraient à Rome au sujet du Paolan étaient justifiés ou non. Caracciolo jugea qu'il valait mieux conduire l'envoyé pontifical auprès de François lui-méme qui se trouvait alors à Paola. Cette missioni il la confia au chanoine cossentin Carolus de Pirro, qui justement se trouve étre notre cinquante-septième témoin. Nous pouvons affirmer sans crainte de nous tromper que dès le début de l'entrevue les inquiétudes de Baldassare furent apaisées. En effet le Paolan refusa que ce dernier lui baise la main, protestant que ce serait plutót à lui de le faire étant donné que Baldassare était prétre et lui non. Le témoin rapporte aussi que François aurait dev'mé que ce dernier avait été ordonné depuis trente ans ce qui laíssa l'envoyé de Paul II "très admiratif". On peut imaginer sans pcine le soulagement que ce membre de la Curie romaine a dú ressentir à ce moment-là car en peu de mots le Paolan lui avait fait comprendre que lui simple frère, se soumettait entièrement à son Eglise. Très vite le problème qui inquiétait le plus le Saint Siège, à savoir l'austérité de la vie que Frangoís et ses disciples menaient et qui était jugée comme trop excessi@,e, fut abordé. En guise de réponse, le Paolan aurait pris entre ses mains des charbons ardents, voulant ainsi démontrer que s'il étaít capable de faire cela, ceux qui le suívaient, tout comme lui-méme, pouvaient mener la vie la plus austère qui soit.
François était per@u comme un ermite, or si ce mode de vie déclenchait l'enthousiasme des fidèles, l'Eglise, elle, était beaucoup plus méfiante comme l'a souligné André Vauchez. La visite de Baldassare de Gutrossis en est la preuve. Plusicurs hypothèses peuvent étre avancées pour expliquer une telle attitude. La peur que ce renoncement ne pro@,oque des déséquilibres, l'inquiétude que cette austérité trop eccessive ne débouche sur des problèmes d'hétérodoxie, l'assimilation trop rapide de la mobilité de l'ermite au vagabondagli (véritable fléau social), ou bien encore l'inquiétude des théologiens au sujet de l'inculture des ermites. Cette enquéte dont fut chargé Baldassare s'inscrit donc dans un contexte de méfiance à l'égard des ermites, propre à la hiérarchie ecclésiastique et à l'époque. Cependant efle eut le méríte de rassurer Rome et fut à l'origine de la décision prise en 1470 par Baldassare de Gutrossis de quitter ses fonctions de la Curie pour se joindre aux disciples de Francois sous le nom de Baldassare de Spigno.
Premier bilan de l'action relikietise de François, avant qu'il ne quitte la Calabre pour la Touraine.
Uaction religieuse de François pendant les treize dernières années qu'il passa en Calabre fut très intense, partículièrement en ce qui concerne la reconnaissance et le développement de sa congrégation. Uarrivée de Baldassare parmi ceux qui le suivaient fut un événement capital car ce dernier mit au service du petit groupe les nombreuses relations qu'il avait à Rome(48).
Eri 1471, le Paolan adressa à monseigneur Caracciolo une supplique afin d'obtenír une première reconnaíssance. Ce dernier accepta sa demande et promulga le 30 novembre 1471 une "constitution" connue sous le nom de "Decet nos ex officio". Par ce texte A donnait une existence juridique à la congrégation lui permettant ainsi d'acquérir et de posséder des terrains et des lieux de culte. Point non négligeable car l'église primitive construite eri 1452 était devenue tro p petíte pour accueillir les fidèles. La "Decet nos" déclarait également
le groupe hors de la juridiction des archevéques de Cosenza, le mettant directement sous celle du Saint-Siège. Enfin François fut nommé supérieur à vie. Quelques mois plus tard, au début de l'année 1472, Baldassare se rendit à Rome, où se trouvait déjà monseigneur Caracciolo afin d'obtenir du pape nouvellement élu, Sixte IV, la ratification du texte. Avant de se prononcer, celui-ci demanda une nouvelle enquéte qui fut cbnfiée à Goffredo de Castro, évéque de San Marco. Une fois de plus les conclusione furent favorables, et le 17 mai 1474 le souverain pontife donna son approbation eri promulgant la bulle "Sedes Apostolica", accordant à la congrégation les privúèges dont jouissaient les ermites de Pierre Gambacorta de Pise (49). Désormais l'action de François s'inscrivait dans le cadre juridique et institutionnel de l'Eglise (50).
C'est entre 1474 et 1483, année du départ du Paolan pour la France que les biographes du Saint situent la rédaction de la règle primitive. Que pouvons-nous en dire? Peu de choses si ce n'est qu'elle avait une forte empreinte érémitique et qu'elle ne fut pas approuvée par Rome. Eri effet, nous ne possédons aucun texte s'y rapportant. Les seules informations que nous ayons sur elle, nous les trouvons dans les règles postérieures. Et encore les indications que nous arrívons à isoler ne lui appartiennent peut-étre pas car il n'est dit nulle part qu'íl s'agit d'emprunts qui lui furent faits. Ori en est donc réduit aux hypothèses. Cependant, il n'est pas interdit de croire que les nombreux passages concernant le style de vie des ermites, que nous trouvons dans la première règle connue, qui fut approuvée en 1493 par le pape Alexandre VI, sont des vestiges de cette règle primitive. De méme, il n'est pas interdit de penser que le Paolan ait pu y intégrer des éléments de la spiritualità Franciscaine qui, comme nous l'avons déjà soulígné, influenza profondément la sienne. Le problème est que nous ne possédons aucune preuve pour confirmer de telles hypothèses.
Avant le départ de François pour la France, on comptait neuf couvents en Italie du Sud. Cependant, tous n'avaient pas la méme importance. De méme que tous ne furent pas fondés par le futur Saint en personne. Les quatre plus importante correspondaient aux quatre premiers construits, ceux de Paola, de Paterno Calabro, de Spezzano et de Corigliano Calabro. Les trois premiers se trouvent dans le diocèse de Cosenza, et le quatrième dans celui de Rossano. François participa lui-méme à leur édification, et ils servirent de cadre à la plupart des miracles accomplis par ce demier en Calabre. Ce qui d'aiheurs n'est pas surprenant car c'est dans ces lieux qu'fl passa le plus clair de son temps jusqu'à son départ pour la Touraine. C'est également dans leur proximité que se tinrent les autres séances du procès informatif au cours desquelles furent enregistrées les dépositions des cent deux témoins. Cinq autres couvents furent encore fondés avant son départ (5 1), dont un en Calabre (52) et un en Sicde(53). La fondation du couvent de Crotone est interessante à rapporter car on trouve à l'origine l'iniziative du sénat municipal de la cité (54) qui invita François afin que ce dernier y installe une communauté de ses frères. Le Paolan n'ayant pu s'y rendre personnellement, y envoya en 1460 le père Paul de Paterno.
Cette iniziative traduit bien la réputation et la popularité de François qui à cette époque étaient immenses. Nous l'avons déjà souligné, ceux qui venaient lui rendre visite étaient toujours plus nombreux et sa renommée avait depuis longtemps franchi les frontières de la Calabre puisque des échos étaient méme parvenus jusqu'à Rome. Tous le considéraient comme saint, et le roi Ferrante ayant révisé sa positíon cherchait désormais à se le concilier. Sa réputation avait aussi commencé à atteindre la France et c'est ce qui fut à l'origine de son départ, car, à près de deux mdles kilomètres de là, à Plessis-lez-Tours, un homme, un mourant entendit parler de ses miracles et le voulut près de lui.
CHAPITRE
IIISAINT FRANÇOIS EN FRANCE
Le départ de la Calabre
Ce mourant reclus dans son cháteau de Plessis-lez-Tours, c'était Louis XI. Depuis ce jour du mois de mars 1480, où, alors qu'il résidait dans son manoir des Forges, il eut sa première attaque, son état de santé n'avait cessé de se dégrader. Le roi voyait avec angoisse le spectre de la mort s'approcher. Uidée de laisser le pouvoir à un enfant trop jeune pour régner était pour lui un tourment de plus. Il savait bien que les périodes de régence étaient toujours accompagnées d'un affaiblissement de l'autorité monarchique. Après sa mort, le royaume afiait-il sombrer dans l'anarchie? Ces pensées le torturaient, il refusait l'issue fatale. Il voulait vivre ne serait-ce que quelques années encore afin de laisser à son fils le temps de grandir. E voulait parachever son oeuvre et surtout s'assurer qu'après sa mort, scs ennemís ne fondraient pas sur le royaume comme des vautours sur une carcasse. Pour cela il essayait les médecines les plus diverses et se procurait toute sorte de reliques, comme eri témoigne Commynes dans scs Mémoires. On a également l'impression qu'fl disposait d'un réseau d'infbrmateurs chargés de lui rapporter les bruits qui couraient sur les vertus et les dons de ceux qui étaient réputés pour la "sainteté" de leur vie. C'est ainsi que son écuyer jean Moreau (55) entendit un marchand napolitaín, Matteo Coppola, vanter les miracles de François. Aussit,5t il informa son máitre, lequel fit venir le marchand italien pour en savoir davantage. La décisian de Louis XI etait prise. Il voulait le Paolan près de lui à Plessis-lez-Tours.
Animé d'une nouvelle lueur d'espoir, fi dépécha s ans tarder à Paterno une ambassade de quelques gentilshommes, dirigée par son majordome Guynot de Boussières et guidée par le marchand napolitain. Ces derniers remirent à François la lettre dans laquelle le roi lui demandait de venir en France. La réponse du Paolan fut sans équivoque: non. Boussières mit alors Louis XI au courant, lequel sollicita l'appui du roi Ferrante. Ce dernier ne se fit pas prier mais malgré ses efforts, François refusa une nouvelle fois l'invitation lors de sa seconde entrevue avec Boussières. Le roi de Naples suggéra alors à Louis de s'adresser au pape pour pousser le Paolan à changer d'avis (56). Sixte IV fit part a François de sa volonté de le voir partir pour la France et celui que Louis XI n'allait pas tarder à appeler le "Sainct Homme" se plia à la volonté pontificale.
Ainsi se réalisait la prophétie du Paolan qui aux dires de l'Anonyme (57) avait prévu son départ pour un pays dont il ne comprendrait pas la langue. Le 2 février 1483, il quitta Paterno accompagné de trois religieux de son ordre, et le 27 du méme mois, le petit groupe arriva à Naples, Uentrée du Paolan dans la ville fut un vérítable triomphe. Le fils du roi, Frédéric d'Aragon, dút méme le faire protéger p@r ses soldats de peur que la foule ne l'étouffe. François fut hébergé au Castel Nuovo par Ferrante qui mit à sa disposition le bateau qui devait le conduire vers la France. C'est pendant ce séjour napolitain que la tradition veut que le roi ait fait exécuter le portrait du futur saint. Sans que ce dernier d'ailleurs ne se doute de quoi que ce soit, le peintre s'étant acquitté de son travaíl en observant le Paolan par un trou de serrure. C'est également lors de cette halte que l'on doit replacer le célèbre épisode de la "pièce d'or" dont nous avons parlé précédemment. Avant d'embarquer pour Rome, dernière étape italienne avant l'arrivée en France, d'autres personnes se joignírent à l'escorte de François, et parmi elles, Frédéric d'Aragon. François fut regu par Sixte IV avec tous les honneurs (58). E ne fait aucun doute que le pape, tout comme Ferrante, avait l'intention de l>utiliser à des fins diplomatiques. D'où peut-étre les nombreuses audiences qu'il eut, d'après Commynes (59), avec le souverain pontife avant de quitter la Ville Eternelle. Sixte IV lui proposa méme le sacerdoce mais il le refusa.
En quittant Rome, le Paolan quittait pour toujours l'Italie. Il ne reverrait plus jamaís sa terre natale, sa chère Calabre. Désormais c'est vers la France que son regard se tournait.
L: arrivée de François en France (60)
Après a@,oír échappé à des pirates, les voyageurs se présentèrent à l'entrée du port de MarseiHe, o@ ils avaient prévu de débarquer avant de remonter la vallée du Rhóne jusqu'à Lyon et continua leur @,oyage @,ers Plessis-lez-Tours. Mais la peste s'étant déclarée dans la région, l'entrée leur fut refusée. Ils continuèrent donc leur route vers Toulon qui, pour les mémes raisons, leur refusa également l'accosta,,e. Il f@ìllait bien son,,er à débarquer quelque part. Uenvoyé du roi @uynot de Boussieres pensa alors à Bréganson, un ilot rocheux suri@ionté fortere,,,se appai-tenant au roi de France. En tant qu'en\'O\I'é dai sc)ti\,eraiiì, il sa@,ait qu'il ne rencontrerait pas de problème.
François et ceux qui l'accompagnaient y débarquèrent donc. De là, ils rejoignirent le village de Bormes qui toujours en raison de la peste refusa dans un premier temps d'ouvrir ses portes aux voyageurs. Cependant après l'intervention du Paolan et peut-étre aussi de Boussières, l'autorisation de faire halte au village leur fut accordée. Ils se rendirent ensuite par voie de mer à Fréjus, et de là reprirent la route pour Plessis-lez-Tours (61). Le 24 avril François se trouvait à Lyon où il fut regu conformément au désir de Louls XI comme s'fl eút été le pape, et au début du moís suivant il arriva en Touraíne. Il ne se rendit pas immédiatement auprès du roi. Le premier membre de la famille royale qu'il rencontra fut en effet le Dauphin, le futur Charles VIII qui avait été chargé de l'accueillir à Amboise (62). Ce n'est qu'après qu'il se rendít auprès de Louís XI qui ne sortait pratiquement plus de son cháteau de Plessis-lez-Tours.
Uarrivée de cet Italien tant attendu par le souverain attira de nombreux curieux parmi lesquels se trouvaient quelques témoins du procès informatif qui se déroula à Tours quelques dizaines d'années plus tard, en 1513. Louis XI attendait fébrilement dans sa chambre. Jean Galle (63) nous rapporte que lorsque le Paolan entra, le roi s'agenouilla et lui demanda sa bénédiction. Ce à quoi Commynes (64) ajoute que le souverain demanda à François de prier également Díeu afin qu'il lui rallonge la vie. Louis XI donne l'image d'un homme plus que jamais effrayé par la mort, déterminé à vivre et dès sa première rencontre I avec celui qu'il appelait le "Sainct Homme" au le "Bonhomme" il lui annon@a ce pourquoi il l'avait fait venir du fin fond de sa Calabre natale, et ce qu'il attendait de lui. François lui répondit d'avoir confiance en Dieu, et s'instaha dans sa nouvelle demeure, à Plessis -lez-Tours. Non pas dans l'un des luxueux appartements du cháteau mais tout simplement dans la basse-cour au milíeu des domestiques (65).
Ses rapports avec les monarqties.
Le monde dans lequel François s'était retrouvé en l'espace de quelques mois était aux antipodes de celui qu'il avait connu en Calabre. Loin de ses couvents 2 oin de ses compatriotes il vívait désormais dans une basse-cour, près du roi, parmi des gens qu'il ne connaissait pas et qui ne le connaissaient pas. Car si sa réputation en Italie était grande, les Tourangeaux eux, n'avaient jamais entendu parler de lui, sauf quelques rares personnes, avant que Louis XI ne le fasse venir. Pendant les vingt-quatre années qu'il passa en France, il connut trols regnes, ceux de Louis XI, Charles V1II et Louis XII. Mais quels furent exactement ses rapports avec ces trois souverains?
Lorsque François arriva en France, Louis XI n'avait plus que quatre mois à vivre. Le roi attendait de lui un miracle et il le lui avai@ fait savoir. Mais ce qui avant tout intéressait le Paolan, c'était de convertir, de préparer à la mort cet homme dont l'unique désir était de continua à vivre. Louis XI fut très certainement dé@u de l'entendre lui répéter sans cesse de se soumettre à la volonté divine. Il avait placé tant d'espoirs en ce Calabrais. Sa déception le poussa méme à écrire au pape pour lui demander de persuader le Paolan d'obtenír sa guérison. Le souverain pontife répondit alors favorablement à sa demande et écrivit à François deux brefs dans lesquels il lui demandaít de prier Dieu pour la santé du roi de France. Peut-étre Louis XI eut-il méme des doutes sur la sincérité du sentiment relígieux de cet Italien qu'il avait fait venir de Calabre, car fidèle à ses vieifles habitudes, il le fit discrètement surveiller (66). Ce qu'on lui rapporta ne pouvait que le conforta dans l'idée qu'il ne s'était pas trompé. Aussi ne désespérait-il pas quant à l'accomplissement d'un miracle et esperait-il toujours la guérison. Les deux hommes se voyaient pratiquement chaque jour et s'entretenaient gr'ace aux services d'un interprète (67) que Louis XI avait désigné. Le roi de France avait besoin du pauvre ermite Calabrais et s'inquiétait lorsqu'il ne le trouvait pas dans la basse-cour du cháteau. Il avait peur que le Paolan ne reparte chez lui. Mais François n'en avait pas l'intentíon, du moíns pas tout de suite, il avait une mission à accomplir. Cependant, l'ambiance du cháteau, la confusion de la basse-cour étaient parfois difficile à supporter et il se retirait dans la solitude des bois qui entouraient Plessislez-Tours (68). Louis XI affolé le faísait alors rechercher. Il le voulait près de lui. Mis au courant du régime alimentare particulier du Paolan, il se préoccupait méme de lui procurer des fruits. C'est ainsi que le 29 juin 1483 il écrivít une lettre à son général des finances du Languedoc, François de Genas, pour que ce dernier lui fasse parvenir des citrons, des oranges et des poires qu'il destinait à son "Sainct Homme" (69). Mais les jours du monarque étaient désormais comptes, et le 25 aoút il eut une troisieme hémorragie cérébrale qui cette fois allait étre fatale. Son médecin jacques Coittier lui avoua son impuissance. Louis XI fit alors appeler Frangoi-s à son chevet. Espérait-fl encore un miracle? C'est fort probable car il confia au père de jean Moreau qu'il doutait de l'avis du médecin. De plus il ne cessait de répé,ter que le Paolan pouvalt faire quelque chose pour lui. François fit effectivement quelque chose mais pas exactement ce qu'espérait le roi. Il l'accompagna jusqu'à la fin et lui donna la force d'accepter son destin. Le 30 aoút, Louis s'éteignait donc à soixante ans laissant le tr,5ne à un fils de treize ans, et la régence à sa fifle Anne de Beaujeu et au mari de cette dernière Pierre de Bourbon-Beaujeu.
Charles VIIII accédait au pouvour dans des conditions difficúes (70). La réunion des Etats Généraux avait été décidée et de lourdes menaces pesalent sur le royaume. Le "Saínct Homme" aurait pu décider de partir, mais il n'en fít rien. Peut-étre est-ce le pape lui-méme qui lui demanda de rester (71)? Ce dernier étant pour le Saint-Siège un pion capital dans l'échiquier diplomatique du temps. La Pragmatique Sanction mena@ait d'étre rétabli;e, et Rome comptait bien sur François pour empécher un tel acte (72). Les liens qui se nouèrent entre le viefl ermite Calabrais et le jeune roi furent très étroits. Le Paolan fut un conseiller écouté de Charles VIII, lequel appuya de tout son poids l'approbation de la première règle connue, celle de 1493, et la diffusion de l'ordre en France. Il donnaít son avis sur les grandes questions polítiques. C'est ainsi qu'fl aurait par exemple encouragé le mariage du roi avec l'héritière du duché de Bretagne, Anne (73). Charles VIIII ayant pour cela rompu les fiangailles organisées par Louis XI avec la fille de l'Archiduc d'Autriche, Marguerite. Il obtint également la restitution par la France du Roussillon et de la Cerdagne à l'Espagne. Il encouragea aussi semble-t-fl l'expédition italienne de Charles VEI(74). Le roi de France révait en effet d'une victoire sur les Infidèles encore plus éclatante'que celle que le roi d'Espagne Ferdinand d'Aragon avait remporté en janvier 1492 en reprenant Grenade, dernière enclave musulmane en Espagne.
Charles VIII voulait attaquer le coeur méme de l'empire Ottoman, Constantinople, et en digne hérítier des prétentions angevines sur Naples, il voulait également récupérer le royaume et "s'en servir com me d'un pont pour transporter scs troupes en Grèce" libérant par la méme occasion le pays de l'occupation musulmane. Le moment semblait d'autant plus favorable que Djem, le frère du sultan régnant à Constantinople, était entre les mains des chrétiens. Le bruit courait qu'il se convertirait et qu'une fois à la place de son frère il leur rendrait jérusalem (75). Or Charles VIII n'oubliait pas que la couronne de jérusalem était rattachée à celle de Naples. François, quant à lui, n'avait aucune raison d'étre hostile à une telle entreprise qui aurait eu le mérite d'éloigner la menace Turque qui pesait toujours sur le sud de l'Italie. Il n'oubliait pas en effet l'angoisse de ses compatriotes lors de la prise d'Otrante en 1480. Quant à la conquéte méme du tróne, il n'avait aucune raison de s'y opposer car d'une part la revendication dynastique de Charles VIII était légitime et d'autre part ce royaume étant dans la mouvance des Etats du pape, les souverains pontifes eux memes avaient à plusieurs repriscs demandé au roi de France d'y intervenir. Certainement l'idée que ses compatriotes auraient à subir les conséquences d'une nouvehe guerre ne l'enchantait pas, mais souvent fi avait condamné les exactions de la dynastie aragonaise et peut-étre espérait-il avec l'accession de Charles VIII au tróne de Naples, un gouvernement meúleur et surtout plus équitable que les précédents.
Le roi de France se landa dans l'sventure en septembre 1494 soit huít mais après la mort de Ferrante (76). Avant son départ il prit soin d'interdire à tout étranger d'approcher le Dauphin. Seul François pouvait le voir lorsqu'il le désirait, preuve éclatante de la confiance et de l'amitié que le roi avait pour lui. Charles VIII entra victorieusement dans Naples le 22 février 1495. Mais la victoire fut de courte durée, une ligue comprenant la république de Venise, Ferdinand d'Aragon, le pape Alexandre VI (entre temps la papauté avait fait volte face) et l'empereur Maximilien, s'étant constituée pour chasser le roi de France de la péninsule. Mis au courant clu danger (77), ce dernier décida de rentrer en France. Retour difficile au cours duquel Charles VIII remporta le 6 juúlet 1495 une ultime victoire à Fornovo di Taro, sur le maquis de Mantoue qui lui barrait la route des Alpes (78). Si l'on en croit ce que rapporte l'A-nonyme, pendant ces moments difficiles, François ne cessa de príer afin que le roi échappe à ses ennemis. Uamitié qui existait entre les deux hommes étaít profonde et bien réelle. Elle fut brutalement ínterrompue en janvier 1498 lorsque Charles VIII s'éteignit à l'áae de vingt-trois ans, après que sa téte eut heurté le linteau d'une porte. Il ne fait aucun doute que cette disparition causa à François une peine profonde, et, en témoignage de sa reconnaissance pour le défunt, il cessa, d'après le sixième témoin du procès informatif de Tours, Emeric Bernardeau, de boire du vin.
Les trois fils de Charles Vlll étant morts en bas gge, c'est au cousin de ce dernier, Louis XII que revint la couronne. François connaissait très peu le nou@,eau roi et estimant sa mission en France terminée, il exprima le désir de rentrer chez lui. Louís XII lui en donna l'autorisation, mais ayant changé d'avís il le fit rattraper à hauteur de Lyon. Le Paolan revint donc en Touraine où il paracheva avec l'appuí du nouveau monarque son oeu\,re religíeuse.
Eaction i-eligieuse de François cii France
A la mort de Louis XI, Fraiì@ois avait donc décidé de rester en France. Cette décision fut capitale pour le devenir de sa congrégation officiellement approuvée par la papauté en 1474. En effet gráce au soutien de roi Charles VIII, de la régente Anne de Beaujeu et de l'archevéque de Tours Robert de Lenoncourt, de nouvelles perspectives s'ouvrirent au Paolan qui en l'espace de quelques années construisit ses premiers couvents en France et obtint du Saint-Siège la reconnaissance de la première règle connue.
Il semble que la décision d'implanter la congrégation en France fiit prise assez rapidement car dès 1485, François accepta les premiers novices frangoís, jacques Lespervier et jean Mongobert (79). Fort du soutíen royal, la congrégation allait connaitre en France un développement tout aussi important que celui qu'elle avait connu en Italie du Sud. En 1488 le roi autorisa son ami et ceux qui le suívaient a jouir des privílèges contenus dans les bulles de Sixte IV et Innocent Viii, Bulles qu'ils étaíent autorisés à publier dans tout le royaume. Le "bonhomme" pouvait désormaís accepter les dons d'oratoires et d'ermitages (80) qui lui étaient faits. Etape importante pour le développement du futur ordre des Minimes lorsqu'on saít que tous les postulants ne pouvaient étre acceptés par manque de place pour les loger. François résidait toujours dans la basse-cour de Plessis-lez-Tours et parmi ceux qui désiraient le suivre se trouvait entre autres Bernard Boyl qui en 1493, lors du second vayage de Christophe Colomb, partit pour évangéliser l'Amérique (81). Charles décida alors d'offrir au "Sainct Homme" son premier couvent en terre de France. Il acheta des terres près dù cháteau, dans un lieu appelé Montil, et décida en 1489 d'y faire construire un couvent. Le souverain (82) confia les travaux à René Cymier et deux ans plus tard, en 1491 les six premiers frères s'y installèrent aprés l'achèvement de l'église conventuelle dédiée à ésus-Marie. En 1493, les travaux du dortoir étant terminés, ce n'était plus síx mais douze frères que l'on pauvait compter dans cette première fondation française. Mais la munificence de Charles VIII et de la famille royale ne s'arréta pas là et d'autres couvents furent construits à Amboise et Nigeon le Paris. Le roi fonda méme un couvent à Rome en 1495 lors de son expédition italienne. Très vite le monarque fut imité par des membres de la noblesse et du clergé. Des couvents furent édifiés à Toulouse, au Mans, à Chátellerault, Bracancourt, Gien, Amiens, Grenoble, Abbeville, Montaugier et Bomiers entre 1493 et 1507. Le développement de l'ordre était donc considérable et il ne se réduisait pas seulement à la France puisqu'avant la mort de François, il y eut d'autres fondations en Italie, mais aussi en Espagne et en Allemagne (83).
Uaction de François ne se limitait pas à la construction de couvents. Il rédigea également entre 1493 et 1507 quatre règles qui successivement furent approuvées par Rome (84). La règle primitive, on s en souvient, n'avait pas re@u l'approbation du pape Innocent VIII car suite à la décision prise lors du concile de Latran IV en 1215, on ne pouvait plus en reconnáitre de nouvelles. Le souverain ponti fe avait donc demandé au Paolan d'en choisir une déjà existante. François se plia aux exigences du Saint-Siège et présenta une nouvelle règle qui fut approuvée par Alexandre VI en 1493. Charles VIII avait appuyé de tout son poids la demande d'approbation faite par le Paolan. Soutíen capital puisque le pape qui ne s'était pas encore réconcilié avec Ferrante, avait demandé au souverain français d'intervenir à Naples (85). Il faut bien l'avouer, Alexandre VI aurait eu mauvaise gráce de mécontenter Charles VIII dont il avait tant besoin à l'époque et ce d'autant plus que François s'était phé aux exigences de Rome. Cette première règle reconnue marquait le passage définitif de l'érémitisme au cénobitisme. Cependant, dans les treize chapitres qu'elle contenait, on trouvaít à cóté des emprunts faits aux règles Franciscaine, Augustinienne, Bénédictine et de Pierre Gambacorta de Pise, de nombreux éléments érémitiques comme par exemple le refus de l'argent et le voeu de pauvreté. Il est également intéressant de remarquer que les frères étaient encouragés et non obligés, la nuance est importante à souligner, à suivre une vie quadragésimale. François voulait par ce biais rapprocher ses disciples de Touraine de ceux de Calabre. Il ne @,oulait pas que la seconde génération qui s'était développée dans le cadre urbain de la cité tourangelle soit trop differente et trop éloignée de la première qui elle, était née dans le cadre rural de la Calabre.
En 1501 Français soumit à Alexandre VI une nouvelle règle beaucoup plus personnelle que la précédente et contenant cette fois dlx chapitres. Uaspect érémitique y étaít atténué mais surtout, et c'est là que résidait la principale originalité, l'idée de vie quadragésimale devenalt un voeu à part entière. Le quatrième que les frères désireux d'entrer dans l'ordre devaient s'engager à suivre au méme titre que l'obéissance, la chasteté et la pauvreté. Le pape donna son approbation, de méme qu'il approuva la règle qui lui fut soumise un an plus tard en 1502 et dont le contenu se différenciait eu de celui du texp
te de 1501. D'ultimes modifications furent apportées en 1506, et un code de pcines ajouté. Mais l'originalité du quatríème voeu demeura. En l'espace de trelze ans, la congrégation du Paolan avaít donc obtenu de la papauté une règle qui lui était propre et qui au cours des différentes rédactions avait vu les éléments érémitíques s'atténuer alors qu'au contraire des aspects plus originaux et propres à François s'étaient, quant à eux, affirmés. C'est le cas bien star du quatrième voeu, celuí de vie quadragésimale.
Le Paolan s'interessa également aux l@ics et aux femmes qui désiraient faire leur la spiritualité Minime. Aussi rédigea-t-il à leur intention deux règles. Il est difficile de dire a quand les vec precision
premíers l;iics ont décidé d'adapter à leur mode de vie les préceptes de François. Certainement bien avant le départ de ce dernier pour la France, mais ce n'est qu'en 1501 que le futur saint leur rédígea une regle. Elle comprenait sept chapitres et fl est intéressant de noter que son approbation est contenue dans cette méme bulle d'Alexandre VI, "Ad ae quae" par laquelle le pape approuva la règle du premíer ordre. Pour ce qui est maintenant des religieuses, le premier groupe de moniales s'était constitué dès 1489 à Andújar eri Espagne. Mais ce n est qu'un an avant sa mort que le Paolan proposa en 1506 une règle de dix chapitres aux femmes qui voulaient le suivre. Tout comme les frères, elles devaient faire voeu d'obéissance, de chasteté, de pauvreté et de pénitence eri menant une vie quadragésimale mais eri plus elles devaient se soumettre à une stricte clóture (86).
La spiritualité de François s'ouvrait donc à tous ceux qui voulaient le suivre. Enfin précisons pour terminer que parallèlement à tout cela la hiérarchie du premier ordre s'était également structuré, et si, il regroupait des prétres, des frères et des oblats, le gouvernement était exclusivemenì réservé aux premiers. Ori trouvaít au sommet un correcteur général qui exer@ait le pouvoir législatif. Il devait étre élu par un Chapitre Général qu'il était prévu de réunir tous les trois ans. Cependant le Paolan ayant été nommé supérieur à vie par Síxte IV, ces deux institutions ne commencèrent à fonctionner qu à sa mort. Ori trouvait ensuite les correcteurs qui, eri ce qui les concerne, détenaient le pouvoir exécutif, chacun d'eux étant aidé par troís assistants, et enfin l'ordre lui-méme fut placé sous la protection d'un cardinal directement nommé par le pape
La vie qtiotidienne de Fran@ot's en France
Quelle était la vie quotidienne de François eri France? Ressemblait-elle à celle qu'il avait connu eri Calabre? A première vue ori serait tenté de répondre non, car à Tours le Paolan vivait dans un cadre urbain proche du roí et de la cour alors qu'en Calabre il vivait dans un cadre rural entouré de scs disciples. Cependant si on analyse les différents éléments, qui constituaient sa vie quotidienne en Calabre à savoir la solitude, la prière, la pénitence, l'abstinence et le jeune, ori se rend compte qu'à Tours rien ne changea. Et si sa congregation avait connu une transformation radicale en passant de l'érémitisme au cénobitisme, eri ce qui concerne sa vie quotidienne et intérieure, il y eut véritablement continuità et ce malgré la différence du contexte tourangeau par rapport à la Calabre.
François ne renonga jamais à son amour de la solitude, à son besoín d'isolement. Lorsque l'ambiance de la basse-cour lui pesait trop il se retirait dans les bois entourant le cháteau de Louis XI et plus tard, lorsque Charles VIII lui fit construíre le couvent de Plessis-Lez-Tours, il installa sa cellule à l'écart de celles des autres frères. Il y restait enfermé des jours entiers à prier. Le trente-quatrième témoin du procès informatif de Tours Jean Thonart nous apprend méme que les rapports que l'ori donnait à Louis XI qui faisait espionner le Paolan, décrívaient François "à genoux, eri prière, les yeux levés au ciel, les mains jointes". De méme qu'il restait fidéle à la prière, A continuait aussi à observer de longues périodes de jeúne carrappelons le, pour le "Sainct Homme" l'un n a it pas sans l'autre. Cette idée nous la retrouvons dans les règles qu'il rédigea. Ainsi au chapitre sept de la règle de 1493 ori peut lire "la prière est bonne avec le jeúne" (87) Ce qu'il écrivit treíze ans plus tard, eri 1506 toujours au chapitre sept mais de la quatrième règle cette fois, nous éclaire un peu plus sur sa conception de l'abstinence alimentare "le jeiine corporel purifie l'entendement, élève les sens, assujettit la chair, rend le coeur contrit et humilié, éloigne ce qui nourrit la concupiscence, éteint les ardeurs de la volupté et allume le fiambeau de la chasteté"(88). Ori ne peut étre plus explicite. Il est clair que ce jeúne auquel il tenait tant est l'un des fondements méme de sa spiritualité. Cela au méme titre que la vie quadragésímale qui eri découle directement et que François continua de suivre à Tours. Commynes nous le confirme, il ne consommait "ne chair ne poisson, ni oeufz, ni letaiges, ne nulle gresse" (89). Ce à quoi le cuisinier du roi, Robert Touchet (90), ajoute qu'il ne voulait que des herbes. Nombreux furent les témoins du procès de Tours qui donnèrent des précisions sur l'alimentation de François. Ses repas étaient frugaux(91). Ils se composaient de pain, de vin, de salade à l'huile et parfois de légumes, pois ou fèves et de racines. Il ne mangeait qu'une fois par jour, eri règle générale le soir dans sa cellule (92) et encore lorsqu'il mangeaít, car il pouvait ne pas toucher au repas que lui servaient les religieux pendant plusieurs jours voire plusieurs semaines (93). Nous savons également qu'il cultivait lui-méme l'herbe dont il se nourrissait, et qu 'il buvait l'eau de pluie qu'il recueillait (94).
François qui continuaít à dormir sur des sarments (95) et à recevoir ceux qui voulaient le voir, n'avait donc renoncé eri rien à la vie qu 'il menait eri Calabre, et Ioin de sa terre natale, il sut rester fidèle a cette vie empreinte d'érémitisme, qui aux yeux de ses contemporains était l'une des manifestations les plus évidentes de sa sainteté.
Sa mort et sa canonisation
Le vendredi Saínt 2 avril 1507 François s'éteignit à l'áge de quatre-vingt-onze ans. Maís avant de mourír il pensa une dernière fois à l'ordre qu'íl avait fondé et désigna Bernardin d'Otrante comme son vicaire usqu'à la réunion du Chapitre Général qui eut lieu le 28 décembre 1507, et dont la première táche fut de désigner le successeur du "Sainct homme". Le Paolan lui donna comme collaborateurs, jacques Lespervier, l'un de ses tout premiers disciples franqais aínsi que Matthieu Michel et Réginald Clerici. François laissait un ordre structuré et qui comptait déjà trente deux couvents.
Ses funérailles eurent lieu le 5 avrfl après que jean Bourdichon, premier témoin du procès de Tours et peintre du roi eut réalisé son masque mortuaire. Ce dernier et le maçon Míchael Marseil, sont les deux témoins qui nous fournissent le plus d'informations sur l'enterrement. Ainsi nouà savons que le corps fut inhumé dans une tombe prepar ée par Marseil et un autre magon, dans l'église du couvent de Plessis-lez-Tours et plus précisément dans la chapehe de droite. Cependant les fréquentes inondations causées par le Cher tout proche, poussèrent la comtesse d'Angouléme à faire commencer quelques jours après, le 8 avril exactement, une aútre tombe (96) dans un endroit plus élevé de la chapelle. Ce furent les maçons cités précédemment qui furent chargés de l'exécution des travaux. Le but étant d'éviter une décomposition trop rapide de la dépouille. C'est là, dans un sarcophage de píerre que fut transféré le corps qui aux dires des témoins ne dégagea aucune mauvaise odeur lors de l'ouverture du cercueil. Ouverture qui fut également l'occasion pour jean Bourdichon de faire un second moulage du visage du défunt.
.- Les événements qui suivirent le décès du "Sainct homme" aboutirent à sa canonisation. En France, la reine Anne qui avait fait voeu d'appuyer de tout son poids la demande de canonisation de François mort depuis peu, en échange de la guérison de sa fille Claude gravement malade, tint parole et demanda à Jules II, l'autorisatíon d'ouvrir une enquéte. En Italie, ce fut le père François Binet élu correcteur général de l'ordre qui au nom des Minimes demanda l'ouverture d'un procès informatif en Calabre. Ce dernier désirait en effet que l'on interroge ceux qui avaient connu le Paolan lorsqu'il était encore dans sa terre natale et ce le plus rapidement possible car cela faisait déj@a près de trente ans que François l'avait quittée, et au fil des ans le nombre des témoins directs susceptibles d'apporta de précieuses informations se réduisait un peu plus. Le pape répondit favorablement à ces demandes et ordonna dans un bref daté du 13 mai 1512, l'ouverture d'un procès informatif. Trois diocèses étaient concernés, ceux de Cosenza, de Reggio Calabria et de Tours. Il y eut donc rédaction de trois procès différents (97).
Comme nous l'avons déjà vu, les dépositions des procès de Tours et de Cosenza furent envojées à Rome (98) de méme que celles du troisième procès dit "posterieur" (99).
Le ler mai 1519 eut lieu dans la basflique Constantinienne de Saint-Pierre la cérémonie de canonisation, onze ans après la mort de François. Entre le bref de Jules II daté du 13 mai 1512 et la bulle de canonisation de Léon X datée du ler mai 1519 (100), sept années s'étaient écoulées, délais exceptionnellement rapides au XVlè siècle pour une canonisation et qui mérítent d'étre soulignés (101).
Livre Il
LES TEMOINS DES PROCTS
DE TOURS ET DE COSENZA
Introduction
Nombreux furent ceux qui vinrent témoígner près de trente ans après le départ de François de la Calabre, de ce qu'ils savaient sur lui. La question que nous sommes alors eri droit de nous poser est de savoir qui étaient ces témoins!
Les informations que nous pouvons trouver à leur suiet dans le proces de Cosenza peuvent nous sembler au premier abord bien minces. Eri effet seuls leur nom, leur provenance et pour certains leur appartenance sociale sont clairement indiqués. Cependant si nous détaillons le contenu méme des dépositions, nous pouvons nous rendre compte de l'importance des informations qui sont données à l'historien. Non seulement il est possible de mettre eri lumiere certains traits de la mentalità calabraise, mais aussi de tirer des conclusione intéressantes sur l'áge moyen et la mobilité de certains témoins par exemple. Eri regroupant toutes les informations qui nous sont données, nous pouvons arriver à reconstítuer le contexte social dans lequel ils vécurent mais aussi savoir les conditions de vie qui furent les leurs. Eri 'fin nous pouvons tenter d'établir d'éventuels liens de parenté entre certains de ceux qui d'une fa@on ou d'une autre eritrèrent eri contact avec le Paolan.
Eri ce qui concerne le procès de Tours, les informations sont beaucoup plus nombreuses et surtout plus précíses. Ainsi, non seulement nous possédons les noms et prénoms des témoins, mais eri plus nous avons l'identité des maris des femmes qui vinrent déposer. Le procès donne également l'áge, l'appartenance sociale et la provenance de chaque témoin. Autant dire que dresser le portrait de ces derniers est beaucoup plus aisé que de dresser celui des Calabrais.
Une chose cependant peut nous étonner. A Tours, ceux qui vinrent déposer ne furent que cínquante-sept et ce, alors que François n'était mort que depuis cinq ans. Leurs témoignages furent enregistrés au cours de vingt-et-une séances. Ori a donc l'impression qu'il fut plus difficile de trouver des gens capables de dire quelque chose sur lui qu'en Calabre. Les chíffres sont très révélateurs car lorsqu'on analyse ceux que nous avons pour la terre natale de François, nous pouvons constata qu'il ne fallut que douze seances pour que cent-deux témoins se présentent devant les enquéteurs, soit presque le double. Il semblerait donc que François de Paule ait laissé un souvenír plus vivace dans le sud de l'Italie et plus particulièrement en Calabre. Quoi de plus normal après tout puisqu'il s'agit de la terre qui le vit naître. Il y avait vécu jusqu'à l'áge de soixante-sept ans et C I est là qu'il avait édifié ses premiers couvents. En somme, il vécut au contact de ses compatriotes alors qu'en France, il passa le plus clair de son temps auprès des rois qui se succédèrent sur le trône, et reclus dans son couvent de Plessis-lez-Tours ayant de ce fait moins l'occasion de communiquer avec les Tourangeaux, d'où la relative faiblesse de leur nombre.
CHAPITRE I
LES TEMOINS CALABRAIS
Noms et prénoms de Provenance Appartenance
témoins de Cosenza sociale
1 Galassus de Tarsia
baron de Belmonte Cosenza Noble
2 Franciscus de Marco Cosenza? Familier du n' 1
3 joannes Bonbinus Cosenza Noble
4 Franciscus de Florio Cosenza Noble
5 Robertus de Burgis Cosenza Copiste
6 joannes Antonachius Paola Ecclésiastique
7 joannes de Simeono Paola Magon
8 Margarita de Baccaro Paola Femme
9 Dominicus de Virgopia Paola Maître maçon
10 Bartulus de Perri Paola Paysan
11 Lucas de Perri Paola Paysan
12 Bella épouse
Joannis Brogni Paola Femme
13 Bernardinus Baldorius Paola Noble
14 Petrus Genvise Paola Maître maçon
15 Lucas Catarro Paola Indéterminé
16 Antonius de Alexio Paola Maçon
17 jordantis Carincella Paola Indéterminé
18 Nicolaus Carusus Paola Maçon
19 Marinus Sisamis Paola Paysan
20 Nicolaus Angeltis
de Porremozio Paola Paysan p.
21 Andreas de Saiito Paola Indéterminé
22 Toaniies Stutzio Paola Indéterminé
23 Luca Zandella Paola Paysan p.
24 Andreas de Bossano Paola Cordonnier
25 Antonius Miglarisius Paola Paysan p,
26 Joannes de Biunda Paola Paysan
27 Petrus Cistarus Paola Indéterminé
28 Nicolaus de Bernardo Paola Indéterminé
29 Franciscus de Rogato Paola Indéterminé
30 Antonius de Zarlo Paola Indéterminé
31 Petrus Polita Paola Ecclésiastique
32 Nicolaus de jaguinta Paola Employé de notaire
33 Nicolaus de Chirico Paola Marin
34 Jacobus Carratellus Paola Indéterminé
35 Polisena Cingona Paola Femme
36 Jacobus Carbonellus Paola Noble
37 Antonius MendoliUa Paola Noble
38 Antonius Caputus Paola Paysan p.
39 Frère Franciscus Paola Ecclésiastique
40 Frère joannes
de Andriotta Paola Ecclésiastique
41 Polinus Pissonus Paola Noble
42 Antonius de Aduardo Paola Pécheur
43 Barthulucius Pecurarus Paola Berger
44 Franciscus Santonius Paola Noble
45 Perna de Segnorello Paola Femme
46 Margarita Tudesca Paola Femme
47 Joannes VeracheHus Paola Indétermíné
48 Ambrosius de Andriotta Paola Paysan
49 Antonius Pandarus Paola Indéterminé
50 Cristianus de Turchio Paola Indéterminé
51 Hieronymus de Baldario Paola Ecclésiastique
52 Nicolaus de Mercurio Paola Magon paysan
53 Loysius de Síenterno Paola Noble
54 Nicolaus de Castello Paola Noble
55 Nicolaus Pecurarius Paola Indéterminé
56 Antonius Malfítanus Paola Indéterminé
57 Carolus de Pirro San Lucido Ecclésiastíque
58 Joannes de Franco San Lucido Noble
59 Joannes de la Rocha San Lucido Noble
60 Salvator de Scavo San Lucido Paysan
61 Pirrus Antonius de Síca San Lucido Noble
62 Venchius Pignatarus Robeto Fonctionnaire
63 Guillelmus Turchus Paterno Indéterminé
64 Bernardinus de Florio Paterno Paysan
65 Neapolus de Verallo Paterno Indéterminé
66 Calvanus de Plantedi Paterno Paysan
67 Andreas Celestro Paterno Indéterminé
68 Pascuus Gattus Paterno Paysan
69 Fabricius Bombinus Paterno Indéterminé
70 Fabianus de Senatore Paterno Maçon
71 Joannes Turchus Paterno Indéterminé
72 Franciscus Cocus Paterno Indétermíné
73 Paulus de Porta Paterno Paysan
74 Rausius de Parisio Paterno Paysan
75 joanna Caputa Paterno Femme
76 Docaria de Orrico Paterno Femme
77 Nicolia de Fiore Paterno Femme
78 Rindisina de Calíndino Paterno Femme
79 Catherina Cappa Paterno Femme
80 Fina de Florio Paterno Femme
81 Dominíca de Velpando Paterno Femme
82 Rosa de Yanne Paterno Femme
83 Antonius Mirenus Paterno Indéterminé
84 Loisius de la Porta Paterno Indéterminé
85 Durabúis de Myele Paterno Paysan
86 Matthaus Caputus Paterno Indéterminé
87 Alexander Carusus Paterno Indéterminé
88 Jacobus Curtus Paterno Noble
89 joannes de la Porta Paterno Maçon
90 Angelus Curtus Paterno Indéterminé
91 joannes Calindinus Paterno Paysan
92 Beflinus de Flore Paterno Indéterminé
93 Salernus de Brunacio Paterno Paysan
94 Alexander Caputus Paterno Paysan
95 Carolus de Cahndino Paterno Paysan
96 joannes Pipe Paterno Indéterminé
97 Bernardinus Puglanus Paterno Paysan
98 Nicolaus Russus Paterno Indéterminé
99 Adríanus Misasius Paterno Indéterminé
100 Andrea Carusus Paterno Indéterminé
101 Nicola Castagnaro Corigliano Paysan
102 Loisius Romeus Corigliano Paysan
Le sexe des téinoins
Lorsque nous jetons un premier coup d'ocil sur la liste des témoins du procès de Cosenza, deux constatations s'imposent. D'une part les hommes constituent l'écrasante majorité de ceux qui vinrent témoigner, ils sont en effet quatre-vingt-neuf alors que les femmes ne sont que treize, et d'autre part en ce qui concerne j'ustement ces dernières, certaines d'entre elles se présentèrent ensemble devant les enqueteurs puisque leurs dépositions se suivent.
La première question que nous sommes alors amenés à nous poser concerne ce déséquilibre des sexes. En effet pourquoi trouve-t-on aussi peu de femmes parmi les témoins? Uanalyse du contenu des dépositions peut à ce suiet étre très révélatrice. Elle confirme la supériorité numéríque des hommes mais elle permet également de mettre en évidence deux autres faits. Le premier se rapporte aux témoignages masculins. TrèS souvent ils font référence à des hommes qui pour la plupart n'appartiennent pas à la famille de celui qu' dépose. Quant aux femmes, ils s'y rapportent rarement, et lorsqu'ils le font, ces dernières font pratíquement toujours partie du cadre familial du témoin. Les inconnues sont en effet fort peu nombreuses. Le second fait qui ressort concerne quant à lui le témoignage féminin. Les femmes, au contraire des hommes ' relatent des événements se rapportant presque toujours à des membres de leur famille.
Que ce soit donc a travers les dépositions faites par les hommes r les femmes, les Calabraises sont toujours replacées dans un contexte familial, ce qui traduit bien à mon avis le róle qui leur était réservé. Rôle qui dans la société du XVè siècle ne dépassait pas le cadre de la famille.
C'est un fait, les femmes de cette époque vivaient dans un monde d'hommes dans lequel elles n'avaient pas leur place, si ce n'est, dans leur foyer. Les femmes sortaient donc très peu. Cantonnées dans des r,51es de fille, de soeur, d'épouse ou de mère, elles passaient le plus clair de leur temps chez elles. De ce fait, elles eurent moins souvent l'occasion de rencontrer François. De plus c'étalt presque toujours un mari ou un parent de sexe masculin qui afiait consulter le Paolan pour ellès. Parfois ce demier pouvait méme la conduire aupres de François, mais cela restait exceptionnel. La vie sociale des hommes se déroulait au contraire hors du foyer. La preuve, tous relatent des événements survenus à l'extérieur, et le fait qu'fls aient participe, pour la plupart, aux travaux de construction des couvents, favorisa leurs rencontres avec le Paolan. Dès le départ ils avaient donc plus matière à raconter que les femmes car plus souvent en contact avec François que ces dernières ne pouvaient l'étre. Uimportance numérique des dépositions masculínes peut donc en partie étre expliquée ainsi.
Sacbant que les femmes sottaient peu, il est logique de penser que celles qui allaient consulter le Paolan étaient peu nombreuses, aussi d'où le fait que les hommes fassent rarement allusion à un évé,nement concernant une femme inconnue. Les seules dont ils pouvaíent parler étaient celles qui appartenaient à leur famille car, comme nous venons de le voir, bien souvent ils avaient eux-me^mes joué un róle dans les événements que ces demieres avaient vécu. De méme, on peut penser qu'au moment du procès ce furent de préférence les hommes qui se déplacèrent pour aller témoigner, y compris lorsque les événernents relatés se rapportaient à leur épouse ou à une femme de leur famille. A partir du moment où íls avaient été témoins des faits survenus, rien ne les empéchait d'aller eux-mémes déposer.-. Un tel comportement ne contredirait pas en effet l'idée émise précédemment selon laquelle le róle de la femme serait pratiquement inexistant hors du cadre familial. Le témoignage apparaitrait donc comme étant également consídéré comme une "affaíre d'hommes". Mais comment expliquer alors que des femmes aient déposé?
En effet sur les cent-deux dépositions enregistrées, treize furent faites par des femmes, cinq à Cosenza et huit à Paterno. Analysons les cinq témoígnages féminins de Cosenza. Trois d'entre eux font état d'événements excluant toute présence masculine se rapportant à la famille de celles qui déposèrent. Polisena Cingona soignait des blessés dans le couvent de Paola, Perna de Segnorello déposa au sujet d'un miracle que le Paolan aurait accompli pour elle alors qu'elle n'était certainement qu'une enfant puisque c'est sa mère qui l'avait conduite auprès de ce dernier. Quant à Margarita Tudesca, elle relata deux événements, l'un la concernant directement, et l'autre se rapportant à sa fille. Enfin deux autres femmes firent allusion à des hommes appartenant à leur famille. Bella Brogni déposa au sujet de son mari joannis qui fut emmené à François après s'étre brúlé, et Margarita de Baccaro cita son père et son frère qui la conduisirent chez le Paolan alors qu'elle avait eu un malaise.
Pour trois de ces cinq femmes on peut envisager l'absence d'une présence masculine à leur c,5té lors du procès. Absence certainement due à un décès. N'oublions pas en effet que les témoignages furent recuci 'llis près de trente ans après le départ de François pour la France, et qu'entre temps de nombreux témoins avaient eu le temps de disparaitre. Le mari de Bella Brogni était très certaínement mort car il est intéressant de noter à ce sujet, que dans le procès de Cosenza, un autre témoin relata (1 02) sa mésaventure. Vu l'importance attachée à cet épisode, il ne fait aucun doute à mon avis, que si le principal intéressé avait encore été de ce monde en 1512, il se serait lui-méme déplacé pour aller témoigner de ce qui lui était arrivé. On peut égalenient imaginer que Margarita Tudesca était déjà veuve au moment où se déroulèrent les faits qu'elle relate dans sa déposition. Elle semble eiì effet, prendre toutes les initiatives, aussi bien pour elle que pour sa fille, ce qui est inhabituel dans le procès. Quant à Polisena Cingona, fut-elle un jour maríée? Si cui, peut-étre était-ce avec l'un de ceux qui participèrent à la construction des couvents.
Pendant que son mari travaillait, elle soignait les blessés. Mais partant de cette éventualité, ce dernier était-il encore vivant lors du procès? Reste enfin le cas de Margarita de Baccaro et celui de Perna de Segnorefio. Pour la première, son père et son frère étaient peut-étre décédés et pour la seconde, elle n'était peut-étre pas veuve lors du procès. Les faits que cette dernière relata dans sa déposition, nous laissent en effet enser qu'en 1512, elle n'étaít pas d'un áge très p
avancé et de ce fait, son mari était peut-etre encore vivant. Dans ce cas, pourquoi ce dernier a-t-il laissé sa femme aller témoigner? Tout simplement parce qu'il n'étaít pas présent lorsque se sont déroulés les faits rapportés aux enquéteurs. Il n'était me'me pas marié avec Perna puisque cette dernière fut "miraculée" alors qu'elle n'était qu'une enfant. Il n'avait donc aucune raison d'aeer témoigner à sa place. Le cas de Margarita de Baccaro confirme cette bypothèse. En effet nous trouvons dans le procès un témoin qui relate aussi son malaise, et qui n'est autre que son onde. Cependant comme ce dernier n'était pas présent lors des faits, le témoignage de sa nièce fut certainement jugé nécessaire pour donner plus de poids à la déposition.
Le fait qu'un homme laisse sa femme aller témoigner lorsqu'il n'a rien à voir avec les événements qu'elle rapporte peut donc se comprendre. Cependant si l'ori se replace dans la mentalità de l'époque, cela ne nous explíque pas pourquoi le mari de Perna laissa partir cette dernière toute seule de Paola à Cosenza. Eri fait il semblerait que justement elle ne se soit pas déplacée seule mais en compagnie de Margarita Tudesca puisque dans le procès leur deux dépositions se suivent. Nous avons donc ici l'ébauche de la constitution d'un etit groupe que nous retrouverons également, mais de fagon plus marquée, à Paterno. En effet lorsque les femmes sortaient de chez efies, il n'était pas rare qu'elles le fassent en compagnie d'autres femmes. Surtout lorsqu'elles étaient mariées. C'était un moyen pour les hommes de contróler leurs faits et gestes et de préserver leur honneur. C'était eri quelque sorte une fagon de garantir les bonnes moeurs. Vu sous cet angle, si Pema était mariée au moment aù elle déposa, il n'est pas impossible que son mari ait accepté de la laisser partir dès lors qu'une autre femme l'accompagnait, et qui plus est, une femme certainement plus ágée, ce qui était une garantie supplémentaire. En ce qui concerne les autres cas étudíés précédemment, intégrer le groupe n'était pas vraiment une nécessité car eres n'avaient pas derrière elles une présence masculine qui les y poussait. C'est pour cela notamment que je pense que Polisena Cingona, dont nous avons analysé le cas, n'était pas mariée ou bien alors qu'elle était, dans le cas contraire, veuve au moment du procès. Soulignons enfin que si Margarita de Baccaro n'intégra pas ce groupe c'est quelle était elle aussi accompagnée non pas d'une femme mais de son onde qui déposa juste après elle.
Uanalyse que nous venons de faire et les hypothèses que nous avons émiscs pourraient également s'appliquer aux huit femmes (103) qui déposèrent en groupe lors de la dernière séance qui fut tenue à Paterno. Deux raisons principales semblent donc avoir été à l'origine du fait que les femmes se déplacèrent elles-mêmes pour aller témoigner. Soit il n'y avait plus d'hommes dans leur foyer qui puissent accomplir cette táche à leur place, soit ceux qui s'y trouvaient n'avaient pas été témoins des faits relatés dans les dépositions et ne pouvaient donc pas se substituer à elles. Le témoignage reste donc une affaire d'hommes, et ce n'est que parce qu'elles ne pouvaient faire autrement que les quelques femmes que nous rencontrons dans le procès de Cosenza se présentèrent elles mémes devant les enquéteurs. A leurs yeux, et à ceux de tous les Calabrais en général, l'éventuelle canonisation de François valait bien un déplacement et une petite "révolution" des babitudes et de l'ordre établi.
Les noms de fanzille des témoiiis: étude des liens de parenté
Certains de ceux qui vinrent témoigner portaíent le méme nom, ce qui nous amène à nous demander si nous ne sommes pas en présence de parents ou d'époux. Ces cas de figure se répètent à dix reprises dans le procès de Cosenza. Nous pouvons tirer des conclusions súres pour quatre de ces cas. Les De Perri étaient en effet très certainement frères (1 04). Tous deux appartiennent au monde rural et témoignèrent le même jour. D'ailleurs leurs dépositions se suivent. Mais surtout Bartulus cite dans son témoignage son frère Lucas, or le second De Perri orte justement ce prénom. Leur lien de parenté ne p
fait donc aucun doute. A contrario, nous pouvons affirmer, que les Bombinus (105), les Florio (106) ou les Curtus (107) n'étaient pas parents. Joannes Bombinus était de Cosenza alors que Fabricius venait de Paterno. Ajoutons à cela le fait que le premier était noble et le second non, et nous pouvons affirmer sans crainte de nous tromper qu aucun lien de parenté ne les uníssait. La différence sociale était bien trop grande. Différence que nous retrouvons chez les Florio et les Curtus, ce qui nous permet de tirer les mémes conclusione.
Tous les cas ne sont cependant pas si faciles à résoudre. Les Carusus par exemple sont trois à porter ce nom (108). Le premier Nicolaus, maçon originaire de Paola, fait partie des vingt premiers témoins. Quant aux deux autres, Alexander et Andreas, tous deux ori ginaires de Paterno et sans métier précis, ils font partie des vingt derniers. La différence de provenance entre le premier et les deux autres laisse à penser que Nicolaus n'était pas un de leurs proches parents. En revanche, Alexander et Andreas l'étaient peut-étre. lls déposèrent en effet le méme jour(109). Ce n'est toutefois pas suffisant pour établir la nature exacte de leur lien, si lien il y avalt. Les mémés incertitudes se retrouvent pour les De Andriotta (1 10). Tous deux venaíent de Paola mais déposèrent à un jour d'intervalla. joannes qui était un frère appartenant à l'ordre de saint Augustin, faisait-il partie de la meme famille qu'Ambrosíus? Si oui, quel type de lien les unissaít? Il nous est absolument impossible de répondre à ces questione étant donné qu'aucun indice n'est contenu dans leur déposition.
Le problème se comphque encore plus avec les De Calindino (1 Il). Tous deux originaires de Paterno, ils témoignèrent le méme jour (1 12). Nous pouvons donc nous demander s'ils n'étaient pas parents. Mais à la différence des cas précédents, nous sommes ici en présence d'un homme et d'une femme. Ce qui nous amène alors à nous demander si nous ne sommes pas en présence d'époux. Méme problème pour les De Florio (1 13). Là aussi l'un est une femme, l'autre un homme. Personnellement,, je pense que des liens ont existé entre eux. Nous savons que les deux femmes étaient mariées. Rindisina de Calindino faisant allusion à sa fille, et Fina de Florio à l'un de ses fils, mais cela veut-il dire pour autant que les hommes qui portent le méme nom qu elles étaient leur époux? Il est étrange en effet de constata que ces derniers ne font pas référence aux "miracles" dont furent bénéficiaires les enfants des femmes citées précédemment et qui dans l'éventualité d'un lien matrimonial, devaient également étre les leurs. Notons aussi que Fina témoigna un jour après son hypothétique époux Bernardinus(114). Le fait quelle dépose sans lui n'est pas en lui-méme étonnant, étant donné qu'elle faisait partie d'un groupe composé de huit femmes. Ce qui l'est plus en revanche, c'est qu'à partir du moment où son mari devait se déplacer, il ne l'ait pas accompagnée. Si cette dernière était son épouse, il aurait été plus logique que le "coup'le" se déplace ensemble, méme si arrivée à destination, ou au moment de déposer, Fina avait rejoint les autres femmes. Les De Calindíno par exemple se déplacèrent le méme jour tous les deux (1 15). Pour les De Florio, le lien matrimonial n'est donc à mon avis pas très évident, et si lien il y a eu, il était certainement d'ordre familial.
Les deux derniers cas d'homonymes que nous rencontrons (1 16) chez les témoins concement enfin les De La Porta et les Turchus (1 17). Rien ne s'oppose à ce qu'ils aient appartenu à la méme famdle, le licu. de pro@,enance et l'appartenance sociale les rapprochant. Cependant rien dans le contenu de leur déposition ne nous permet de confirmer ou d'infirmer les hypothèses émises.
Il n'est donc pas aisé de mettre en évidence à partir de l'étude des noms de familles l'existence de liens parentaux entre les témolns, et les rares fois où cela est possible, c'est que nous possédons des informations supplémentaires comme pour les frères De Perri ou Margarita de Baccaro et son oncle Dominicus de Virgopia.
L'age des témoins
Quel fige les témoins pouvaient-ils avoir? C'est l'une des nombreuses questione concernant l'identité de ces derniets que nous pouvons nous poser, étant donné que le procès de Cosenza ne le mentionne pas. Cependant gráce à une petite indication se trouvant à la fin de chaque récit, nous pouvons, non pas leur donner un 'age précis, en effet sauf exception les incertítudes restent trop grandes, mais établir une fourchette et une moyenne.
Lorsque les témoins répondaient à la neuvième question posée par les enquéteurs concernant les míracles que François avait accompli, ils terminaient en général en précisant d'une part le lieu dans lequel s'est déroulée l'action et d'autre part le nombre d'années écoulées depuis. Ainsi par exemple lorsque Franciscus de Marco (118) familier du baron Jacobo de Tarsia relate la gráce accordée à son maître, il conclut par "De loco in Paola, De tempore a circa 35 anni" signifiant ainsi que le miracle fut accompli à Paola environ trente cinq ans aupara@,ant. Cette petite précision donnée par chaque témoin constitue un indice de grande valcur car en cherchant parmi les originaires du méme licu, celui qui relatait le prodige le plus récent et celui qui rapportalt le plus ancien, nous pouvons établir une fourchette tout simplement en ajoutant au nombre d'années écoulées depuis l'é@,énement en question un áge moyen de vingt ans donné en fonction du contenu méme des dépositíons. Tout porte à croire, en effet, que la majeure partie des témoins était assez jeune au moment des faits qui furent rapportés. Qu'ils disent avoir participé à certaines activités nécessitant une certaine résistance, comme par exemple transporter des poutres ou des blocs de pierre, ou qu' ils fassent allusíon à un père, une mère ou de jeunes enfants, les témoins sous-entendent eux-mémes qu'ils étaient jeunes lorsque se produisirent les evenements au suiet desquels ils déposèrent. Il convien-t tout de méme d'établir une marge d'erreur de plus ou moins dix ans, les incertitudes restant comme nous l'avons dít précédemment très grandes.
Prenons l'exemple des témoins originaires de Paola. Ambrosius de Andriotta (1 19) est l'un de ceux qui relatent les miracles les plus récents. Si nous ajoutons donc l'áge moyen de vingt ans au nombre d'années écoulées depuis les faits qu'íl rapporte, soit environ trentecinq ans, nous arrivons à un total de cínquante-cinq années ce qui nous autoríse à penser que cet homme, qui était certainement l'un des témoins les plus jeunes originaire de Paola, avait à peu pres cet áge lorsqu'il déposa. Sans oublier bien star la marge d'erreur qui à mon avis ne peut excéder dans un sens comme dans l'autre dix ans, car il est peu probable qu'il ait eu moins de dix ans lorsqu'íl transportait les poutres de bois depuis la montagne, ou plus de trente ans, car dans ce cas il aurait relaté des événements plus anciens comme le firent d'autres témoins. Pour ce qui est maintenant du déposant le plus ágé, il s'agit très certainement du "vénérable" ' Joannes Antonachius (120) puisque ce dernier rapporta les prodiges les plus anciens survenus soixante-trois ans auparavant et nous obtenons quatre-vingttrois ans. Estimation dont nous pouvons avoir confirmation gráce à une precision supplémentaire donnée par Antonachius lui-meme qui, repondant à la première questioni souligna que ses souvenirs remon taient a quatre-vingt-quinze ans environ. Malheureusement pour nous, les informations de ce type sont peu nombreuses dans le procés, et rarement nous pouvons avoir confirmation de l'estimation établie. D'où la nécessité de toujours bien garder présente à l'esprit pour la suite de cette étude la marge d'erreur. Joannes Antonachius est donc très certainement le témoin le plus ágé du procès, et pour en terminer avec lui, il est intéressant de remarquer qu'il fait partie de ceux qui connurent le mieux François, puisqu'il a répondu à neuf questione sur dix, et pour cause non seulement il est originaire de la méme cité que le Paolan mais en plus il appartiene à sa génération.
Nous pouvons donc conclure que la fourchette d'áge des témoins originaires de Paola s'étend de cinquante-cinq à quatre-vingt-quinze ans environ. Les mémes opérations peuvent étre faites pour les témoins venant de San Lucido et Paterno. A San Lucido, les figes varient entre soixante-huit et soixante-quinze ans environ. Le "noble" Joannes de Franco (121) ayant rapporté des événements remontant quarante-huit ans, et le "vénérable" Carolus de Pírro (122) ayant quant à lui témoigné d'un miracle accompli cinquante-cinq(123) ans avant l'enregistrement de sa déposition. Notons au passage que ce dernier appartiene tout comme Antonachius au monde des religieux et répondit à neuf questione sur dix. Soulignons enfin que Carolus de Pirro, avouant lui aussi que ses souvenirs remontaient à soixante-dix environ, confirme l'idée selon laquelle il était ágé d'à peu près soixante-quinze ans en 1512.
En ce qui concerne maintenant les témoins originaires de Paterno, la fourchette établie varie de cinquanta à soixante ans. joannes Pipe (124) et Adrianu Misasius (125) ayant respectivement témoigné de faits remontant à trente et quarante ans.
Le cas des témoins de Corigliano, pour en terminer avec la fourchette d'áge, est quant à lui particulíer. En effet étant seulement au nombre de deux, et rapportant des faits s'étant déroulés trente ans avant leur témoignage, nous ne pouvons en ce qui les concerne, qu'établir un fige moyen au moment où ils déposèrent. Nous l'obtenons selon le méme principe que précédemment, soit en ajoutant vingt ans aux années écoulées depuis le miracle, mais en ayaqt au préalable établi la moyenne du nombre d'années auxquels remontaient les faits relatés, soit trente ans pour Corigliano, et en tenant compte là aussi d'une marge d'erreur de plus ou moins dix ans. Ce qui au bout du compte nous donne, dans ce cas précis, une moyenne de cinquanta ans pour les deux témoins. Ces opérations nous permettent d'aborder l'áge des témoins d'une fagon differente en essayant d'établir l'áge moyen de ces derniers au moment de l'enquéte informative en 1512.
Analysons le détail des opérations faites pour les cinquante-et-un témoins originaires de Paola. Un rapporte des événements remontant à soixante-treize ans, deux à soixante, deux à cinquante-cinq, trois à cinquanta, quatre à quarante-cinq, un à quarante-trois, vingt-sept à quarante, neuf à trente-cinq et un à trente-six. Si nous addítionnons toutes ces années, nous arrivons à un total de 2097, que nous divisons ensuite par le nombre de témoins pris en compte dès le départ soit 51, et nous obtenons 41,11. Pour obtenir l'áge moyen, il suffit alors d'ajouter les vingt ans que l'on considère que chacun de ceux qui déposèrent au moment des faits rapportés avait et nous obtenons soíxante-et-un ans environ, áge pour lequel il faut bien entendu tenir compte d'une marge d'erreur de plus ou moins dix ans.
Les mémes opérations peuvent étre faites pour les témoins origínaires de San Lucido(126), Paterno(127) et Corigliano(128). Les résultats obtenus sont alors dans l'ordre, soixante-quatorze, cinquantecinq et cinquante-trois ans.
Quelles conclusione pouvons nous tírer de ces chiffres? Si nous prenons en compte uniquement les témoins Provenant des cités dans lesquelles le futur saint a édlfié ses couvents, la moyenne d'áge la plus élevée se trouve chez les témoins de Paola. Paterno venant en seconde position, et Corigliano en dernière. Or il est intéressant de remarquer que cette chronologie correspond parfaitement à celle des fondations de couvents. La plus ancienne était celle de Paola, en 1435, celle de Paterno venant juste après, puisque les travaux de construction débutèrent en 1444 et la plus récente étant celle de Corigliano en 1458. Uáge moyen des témoins suít donc les déplacements de François qui, originaire de Paola, s'est ensuite rendu à Paterno puis à Corigliano. Si nous incluons maintenant dans notre analysc les témoins qui ne sont pas originaires de ces lieux, à savoir ceux venant de Cosenza, San Lucido et Rovito nous constatons qu'aucun ne relate d'événements survenus chez eux, mais à Paola et à Paterno. Ceux qui rapportèrent des faíts s'étant déroulés dans la cité natale de François ont une moyenne d'áge plus élevée que ceux qui témoignèrent de miracles accomplis à Paterno, confirmant ainsi notre première constatation selon laquelle les premíers sont en moyenne plus ágés que les seconds. Comment expliquer cela?
Pour répondre à cette questioni il est je crois nécessaire de partir d'une objection que nous pouvons émettre au sujet de l'áge moyen de vingt ans que nous avions donné à chacun de ceux qui déposèrent au moment des faits qu'ils relatèrent, et de la marge d'erreur que nous avions fixé à plus ou moins dix ans. En effet peut-étre cet áge attribué n'est il pas valable! A rès tout, les témoins orig'naires de Paterno et de Corigliano pourraient très bien étre aussi ages que ceux venant de Paola. Mais alors, partant de ce point de vue et sachant qu'ils rapportent pour la plupart des événements s'étant déroulés chez eux, nous pouvons nous demander pourquoi ils n'en relatent pas de plus anciens.
Les témoins de Paterno rapportèrent des prodiges ayant été accomplis au maximum quarante ans auparavant. Ces miracles remontent donc au début des années 1470 alors que François séj'ournait dans cette cité depuis 1444, année de fondation du couvent. Devonsnous en déduire que pendant près de trente ans, le futur saint n'a accompli aucun prodige? La méme question est valable pour Corigliano où les deux témoins relatèrent des faíts remontant à une trentaine d'années, soit au début des années 1480 alors que le couvent de cette cité avait été fondé depuis 1458. Là aussi devons-nous en déduire que pendant près d'un quart de siècle, François n'a accompli au cours de ses différents séjours en ces líeux aucune action digne d'étre rapportée? Une telle éventualité est à mon avis impossible parce que lorsque le Paolan se rendit à Paterno puis à Corigliano pour y fonder scs couvents il était déjà réputé pour les miracles qu'il accomplissait chez lui. La preuve: certains témoins de Paola rapportèrent des faits 'étant déroulés chez eux soixante ans auparavant et méme parfois plus. Ces prodiges remontaient donc à la fin des années 1440, ce qui renforce l'idée @elon laquelle le Saint en aurait accompli dès son arrivée à Paterno et Corigliano, pendant ces années que les témoins originaires de ces lieux passèrent sous silence.
Mais alors nou\,elle questioni pourquoi aucun d'entre eux n'en fait état? Tout simplement parce qu'ils sont nés justement pendant ces années de silence qui s'échelonnent de 1444 à 1470 pour Paterno et de 1458 à 1482 pour Corigliano, ce qui confirme notre idée première selon laquelle les témoins originaires de ces cités étaient ágés d'une vingtaine d'années au moment où se déroulèrent les faits qu'ils rapportèrent, soit au début des années 1470 pour ceux de Paterno ou au début des années 1480 pour ceux de Corigliano, sans oublier la marge d'erreur que nous avons fixée à plus ou moins dix ans. Quant à ceux, plus ágés, qui furent témoins d'événements remontant à ces années de silence, ils ne purent venir déposer car en 1512 ils étaient certainement décédés. Peut-on croire pour autant que l'espérance de vie était plus courte à Paterno et Corigliano qu'à Paola? Certes non, il serait méme ridicule d'émettre une telle hypothèse. Mais alors pourquoi en 1512, ne trouve-ton pas de témoins appartenant à la tranche d'áge des soixante-quatorze - quatre-vingt-huit ans qui soient originaires de ces lieux, alors qu'on en trouve à Paola? Ces derniers qui avaient @7ingt ans en 1440 ou 1458, pourraient nous apporter de précicuses informations sur la vie et les actíons de François pendant ces années de silence.
La réponse doit étre à mon avis cherchée dans la biographie méme du Paolan. N'oublions pas en effet, qu'à Paola, ce dernier était chez lui. Il était l'enfant du pays et ayant résidé sans interruption dans cette cité, de sa naissance en 1416 jusqu'en 1444 date à laquelle il commen@a à effectuer de fréquents séjours à Paterno, puis à Corígliano, où il édifiait des couvents, c'est là, à Paola, plus que partout ailleurs, qu'il eut l'occasion de rencontrer le plus e mon e et d'accomplir le plus grand nombre de miracles. Nombreux furent les Paolans qui participèrent à la construction de son premier couvent. Uaction du futur saint dans sa ville natale a donc concerné une bonne partíe, pour ne pas dire la presque totalité de ses concitoyens qui d'une fa@on ou d'une autre furent témoins de quelque chose, ce qui explique qu'ayant survécu jusqu'en 1512, les rares Paolans appartenant à sa génération aient pu étre en mesure d'apporta leurs témoignages au sujet de son action et de scs tout premiers m'racles. C'est le cas de Joannes Antonachius mais aussi, de Joannes de Simeono, ou d'Antonius Mendolilla. Ces derniers rapportèrent des evenements survenus près de soixante ans avant l'enregistrement de leur déposítion en 1512.
En revanche, à Paterno et à plus forte raison à Corigliano, François n'était pas chez lui et les séjours qu'il y fit ne sont attestés dans sa biographie de fagon certaine qu'à partir de l'ác,,e de trentetrois ans pour Paterno et de quarante-deux ans pour Corigliano. Uimpact qu'fl eut sur les populations de ces lieux est donc moindre que celui qu'il a pu avoir à Paola. Les chances en 1512 de trouver des témoins directs qui soient donc originaires de ces líeux et capables de témoigner de l'action du Paolan pendant les années qui furent passées sous silence étaient plus réduites qu'à Paola. Le temps s 'étant chargé de les faire disparaitre. Scules les tranches d'áge des cinquanta - soixante ans furent en mesure de foumir des témoins.
Tout porte donc à croire que les fourchettes et les moyennes d'áge établies précédemment, sont valables et que les témoins venant de Paola étaient plus agés que ceux de Paterno, ceux de Corigliano étant plus jeunes.
Uappartenance sociale des témoins calabrais
Appartenance
Nobles Ecclésiastiques Peuple Femmes Diverssociale
Profession Paysans Maçons Divers
Nombre de
Témoins 14 6 24 8 13 8
L:appartenance sociale des témoins du procès de Cosenza est aisée à établir. En effet, nombreuses sont les informations qui nous sont fournies par les dépositions. Pour certaines catégories sociales l'appartenance est me'me précisée dès le départ. Ainsi, pour les quatorze nobles répertoriés, pouvons-nous trouver le qualificatif "Nobilís" en téte méme des dépositions. Un seul fait exception à cette règle, Galassus de Tarsia (129), qui est dit "Magnificus Dominus". Ce dernier, dont le titre de baron de Belmonte est également précisé, appartiene à une famille de grande noblesse et qui sans doute est la plus prestigieuse de toutes cefies que l'on rencontre dans le proces. Les autres représentants de la noblesse, présents parmi les cent-deux témoins, étant quant à eux issus de lignées rnoins filustres.
Ceux qui appartiennent au monde religieux sont également tres facilement identifiables, les six témoins concernés étant qualifiés de "Venerabihs". Leurs fonctions nous sont méme dans certains cas données. Ainsi Frère Franciscus (13 0) et Frère Joannes de Andriotta (13 1) fai-. saient-ils partie de l'ordre des Augustins. Le premier en était méme l'un des prieurs. Nous savons également que Hieronymus (132) de Baldario était archiprétre à Paola et qu'enfin Carolus de Pirro (133) était l'un des chanoines de l'Eglise de Cosenza. Il n'y a que pour Joannes Antonachius et Petrus Polita (134) que les fonctions ne furent pas précisées. Le premier, étant donné son áge avancé, quatrevingt-quinze ans environ en 1512, n'occupait peut-étre plus aucune charge particulière, ce qui expliquerait ce silence. Quant au second, il est possible qu'il ait appartenu à la "famifle", fondée par le Saint sans toutefois que cela soit vérifiable.
Nobles et religieux sont donc clairement identifiables par l'énoncé méme de leur identité que nous trouvons en téte de leur déposition. En revanche pour les autres l'appartenance sociale est plus subtúe à saisir, l'activité professionnehe n'étant pas toujours clairement indiquée. Cependant en lisant attentivement les témoignages, nous pouvons tout de méme l'établir.
Vingt-quatre témoins peu,,,ent étre classés dans la categorie "paysan" mais tous n'avaient pas le méme statut. Cela allait du propriétaire au simple travailleur des champs, en passant par le possesseur d'une paire de bocufs par exemple, comme Ambrosius de Andríotta (135). Les paysans dont nous pouvons établir qu'íls étaient propriétaires d'une petite exploitation sont fort peu nombreux. Quatre (136) au total, et encore ne sommes-nous pas súrs qu'ils l'étaient à part entière. Peut-étre n'étaient-ils en effet que fermiers ou métayers. Quoi qua en soit, nous sommes certains qu'ils avaient une terre à cultíver, ce qui est Ioin d'étre aussi star pour les dix-neuf autres témoins que nous avons classés dans cette categorie. Faut-il alors en déduire que ces derniers étaient de simples travailleurs des champs? Cela n'aurait rien d'étonnant surtout dans cette région qui pendant très longtemps fut la terre des "latifundiac".
Autre groupe socio-professionnel, les maçons. Au nombre de huit, tous participèrent à la construction des couvents de François. Nous trouvons méme un maltre maçon en la personne de Petrus Genvise (137) qui dans le procès fut qualifié de "Magister". Ce chiffre peut paraltre très faible en comparaison du nombre impressionnant de miracles se rapportant aux chantiers de construction des couvents. C'est qu'en fait, sauf quelques rares cas, la plupart des témoins répertoriés comme paysans ont également participé à ces chantiers.
Le mobilitè de l'emploi semble donc très grande, et peut étre expliquee par le fait que n'étant pas pour la plupart attach' es en tant que propriétaires, fermiers ou métayers à une terre, ils devaient se contenter du statut de travailleur des champs, ce qui explique qu'ils ne travaillaient qu'à certaines périodes de l'annee et principalement au moment des moissons. Cette activíté, avant tout saisonnière, les laissait donc libres toute une partie de l'année pendant laquelle, sans travail, As acceptaient pour survivre ce qu'on leur proposait, en l'occurrence des travaux de construction. D'où cette grande mobilité du travail qui devait également concerner les vingt-neuf témoins pour lesquels il est impossible d'établir une profession precise. Et pour cause, ds n'en avaient pas. Ils faisaient ce qu,ils trouvaient à faire. Aínsi bon nombre d'entre eux aidèrent par exemple le Paolan à édifier ses couvents. Par dévotion c'est vrai, la réputation de sainteté et le charisme de François étant sans conteste I une des principales motivarions, mais il faut avouer que l'assurance d'un repas ne devait certainement pas laisser indifferente ceux qui sans travail n'avaient aucun moyen de sussister Et effectivement à de très nombreuses reprises, fi est dit dans le procès, par les témoins eux-mémes d'ailleurs, que le Paolan préparait des repas ou envoyait manger les ouvriers de ses chantiers.
Enfin certains témoins exer@aient des métiers aussi divers les uns ue les autres. Au fil des témoignages, nous pouvons rencontrer un er er (138), un marin (139) qui transportait du vin, un pécheur, (140) un familier du baron de Be"onte (14 1), un copiste (142), un employé de notaire (143) ou bien encore un fonctionnaire char é de faire re9
specter l'ordre et la justice (144) ou un cordonnier (145).
A cet ensemble de catégories regroupant les témoins selon leur appartenance sociale, j'en ajouterais une dernière celle des femmes,
qui justifie sa présence dans ce chapitre, car du fait méme de la place qui leur était réservée dans la société calabraise du XVè siècle, elles ne pouvaient entrer dans le cadre de l'un des groupes cités précédemment, et les laisser volontairement de cóté, aurait rendu incomplet ce "panorama social".
Les conditions économiques des témoins calabrais nous apparaissent donc comme assez dífficiles du fait méme de la précarité de leur emploi. Sans attaches solides, ils nous donnent presque l'impression de vivre "au jour le jour" sans savoir de q ' uoí leurs lendemains seront faits. D'autant plus qu'eri dehors des activités agricoles et des chantiers du Paolan, on ne voit pas très bien ce qui pourrait leur donner du travaú. Les débouchés o-fferts ar le commerce apparaissent comme extrémement réduits. Un seurtémoin, deux au maximum, semblent en effet s'adonner à cette activitè. Quant aux autres professions représentées, elles graviterit presque toutes autour du monde religieux ou de la noblesse, mais nécessitant une certaine culture, elles se ferment du méme coup à la plus grande partie de la population qui n'a d'autre choix que d'essayer de trouver de petits travaux pour pouvoir survivre.
Provenance et mobílité des téinoins calabrais
Légende
C = Cosenza
cc CC = Corigliano
P = Paola
P PA = Paterno
R = Rovito
A = Arena (26)
SL P
F AM = Amantea (81)
A "La Manta"
MT
MER AP = Aprdiano (98)
TYRRHENIEI CR = Crotone (67)
-RA F = Fuscaldo (6)*
FF = Fiume-Freddo (55)
LT = Lattarico (30)
l'ER M Mangone (29)
IENNE MT Motta (81)
R Regina (14)
RA Rocca Angitola (83)
"Rocca de Anzitola"
RD Rende (14)
PC Pedace (72)
"Pedachi"
SC Scigliano (51)
? jorano (67)
(D = Provenance des témoins ? Fligine (88)
= Provenance des miraculés cités dans le procès de Cosenza
= Il s'agit du lieu de provenance de la mère de François
? = Localisation impossible
= Numéros des témoins concerne
Lieux des séances
du procès Cosenza San Lucido Paterno Corigliano
Lieux d'origines
des témoins Cosenza Paola San Lucido Rovito Paterno Corigliano
Nombre de témoins
concerne 5 51 5 38, 2
Le lieu de provenance est l'une des rares indications concernant l'identíté des témoins qui nous soit données avec precision. Certes dans quelques rares cas, sept (146) au total, il n'est pas mentionné, mais à la lecture des dépositions nous pouvons très facilement l'établir. Ainsi par déduction, nous pouvons dire par exemple que Franciscus de Marco était de Cosenza car faisant partie de la maison du baron de Belmonte, Jacobo de Tarsia, père de Galassus, il est normal qu'íl ait résidé dans la méme cité que ses máitres.
Les lieux d'origine des témoins ne posent donc pas de problèmes majeurs, et en les étudiant de plus près, nous pouvons nous rendre compte de l'intérét des informations qu'ils nous apportent, notamment sur la mobílité des déposants.
Sur les cinquante-huit dépositions enregistrées à Cosenza, cínq témoins seulement étaient originaires de cette ville, l'es -cinquante-et-un autres venant de Paola. Rien de surprenant à cela car aucune séance ne fut tenue dans la cité natale de François et les concitoyens de ce dernier durent donc faire le déplacement jusqu'à Cosenza pour témoigner de ce qu'ils savaient sur lui, d'où leur importance numérique. La faiblesse des Cossentins s'expliquait quant à elle par le fait que le Paolan n'avait jamais séjoumé dans leur ville. D'ailleurs ni eux ni aucun autre témoin du procès ne relatèrent d'événements survenus entre ces murs.
A San Lucido, ce furent six témoins qui se présentèrent devant les enquéteurs. Cinq étaient originaires du lieu méme, et un avait fait le déplacement depuis Rovito. Quant à Paterno et Corigliano tous ceux qui vinrent déposer babitaient ces cités.
A première vue, nous avons donc l'impression que les Calabrais se déplacèrent très peu pour aller soutenir la cause du candidat aux autels. Les Paolarís faisant exception et pour cause, aucune séance n 'était prévue chez eux. Cependant il serait trop bátif de déduire que seuls les concitoyens de François jugèrent que l'éventuefle cano nisation de ce dernier valait bíen un déplacement. En effet n'oublions pas que l'enquéte informative fut réalisée près de trente ans après le départ du Paolan pour la France, et qu'entre temps, bon nombre de témoins avait eu le temps de disparaitre. Cela, les enquéteurs le savaient. Aussi ne choisirent-fls pas au hasard le líeu des séances. Effectivement les chances de trouver des témoins encore vivants étaíent plus grandes dans les endroíts où François avait fréquemment séjourné que - dans ceux où fi n'avait fait que de très brefs passages. D'où le cboix de Paterno et de Corigliano où il avait construit des couvents. Le choix de San Lucido et surtout de Cosenza s'expliquant per leur situatíon géographique. Il fahait pouvoir attirer d'éventuels témoins habitant dans les vihages des alentours. Comment expliquer alors qu'aucune séance ne se soit tenue à Paola? Ce fut à mon avis un choix délibéré de la part des enquéteurs, car sachant qu'fl s'agissaít de la cité natale de FranQois, ils savaient aussi que c'était certainement le lieu dans lequel se trouvait le plus grand nombre de témoins et qu en tenant plusieurs séances à Cosenza qui n'étaít pas très éloignée, ces derniers ne manqueralent pas de venir appuyer la cause de l'enfant du pays. Ce qui d'ailleurs arriva.
Si nous avons donc cette "fausse" impression selon laquefle seuls les Paolans jugèrent utile de se déplacer, c'est que partout aifleurs sauf chez eux, les enquéteurs se portèrent au devant des témoins, lesquels, au contraire des concitoyens de François, n'avaient alors aucune raison de se déplacer. Il est donc impossible de tirer des conclusions sur la mobúité des témoins uniquement à partir des lieux de provenance sans risquer d'avoir une vision déformée de la réalité. Un approfondissement s'impose donc. Nous pouvons avoir une idée plus précise en étudiant o@, en fonction de leur lieu d'origine, les déposants situèrent les événements qu'ds relatèrent. Ainsi les Paolans témoignèrent-ús avant tout de faits survenus chez eux. Neuf d'entre eux cependant, en rapportèrent quelques uns se situant à Paterno (147). Quant aux témoins de Paterno, ds firent presque toujours afiusion à leur cité. Deux échappent tout de méme à la rèàle puisqu'ils se référèrent(148) à la cité natale de François. Des déplaceme'nts avaient donc lieu entre ces villes, surtout de Paola vers Paterno. Nombreux étaient en effet les concitoyens du Saint qui particípaient aux chantiers de ce dernier. Des échanges avaient également lieu avec San Lucido et Rovito comme nous le confirment les déposants originaires de ces localités. En revanche les deux témoins entendus à Corigliano ne mentionnèrent aucun événement survenu hors de chez eux.
Il semblerait donc que les déplacements n'excédaient pas une distance de trente kilomètres à vol d'oiseau. Cette distance étant celle qui séparait Paola de Paterno.
Si nous élargissons maintenant le champ de notre analyse, en incluant les déplacements de ceux qui venaíent demander une gr'ace, nous avons confirmation de notre première impression. En effet, la grande majorité était originaire de localítés situées dans un rayon de moins de trente kilomètres autour de Cosenza, et rares furent ceux qui parcoururent une distance plus importante. Le cas le plus éloígné venant d'Arena situé à une soixantaine de kilomètres à vol d'oiseau au sud de Cosenza. Cet exemple est d'ailleurs intéressant à plus d'un titre car le témoin le mentionnant précisa méme que deux jours de marche étaient nécessaires pour faire le trajet d'Arena à Paola. La distance moyenne parcourue étant donc toujours à vol d'oíseau, de trente kilomètres par jour.
La conclusion que nous pouvons tirer d'une telle analysc met donc en lumière le fait que les Calabrais se dépla@aient très peu et lorsqu' ils le faisaient, leur temps de voyage ne dépassait que très rarement la journée de marche. Leur horizon était donc très límité. Un seul témoin fit d'ailleurs allusion à un lieu qui ne soit pas calabrais, et encore n'était-il pas très éloigné de cette région, puisqu'il sagit de la ville de Naples (149). C'est donc dans un sens assez restreint qua faut comprendre cette petite phrase qui revient dans de très nombreuses dépositions selon laquelle "toute la province courait voir François".
Les prénoms des témoins calabraís
Types de Tradition Référenee à un
prénoms Italo lieu ou à une Origines Humanistes Inclassables
calabraise particularité étrangères
Nombre de
prénoms 34 7 6 3 2
Nornbre de
térnoins
concernés 74 7 16 3 2
Les prénoms des témoins calabrais peuvent étre classés selon différentes catégories. En effet certains, qu'ils soient locaux, hérités de l'antiquité ou de l'Eglise catholique, sont ce que j'appellerais des prénoms traditionnels. D'autres se sont formés à partir d'une particularité physique ou d'un nom de líeu; et enfin nous trouvons des prénoms d'origine étrangère ou de type humaniste. Une fois classifiés, quelles constatations, quelles informations et quelles conclusione pouvons-nous tirer?
La première constatation que nous puissions faire est que les prénoms traditionnels sont de Ioin les plus nombreux. Ces derniers, au nombre de trentequatre furent portés par soixante-quatorze témoins. Si nous analysons de plus près cette liste, nous pouvons nous rendre compte que certains connurent plus de succès que d'autres. Ainsi Antonius, prénom d'empereur hérité de l'époque romaine, est par exemple cité à neuf reprises, de méme que Nicolaus qui revient quant à lui dix et méme onze fois si nous comptabilisons sa variante féminine Nicolia. Cependant aucun ne peut prétendre égaler le succès remporté par joannes qui fut porté par quatorze témoins dont une femme prénommée joanna. Ce prénom est certainement celui qui fut le plus usité dans le monde chrétien de l'époque. Le procès de Tours nous le confirme puisque nombreux furent les témoins français, hommes ou femmes, a s)appeler ainsi. Mais d'autres sembleraicnt également avoír connu un certain succès. Andreas, Alexander, Petrus, Jacobus ou Lucas reviennent en effet à plusieurs reprises. Hérités de l'antiquité ou bien mis à "la mode" par l'Eglise, ils représentent la majorité des prénoms traditionnels portés par les témoins. Toutefois, certains Calabrais, cinq au total firent preuve de plus d'originalité en portant des prénoms qui tout en restant dans la tradition, avaient une consonance plus locale. Nous pouvons citer à titre d'exemple, ceux de Perna qui en dialecte local signifie perle, de Galassus ou bien encore Pirrus.
Autre constatation, la présence de prénoms faisant référence à une particularité physique ou à un lieu. Au nombre de sept, il furent chacun portés par un scul témoin. Autant dire qu'ús sont Ioin d'égaler le succès des précédents. Pour ce qui est des particularités physiques ou anatomiques, deux, Bella et Bellinus, font référence à la beauté, un, Cal@,arius, à la calvitie et un dernier, Firia traduit la finesse. En ce qui concerne les lieux, un des trois prénoms s'y référant est porté par une femme, Rindisina et se rapporte au nom d'un village calabrais se trou\,ant entre Cosenza et Paola, celui de Rende. Quant aux deux autres, l'un, Salernus, se réfère à la ville de Salerne au sud de Naples et l'autre, Rausius, fait allusion à la cité de Raguse en Sicile.
Nous pouvons également remarquer que seize témoins portaient des prénoms d'origine étrangère. Deux viennent de la France et quatre des pa@ls germaniques. Parmi les prénoms français, Franciscus est intéressant à analyser car d'une part c'est ainsi que ce prénommait le Paolan et d'autre part il fait partie de ceux qui rencontrèrent le plus de succès chez les Calabrais. Ce succès fut très certainement lié à la popularité dont jouissaient saint François d'Assise et les Franciscains dans la région. N'oublions pas en effet, que c'e st en remerciement au grand saint de l'Ombrie du XIIlè siècle que Vienna et Jacobo prénommèrent leur fils François.
Enfin dernière categorie représentée dans la liste, celle des prénoms
mis à la mode pendant la Renaissance, de type humaniste qui
avec Fabianus, Fabricius et Polisena est la plus pauvre. Chacun de ces derniers n'ayant été porté que par un seul témoin.
Comment pouvons-nous interpréter cette liste? Nous pouvons tout d abord affirmer sans crainte de nous tromper que certains prénoms sont le refiet des différentes influences subies par la Calabre. Ori trouve eri effet des prénoms d'origine germanique comme Robertus, Gullielmus ou Carolus. Mais certains sont également d'origine franqaise comme Loisius, ou bien encore d'origine espagnole comme Ferrante. Mais dans ce dernier cas, nous sortons du cadre de la liste des temoins car aucun d'eux ne se prénommait ainsi. Il s'agit eri effet du roi cité lors de la dé osition du baron de Belmonte. Nous devons avouer que ces prénoms d'origine étrangère sont Ioin de representer la majoríté de ceux portés par les témoìns et, force est de reconnaitre que, malgré les différentes et nombreuses influences que la région ait connues, les prénoms traditionnels restèrent majoritaires. Locaux mais surtout hérités du passé latin et de l'action de l'Eglise qui sut imposer les noms des apótres, des évangélistes, et des grands saints de la chrétienté, ils traduisent bien une réalité, celle d'une région qui malgré les dominations étrangères qui s'imposèrent à elle, est restée repliée sur elle-méme et ne fut que peu sensible aux influences extérieu@es. Certes quelques emprunts furent faits aux cultures germanique, française et espagnole qui par le biais d'invasione et surtout de monarques étrangers tentèrent au ffi des siècles de s'implanter dans le sud de la péninsule italíenne, mais la tradition perdura et méme les prénoms mis eri vogue pendant la Renaissance ne remirent pas eri cause sa prédominance, Ioin de là. Quant aux quelques prenoms faisant référence à des particularités physiques ou à des lieux, les expllcations que nous pouvons essayer de donner se limitent à des hypothèses que rien ne nous permet de vérifier étant donné que nous connaissons peu, pour ne pas dire pas du tout, la biographie des témoins. Rien ne nous empéche cependant d'imaginer que certains furent donnés eri raison de certains caractères particu@iers ou pour bonorer un ou plusieurs parents qui avaient eu des liens avec des cités comme Rende, Salerne, ou Raguse.
Prénótns s'inscrivant dans la tradition calabraise
Adrianus A (1) Dominicus E (1) Matthaus E (1)
Alexander A (2) Durabilis E (1) Neapolus E (1)
Ambrosius E (1) Galassus L (1) Nicolaus E (1 0)
Andreas A (4) Hieronymus E (1) Nicolia E (1)
Angelus A (1) jacobus E (3) Paulus E (1)
Antonius A (9) joanna E (1) Pascuus E (1)
Barthulucius E (1) joannes E (13) Perna L (1)
Bartulus E (1) jordanus E (1) Petrus E (3)
Catherina E (1) Lucas E (3) Pirrus L (1)
Cristianus E (1) Margarita A (2) Polinus E (1)
Dominica E (1) Marinus A (1) Rosa L (1)
Salvator L (1)
Prénoins d'origine étrangère
Francíscus F (6) Bernardinus G (3) Gullielmus G (1)
Loisius F (3) Carolus G (2) Robertus G (1)
Prénonis se référant à une particularíté ou à un lieu
Bella p (1) Rausius x (1)
Bellinus P (1) Rindisina x (1)
Calvanus P (1) Salernus x (1)
Fina p (1)
Préno)ns bumaizistes et ínclassables
Fabianus H (1) Venchius i (1)
Fabricíus H (1) Docaria i (1)
Polisena H (1)
Légende
A = prénoi-ns hérités de l'antiquité
E = prénoins hérités de l'action de l'Eglise ou qui lui doivent leur diffusion
F = prenoti d'origine frangaise
G = prénoiìis d'origine gerinaiìique
H = prénoms inis à la mode et diffusés par l'humanisme
I = préiioms inclassabies
L = prénoms locaux
X = prénoiiis formés à partir de noms de lieux
( ) = les chiffres entre parenthèses indiquent le nombre de téinoins qui portent le prénom inscrit à cóté
CHAPITRE II
LES TEMOINS TOURANGEAUX
Noins et prénoms des
ténzoins de Totirs Age Profession
1 lohannes Bourdichon 56 Peintre du roi
2 Michael Marscil 40 Magon
3 Iohannes Cormiers 50 Prétre
4 Iohannes Gaudin 60 Marchand
5 Iohannes lohis 74 Marchand
6 Emericus Bernardeu 54 Marchand
7 Franciscus Laurens 40 Charretíer
8 Carolus Chepault 27 Charretíer
9 Bertrandus Bournault 60 Marchand
10 Catherina Bergerelle
veuve Hugneti Mansays 50 Femme
11 Maria
épouse Radulphi Vallee 29 Femme
12 Petrus Baillebis 43 Avocat
13 lohanna
veuve Martin Daulin 45 Femme
14 Iohanna
épouse Hillarii Bonhomme 50 Sage-femme
15 Iohanna
veuve Thome Vaillant 50 Femme
16 Renata
épouse Petri Courselles 45 Femme de marchand
17 lohanna
épouse Iohannis Mesnaige 33 Femme de marchand
18 Iohanna Hameline épouse
Davidis Le Maistre
56 Femme de marchand
19 Cornelius Crestien 40 Mercier
20 Maria
veuve Andree Ligier 47 Femme de marchand
21 Olivia
.. épouse Anthonii Mangois 32 Femme de marchand
22 Gervasota Femme d'un
veuve Iohannis Lopin 61 Licentié en droit
23 Petronilla
épouse lohannis Cleveau 30 Femme de marchand
DELL'ORDINE DEI MINIMI 289
24 lobànnì Be@innalet l'emme d'un
Acuti @tcl)hani Binet 50 administrateur de justice
25 (@uille-iìnìa Biliet
\-cupo @lichelis Pele 58 Femme de marchand
26 Catherina époiìse Femme d'un officier de
Guille'imi de Lo@,on 47 la maison de la reine
27 Nlathtirinus Cha'brion 31 Prétre
28 lohanna Bernici,
épouse lohannis de Billon 36 Femme d'un avocat
29 Martina Fichepain
épouse Graciani Boucalt 33 Femme de marchand
30 lohannes Lescart
allas '\Ionjoy,e 29 Marchand
31 Pasquerius Bo@,leau 60 Fontainier du cháteau
32 Petrus Counoisier 30 Barbier
33 Catherina Rusce \,eu@,e
Gulllelml de Beaune 54 Noble
34 lohannes Thonart 52 Domestique du roi
35 lohannes Galle 50 Cuisinier
36 Frère
Martinus de la Have 60
37 Alexius Dargouges 45 Bourgeois
38 Frère
Leonardus Barbier 33 Ordre des Minimes
39 Patricius Binet 52 Bourgeois
40 Martinus Morcau 50 Marchand
41 lohannes Nloreau 60 Noble
42 Frère
Stephanus Iol@ls 45 Ordre des Minimes
43 Anthcnl@i,, Nlau,-ris 45 Marchand
44 1(,han-iL-.; \Iutei-ne 32 Marchand
45 loha.---a époue
Anib.o,ìll Fillesa\,e 26 Femme de marchand
46 lohanna épouse
Gtiili-,Imi Pere 35 Femme d'un sellier
47 Cathe-ina lousseta
\,eu\-e Nicolai i\lanechier 60 Femme
48 Da\-I,' le \Iaistre 57 Boucher
49 Thorr.-,s lacob 53 Trésourier
50 RobCr7,,is Touschet 60 Cuisinier du roi
51 Perruz,'Pj-(.,ust 37 Marchand
52 Catb.@--,-Ina A\,rolde
1,,,han'nls Patilniler 57 Femme de magistrat
53 Step'naniìs Lancea 50 Prétre Calabrais
54 Patricius Coguebourgii 40 Gardien du cháteau
55 Ludovica Poupdlart
épouse Felicis Martel 30 Noble
56 Maria épouse 55 Femme d'un
Pasquerii Bouillíau 60 fontainier de cháteau
57 Guillelmus Sireau 43 Licencié en droit
Le sexe des témoins du procès de Tours
Si les femmes étaient peu nombreuses dans le,procès de Cosenza, au contraire, dans le procès de Tours elles representent presque la moitié des témoins. En effet sur les cinquante-sept dépositions enregistrées, vingt-quatre furent faites par des femmes. A l'inverse des Calabraises, les Tourangefles semblent donc avoir eu de nombreux contacts avec François ou du moins elles l'ont approché plus fréquemment, plus facilement. De ce fait efies eurent plus matière à raconter. Cette impressíon se confirme à la lecture de leur déposition. Nombreuses sont celles qui décrivirent la vie de tous les jours du Paolan et notamment son régime alimentare si particulier. C'est que ces femmes étaient essez libres de leurs mouvements. Efies n'étaient pas "cantonnées" dans leur foyer. Elles allaient et venaient dans la cite, vaquaient à leurs occupations et à l'occasion, voyaient celui que Louis XI appelaític "Bonhomme". Cette relative "liberté" contrasto avec la situation des Calabraises. Cependant un fait les rapproche de ces dernières, le groupe. En effet les Tourangelles, qu'elles soient veuves ou m ariées, le procès nous donne cette précieuse information, semblaient se déplacer elles aussi accompagnées d'autres femmes, sauf quelques rares exceptions.
Uenquéte informative se déroula en vingt-et-une sessíon et il est intéressant de noter que les dépositions féminines ne sont pratiquement jamais mélangées à celles des hommes, mais toujours regroupées. Ce qui à mon avis indique que ces groupes ne se sont pas constitués au basard, mais que les Tourangelles se sont bel et bíen déplacées et présentées ensemble devant les enquéteurs. Certaines sessions, la troisième, la cinquième et la sixíème, ne comportent méme que des témoignages féminins. Il convient donc de nuancer la liberté de mouvement de ces femmes, qui, si elles ont pu, pour certaines, témoigner plusieurs jours après que leur propre mari ait lui-mémes déposé (150), ne furent pas pour autant "Iáchées dans la nature". A ce sujet, il nous faut souligner que chacun de ces petits groupes comportait au moins une veuve ou une femme plus ágée qui comme en Calabre, garantissait par sa seule présence les bonnes moeurs des jeunes femmes ou des épouses.
Nous retrouvons donc ici l'un des aspects que nous avions rencontré lors de l'étude de la situation des femmes calabraises. Cependant quelques Tourangelles, très peu à vrai dire puisqu'elles ne sont que quatre, firent exception et se présentèrent seules devant les enquéteurs. Pour trois d'entre elles nous pouvons émettre une hypothèse. Catherine Ayrolde, par exemple, était une veuve de cinquante-sept ans et de ce fait se trouvait moins líée à certaines "convenances" auxquelles les autres devaient par contre se soumettre. Quant à Catherine Rusee, son appartenance méme à la noblesse, l,éIoignait des groupes constitués par des femmes issues de la bourgeoisie ou du peuple. Le cas de Martina Fichepain s'éclaírcit à la lecture de la déposition de Iohannes Lescart qui se présenta en méme temps qu'elle au procès et qui n'est autre que son frère. En revanche A est plus difficile d'émettre une hypothèse pour lohanna Bernier, épouse d'un magistrat, qui elle, se présenta seule.
Il ne faut donc pas exagérer la "liberté" des Tourangefles qui, s 'il est vrai qu'elles étaient plus "émancipées" que les Calabraises n'en restaient pas moins femmes avec tout ce que cela comportait d'interdits et de compromis dans un monde avant tout masculin.
Les noins de famille des témoins: étude des liens de parenté
Les noms peuvent-ils nous aider à mettre en lumíère des liens entre certains témoins?
Pour ce qui est des époux, l'onomastique ne peut nous renseigner plus que ne le fait le procès lui-méme. En effet nous savons avec précision avec qui était mariée chacune de celles qui v'mrent déposer puisque le nom et le prénom de leur époux étaient précisées dans l'énoncé de leur identité. A ce sujet, il est intéressant de noter que deux d'entre eux témoignèrent aussi. Il s'agit de David le Maistre (151) et Pasquerius Boyleau (152) dont le nom fut déformé en Boudliau lorsqu'il fut mentionné à l'occasion de la déposition de sa femme(153) près d'un mois plus tard(154).
Nous savons donc parfaitement qui était marié avec qui. En revanche sauf exception, nous ne savons rien des autres liens familiaux qui ont pu exister entre certains témoins. Nous trouvons deux Iolys (155) trois Binet (156) et deux Moreau (157). Pour ce qui est des deux premiers cas, une parenté n'est pas impossible. Déjà rien ne s'y oppose puisque tous appartiennent à la bourgeoisie sauf frère Stephanus Iolys qui fait quant à lui partie de l'ordre des Minimes. Appartenance qui est en rien incompatible avec un éventuel lien de parenté qui l'unirait a son homonyme Iohannes Iohís qui lui, faisait partie de la bourgeoisie marchande. Dans certains cas comme pour Stephani Binet et Patricius Bínet, nous pouvons méme constata qu'ils habitaient dans la méme paroisse, celle de "Sancti Petri Puellarum", ce qui renforce alors l'idée d'un lien. Cependant, il nous est, faute de précisions supplémentaires, impossible d'en conna^itre là aussi le degré.
Paradoxalement les seuls témoins dont nous soyons súrs qu'ils etaient parents ne portent pas le méme nom de famille. Il s'agit de Martina Fichepain et Iohannes Lescart dit Monjoye qui sont frère et soeur. Quant aux Moreau, il est fort improbable qu'ils aient fait partie de la méme famille, Martinus appartenant à la bourgeoisie marchande et johannes à la noblesse.
Etige des témoins de Tours
Tra n ch es
d'dges Ages des ténzoins donnés par le procès Total
20-30 ans 26, 27, 29, 29, 4
30-40 ans 30, 30, 30, 31, 32, 32, 33, 33, 33, 35, 36, 37 12
40-50 ans 40, 40, 40, 40, 43, 43, 45, 45, 45, 45, 45, 47, 47, 13
50-60 ans 50, 50, 50, 50, 50, 50, 50, (50)*, 52, 52, 53, 54,
54, 56, 56, 57, 57, 58 18
60-70 ans 60, 60, 60, 60, 60, 60, 60, 60, 61 9
70-80 ans 74 i
NR@*: d s'agit du témoin calabrais Stephanus Lancea
Pour ce qui est de l'áge des témoins, le procès de Tours est très précis, aussi n'avons-nous pas besoin de nous livrer aux différents calculs que nous avions faits pour établir l'áge des témoins du procès de Cosenza, mais pouvons-nous directement tirer les conclusíons qui ressortent du tableau ci-dessus. On peut diviser les témoíns en deux groupes. Il y a ceux qui avaient moins de vingt ans ou qui méme dans certains cas n'étaient pas encore nés lors de l'arrivée de François en 1483, soit près de trente ans avant l'ouverture du procès informatif, et il y a ceux qui avaient plus, mais dont l'áge ne dépassait pas trente-et-un ans sauf pour l'un d'entre eux, Iohannes Iohis (158) qui lui en avait quarante-quatre. C'était le plus ágé. Tous étaient donc jeunes lors de la venue du Paolan. jeunesse qui se retrouve de fagon relative en 1513 car si nous comparons l'áge des déposants tourangeaux avec celui de ceux de Calabre, c'est bien cette impression qui domine. Dans la terre natale du "Bonhomme", les plus jeunes avaient environ la cinquantaine. A Tours il avaient un peu moins de la trentaine. Quant aux plus ágés, on est Ioin de trouver des témoins ayant dépassé les quatre-vingt-dix ans. Tout juste en trouvons-nous un de soixante-quatorze ans.
Enfin nous pouvons constata qu'entre trente et soixante ans, chaque tranche d'áge est bíen représentée, ce qui pour nous est d'une grande importance puisque cela nous permet d'avoir au travers des dépositions, une vision assez juste de l'action et de la vie de François pendant les vingt-quatre années qu'il passa en France. Les témoins rapportant des faits remontant aussi bien aux premières qu'aux dernières années de ce séjour "frangais". Ainsi Jean Bourdichon(159) par exemple faisait-il partie des toutes premíères personnes à avoir vu le Paolan lors de son arrivée, alors que Micbael Marseil (160) fut un des derniers à l'avoir approché.
Eappai-tenance sociale des témoins tourangeaux
Appartenance Peuple Petit
sociale Nobles Ecclésiastiques Bourgeois aisé peuple
Nombre de
témoins
concernés 4 6 20 14 12
En ce qui concerne l@ appartenance des témoins, le procès nous fournit deux types d'informations. Il indique d'une part la profession ou l'état de chaque témoin et donne d'autre part pour chacun de ces derniers, un qualifícatif qui nous permet de savoir où il se situe exactement dans la hiérarchie sociale. Cinq catégories différentes peuvent ainsi etre identifiées et la nouveauté par rapport au procès de Cosenza, c'est que nous pouvons également y inclure les femmes. En effet efies aussi se sont vus attribuer non seulement un qualificatif mais en plus, pour certaines, la profession qu'exer@ait leur époux fut aussi précisée.
Nous trouvons des ecclésiastiques dits "Venerabilis" ou "Religiosus" (l'un d'eux possède méme les deux qualificatifs) (161) et des nobles dits "Nobilis". Cependant certains échappent à la règle. Notamment un ecclésiastique qui est qualifié de "Frater" (162), et la veuve d'un Noble (163), qui est dite "Honorabflis" alors que son époux était qualifié de "Nobilis". Ces petites subtdités dans le choix des qualificatifs donnent toute la mesure de la minutie avec laquehe les enquéteurs relevèrent l'identité de chacun des déposants. Pour ce qui est de ces deux catégories, un fait ne manque pas cependant de retenir notre attention. En effet il est étrange de constata la faiblesse numérique des gens d'Eghse (164) et des membres de la noblesse. Seuls trois prétres, et encore l'un d'eux était un Calabraís de passage, et trois Minimes vihrent témoigner. Quant aux nobles (165), François ayant vécu près de la cour, on s'attendrait à en trouver un peu plus. D'autant que de son vivant le "Bonhomme" avait eu de nombreux contacts avec eux. Uabsence de membres de la famille royale est toute aussi surprenante, surtout lorsqu'on conndit les rapports étroits que le Paolan avait eu avec les monarques français, de Louis XI à Louis XII en passant par Charles VIII, et les multiples suppliques envoyées par certaines princesses (166) au Saint-Siège pour réclamer l'ouverture d'une enquéte informative en vue de la canonisation du "Sainct Homme". Bernard Chevalíer a donné à ce sujet des explications tout à fait recevables. Ainsi les ecclésiastiques, qu'ds soient séculiers ou qu'ils appartiennent à l'ordre fondé par François, se seraient volontairement abstenus ou auraient méme peut-étre été tenus à f@écart afin de ne pas donner l'impression de "précher pour leur paroisse" évitant ainsi de donner à l'enquéte les allures d'une "affaire de famille". Quant à l'absence remarquée de la noblesse, Monsieur Chevalier l'exphque en la repla@ant dans le contexte pohtique de l'époque. Un mois après le désastre de Novare, en juin 1513, l'aristocratie préférant rester prudente se serait abstenue de venir témoigner.
Reste maintenant à étudier trois autres catégories de témoins. Celle des bourgeois (167) dont les membres sont qualifiés d'"Honorabilis" est la plus représentée. On y trouve Jean Bourdichon le peintre de la cour, des officiers royaux, des marchands et deux témoins sont méme dits "Burgensis" (168). Il font partie des habitants les plus aisés et les plus en vue de la cité. Moins brillante mais plus élevés que le petit peuple qui lui n'a droit à aucun qualificatif, certains témoins appartiennent à un groupe intermédiaire et sont díts "Honestus"(169). Il s'agit principalement d'artisans ou de petits marchands. Enfin, au bas de l'échelle sociale, on trouve le petit peuple (170) qui, au contraire de ce que nous avons rencontré en Calabre, constitue la catégorie la moins nombreuse.
Les témoins tourangeaux se trouvent socialement aux antipodes des témoins calabrais. Nous avons affaire à des gens aisés dont la situation et les conditions économiques sont Ioin d',étre aussí précaires qu'en Calabre. Quant au petit peuple, il est très peu représenté. C'est que vivant près de la cour, François ne fut que très peu en contact avec lui. De plus, arrivé dans un monde qui lui était inconnu, à un áge que l'on pouvait considérer à l'époque comme avancé, les conditions pour établir un contact avec les plus humbles, étaient restreintes, d'autant que la langue dut constituer, du moins au départ, un sérieux obstacle. Si nous nous penchons sur l'action méme du "Bonhomme" pendant les vingt-quatre ans qu'il passa en France, on se rend compte que le rythme de construction des couvents ne baissait pas. Cependant le Paolan ne s'y investissait plus autant que par le passé, préférant concentrar ses efforts sur la reconnaissance et la consolidation de l'ordre qu'il avait fondé, perdant du méme coup une occasion supplémentaire d'établir le contact avec les petites gens. Nous ne devons donc pas nous étonner que le petit peuple de Tours ne se soit senti que peu concerné par l'éventuelle canonisation du "Sainct Homme", et que ce soit avant tout une certaine élite de la population qui ait soutenu la cause. Les dépositions de Franciscus Laurens et Carolus Chepault(171) qui font partie des rares témoignages apportés par des gens du peuple reflètent bien l'état de ces rapports. La déposítion du premier ne dit-elle pas en effet "Deponit illum non cognovisse Bene", et celle du second "Deponit nunquam Ipsum cognovisse nec vidisse" (172)!
La provenance des témoins tourangeaux
Tours
Chdteau et alentours
Cháteau 4
Couvent des Minimes 3
Paroisses de la czté
Saínt Saturnin 12
Saint Pierre Puellarum 8
Saínte Marie Dívitis 6
Saint Pierre de Ballo 5
Sainte Croix 4
Saint Pierre de Corpuribus 3
Saint Denis 2
Saint Hilaire
Saint Vincent
Saint Mireyo
Indéterminé 6
Extérieur
Cité de Paola en Calabre 1
Les témoins entendus lors des vingt-et-une sessíons de Tours étaient tous originaires de la cité méme. A ce suiet, le procès ne manque pas de détails puisqu'il précise méme les paroisses dans lesquelles ces derniers habitaíent, afiant jusqu'à indíquer pour deux d'entre eux où se trouvait la maison. Nous savons ainsi que Franciscus Laurens (173) habitait le "vico mali fami", et que Catherina Ayrolde (174) demeurait, quant à elle, en face du Parlement. Autre constatation que nous puissions faire, certaines paroisses sont mieux représentées que d'autres. Ce qui est peut-étre en rapport avec leur proximité ou leur éloignement du couvent.
Parmi les Tourangeaux, on trouve cependant un témoin qui non seulement n'était pas de la région mais qui en plus n'était pas français. Il s'agit du calabrais Stephanus Lancea originaire de la région de Paola et prétre de la paroísse saint Michel de la Gochella dans le diocèse de Ferrare. De retour d'un pèlerinage à saint jacques de Compostelle, ce dernier était passé par Tours avec l'idée d'aller se recucillir sur la tombe du Paolan. Ce qui n'a rien d'étonnant puisqu'en Calabre François était déjà réputé pour faire des miracles post mortem. Nous en avons d'adleurs un exemple dans le procès de Cosenza, avec ce jeune paralytique qui fut guéri de son infirmité deux ans avant l'ouverture du procès informatif qui se déroula dans la terre natale du "Bonhomme". ,
En 1513, les Tourangeaux ne se sentaient pas à premíère vue concernés outre mesure par l'issue de l'enquéte informative de Tours. Malgré le nombre élevé de sessions tenues dans cette cité, ils ne furent que cinquante-sept à se présenter, ce qui est comme nous l'avons déjà souligné, bien peu. On ne peut invoquer comme excuse l'áge, puisque François était mort depuis peu d'années et que les témoins étaient en moyenne assez jeunes. De méme nous n,assistons pas comme en Calabre à des déplacements de témoins. Dans la terre natale du Paolan, ils étaient certes limités, mais ils existaient, alors qu'à Tours, seuls les habitants de la cité firent l'effort de se déranger. Nous n'avons donc pas en Touraine l'enthousiasme que nous avions rencontré chez les Calabrais. On sent méme une certaine indifférence. Il est tout de méme surprenant que personne n'ait fait le déplacement depuis les cités voisines où des couvents avaient également été fondés comme à Amboise par exemple.
Le cas de Stephanus Lancea illustre parfaitement la différence qui exlstaít entre les deux peuples. Chez lui, François était considéré comme saint, et les manifestations de la ferveur populaire à son encontre étaient nombreuses. Les Calabrais vénéraient ce qu'ds considéraient déjà comme des reliques et lorsque l'un d'eux passa par la Touraíne, il ne manqua pas d'aller s'inclina sur la tombe du Paolan. A Tours, rien de tout cela. Pour preuve, le peu de personnes présentes lors de l'inhumation comme nous pouvons le constata au travers des dépositions relatant cet épísode. Le "Bonhomme" n'a donc certainement pas eu le méme impact dans la capitale de la royauté française qu'en Calabre.
298 BOLLETTINO UFFICIALE
Les prénoms des témoz'ns totírangeaux
Types de
I Origine se rapportant
prenoms Tradition étrangère à une chose
Nombre de
prénoms 24 9
Nombre de
témoins
concernés 66 (+3)* 13
NB*: il s'agit de deux témoins dont le nom se répète à deux reprises dans le procès, à savoir David le Maitre et Pasquerius Boyleau, ainsi que du Calabrais Stephanus Lancea.
Les trente-quatre prénoms répertoriés dans la liste des témoins
de Tours peuvent eux aussi étre classifiés. Ces prénoms sont ceux qui furent portés par le cinquante-six témoins du procès (j'ai volontairement laissé de cóté le témoin calabrais Stephanus Lancea) mais aussi par les maris des femmes qui déposèrent et dont les noms et prénoms suivent ceux de leu'r épouse. Au total ce sont quatre-vingt personnes qui sont concernées.
Nous pouvons distinguer trois catégories différentes dont la plus importante est celle des prénoms traditionnels. En analysant ce premier groupe, une constatation s'impose. La grande majorité remonte aux premiers siècles du christianisme et méme pour certains, avant la naissance du Christ. Rares sont ceux se rapportant a des saints du Moyen-Age. Certains sont très anciens comme David, et d'autres plus récents comme les prénoms des ap,5tres, des évangélistes, et de la Vierge. Ces derniers connurent d'ailleurs un franc succès. A ce sujet, nous pouvons remarquer qu'à Tours, tout comme en Calabre, de nombreuses personnes se prénommaient Iohannes. Ils sont vingttrois, hommes et femmes. D'autres prénoms furent empruntés à des saints orientaux du début de notre ère, comme Catherine par exemple, mais surtout à des saints occidentaux appartenant eux aussi aux débuts de l'histoíre catholique. Il s'agit de saints italiens, martyrs ou papes comme Alexius, Gervais ou Felicis, de saints frangais qui tous occupèrent un siège épiscopal, citons à titre d'exemple saint Martin, le grand évangélisateur de la Gaule, qui au Vè siècle fut évéque de Tours, et enfin nous trouvons la trace d'un saint irlandaís en la personne de saint Patrick,
Tous ces personnages à qui l'on doit la popularisation des prénoms portés par nos témoins tourangeaux sont antéricurs au Vè siècle, et très rares sont les déposants portant des prénoms de saints plus récents. On ne trouve, par exemple, qu'un scul témoin se prénommant François. Ce prénom est donc Ioin d'avoir connu le méme succès qu'en Calabre. Cette première categorie est de Ioin, nous l'avons dit, la plus importante avec vingt-quatre prénoms sur trente-quatre. Mais on en trouve aussi deux autres dont une regroupe les prénoms d'origines étrangères. Ces derniers remontent en fait à l'époque franque et sont tous hérités de la tradition germanique. Ils ifiustrent les apports que ces peuples ont laissés dans la région. Apports qui furent bien assimúés par les populations locales puisque les neuf prénoms concernés qui furent portés par treize personnes dans le procès furent transmis à travers les siècles. Enfin la dernière categorie que nous pou@,ons identifier dans notre liste ne contient qu'un scul prénom, Olivia, qui en ce qui le concerne se rapporte à un nom de chose en l@occurrence, l'olivier.
Tout comme les Calabrais, les Tourangeaux furent donc fidèles aux prénoms traditionnels et accordèrent leur "faveur" à l'apótre jean ainsi qu'aux saints qui pour une raison ou une autre, occupèrent dans leur région une place privúégiée. Le saint évéque Martin avait dans le coeur des Tourangeaux la méme place que saint FranQois d'Assíse dans celui des Calabrais. Cependant les points communs entre les deux peuples s'arrétent là, car si les Calabrais donnaient l'impression d'une population qui après tous les malheurs qui s'étaient abattus et continuaient de s'abattre sur efle, s'était rephée sur efle-méme, les Tourangeaux donnent, quant à eux, l'image d'un peuple ouvert, plus épanoui, plus apte à intégrer dans sa culture les apports venus de l'extérieur. Ce qui peut s'expliquer par le róle que jouait Tours depuis de nombreux siècles, centre d'échanges, point de circulation, la cité était en plus devenue l'une des capitales de la royauté francaise.
300 BOLLETTINO UFFICIALE
Prénoms traditionnels
Alexius MA (1) Maria v (3)
Andree A (1) Mathurin $(1)
Anthonii AL (3) Martini (a) E (4)
Catherine m (5) Michael AR (2)
Cornelius PA (1) Nicolai SA (1)
David PB (1) Pasquerius NF (1)
Felicis SP (1) Patricius SA (2)
Franciscus MA (1) Petronilla SA (1)
Gervasota m (1) Petrus A (4)
Graciani ML (1) Renata EL (1)
Hillarii EL (1) Stephanus m (2)
Iohannes (a) A (23) Thomas A (2)
Prénoms à consonnance étrangère
Bertrandus G (1) Hugneti G
Carolus G (1) Leonardus G
Emericus G (1) Ludovica G
Guillelmi (a) G (5) Radulphi G
Robertus G
Prénom se référant à tíne chose
Olivia (1) se réfère à l'olivier
Légende
MA = prénom de saint popularisé au Moyen Age
A = prénom de l'un des douze apótres
AL prénom de saint hérité de l'Antiquité latine
M prénom de martyr des premiers siècles du christianisme
PA prénom d'un pape
PB prénom biblique
SP prénom de pape canonisé
ML = prénom de martyr "frangais'
EL = prénom de saint évéque 'fransais'de la fin de l'Andquité
ou du début du Moyen Age
V- = prénom de la Vierge Marie
SL prénom de saint 'frangais' de la fin de l'Antiquité
SA prénom de saint de la fin de l'Antiquité
NF prénom formé à partir d'un nom de féte religicuse
G prénoms à consonnance germanique
CHAPITRE
IIILA RENCONTRE DE FRANÇOIS AVEC LES TAMOINS
Le contact enti-e les témoins calabrais et François
Ce qui ressort des cent-deux dépositions recueillies en Calabre, c est que tous les déposants approchèrent François de près. En effet, aucun d'entre eux ne parle par otfi-dire, mais tous relatent des événements dont ils furent les témoins directs et qui surtout font toujours état de la présence du Paolan. Les expressions employées à ce sujet dans le procès ne laissent d'ailleurs aucune place au doute. Quand les faits rapportés concernaient le témoin personnellement, le texte se terminait par "In causa scientiae quia fuit in persona propria". Cette expression s'appliquait donc à des personnes ayant eu un échange direct avec François. Mais lorsque les déposants se contentaient de relater un événement qu'ils avaient vu sans y avoir participi,
'était une formule differente qui était employée, à savoir "In causa scientiae quia -x,idit interfuit et audivit", l'échange concernant dans ce cas le Paolan et une tierce personne.
A Paola @@gt-trois (175) des cinquante-six témoíns firent afiusion à un contact direct avec François. A San Lucido, fl n'y en eut qu'un(176) sur six, et à Paterno ils furent dix-sept (177) sur trente-sept. Quant aux deux témoins de Corigliano, ils rapportèrent comme tous ceux qui restent des événements dont ils furent seulement les témoins. Les Calabrais eurent donc en règle générale des rapports très étroits avec le Saint. Tous l'approchèrent de plus ou moíns près. François fut proche d'eux et surtout, et c'est peut-étre le plus importanti il vécut parmi eux.
Pourquoi, où et comment les témoins l'ont-ils rencontré? Les Calabrais qui se rendaient auprès de lui le faisaíent principalement pour deux raisons. Il y a ceux qui espéraient une guérison et, à ce sujet, la petite phrase généralement contenue dans les réponses données à la dixième question est sans equivoque: "Dove stava ince corriano genti infiniti per rimedij de loro sanità". Cette phrase en dialecte extraite de la dépositíon de Lucas de Perri (178), mais qui se retrouve aussí sous des formes légèrement modifiées dans d autres témoignages, résume à elle seule le désir, la motivatíon qui poussait les gens a aller le voir. "O@ il était, les gens accouraient pour retrouver la santé". C'est en effet pour ce motif que les Calabrais apres avoir souvent tenté de se faire soigner par des médecins, qui comme dans le cas du baron de Belmonte (179) avaient fini par avouer leur impuissance, se rendaient avec un dernier espoir auprès de cet homme réputé pour les miracles qu'il accomplissait. Mais le désir de retrouver la santé ne fut pas la seule raison qui motiva ces visites. Nombreux furent ceux qui désirèrent également participer aux chantiers des couvents que le Saint édifiait. Nous y avons déjà fait aHusion, c'était très certainement par dévotion pour cet enfant du pays que les compatriotes du Paolan participèrent à ces travaux. Tous se sentaient concernés par l'action de cet homme. Qui était prét à les écouter, à les soutenir, à les défendre contre les malversations des puissants, à les aider? Il ne fait aucun doute que ces derniers n'avaient pas attendu l'ouverture de l'enquéte informative pour percevoir cet homme hors du commun comme un élu de Dieu. Une dévotion et une foi profonde les animaient.
Deux raisons princípales semblent donc avoir attiré les concitoyens de François. Uespoir d'une guérison d'une part et la dévotion d'une autre. Mais il en existe une troisième qui si elle peut paraitre secondaire, n'est en rien négligeable. Le Paolan nourrissait les travaflleurs de ses chantiers. Sans afier jusqu'à dire que l'attrait d'un repas était une motivation aussi importante que les deux précédentes, ce seraít mal juger ce peuple dont la foi et l'attachement qu'fl avait pour François sont indiscutables, il faut bien reconnaltre que cela constituait un encouragement de plus, surtout pour ceux qui se trouvaient dans la misère. Le Paolan lui-méme en avait très certainement conscience. Il connaissait trop bien les conditions de vie et les difficultés économiques de ses compatriotes pour l'ignorer.
Où les rencontres avaient-elles lieu? Une fois de plus la phrase relevée dans la déposition de Lucas de Perri nous dit tout, "Dove stava". En effet les gens se rendaient là où il se trouvait. A l'ermitage dans un premier temps puis sur les chantiers par la suite. Ces chantiers qui, au dire des témoins eux-mémes, devinrent de véritables points de rencontres pour tous ceux qui croyant en son action voulaient apporter leur "pierre à l'édifice". Car au-delà de ces couvents qu'ils élevaient à la force de leurs bras, à la sueur de leur front, les Calabrais avaient conscience de contribuir à la construction oeuvre encore plus vaste. Une oeuvre dont François avait clairement défini le but: redonner espoir à des hommes qui ne connaissaient méme plus le sens de ce mot. Et c'est bien ce que représentaient ces constructions, une lueur d'espoir. C'étaient des phares qui s'écl ' airaient les uns après les autres dans la nuit calabraise et vers lesquels convergeaient toutes les espérances. Des phares au pied desquels se retrouvaient non seulement les malades en quéte de guérison, mais aussi tous ceux qui souffraient de la faim, de l'injustice ou de l'oubli dans lequel ils se sentaient plongés. La lueur d'espoir qu'ils diffusaient rappelait aux gens les valeurs morales quelque peu oubliées en raison des vicissitudes de la Calabre, et remettait dans le droit chemín ceux qui un temps l'avaient quitté. En se rendant sur les chantiers des couvents, soit pour y participer activement soit pour demander une gráce, les Calabrais retrouvaient dans leur rencontre avec FranSois leur dignité. Ils perdaient ce sentiment d'inutflité que procure la passivité ou la maladie, se mettant ainsi en condition d'espérer.
Comment ce contact pouvait-il s'établir? De fagon très naturelle, les gens se rendaient directement auprès du Paolan ou bien on les y accompagnait si leur état de santé le nécessitait. Ils n'avaient aucun mal à le trouver. Né parmi les humbles, c'est parmi eux qua voulait rester, et c'est à eux qu'fl se consacrait. Il les accueiflait avec bienveillance, se rendait disponible, les écoutait et essayait de les réconforter. Il trouvait toujours un moyen pour soulager ccux qui souffraient. Il conseillait ceux qui venaient lui demander son avis. François s'ouvrait aux gens qui venaient à sa rencontre car il sentait bien que ces derniers n'avaient que lui pour espérer. Mais en méme temps il refusait de se mettre en avant, bien au contraire, fi se retirait, disant aux visiteurs que ce n'était pas lui qu'il fallaít remercier mais Dieu. Ce Dieu dont ils devaient à tout prix chercher à se rapprocher. Lui n'était qu'un intermédiaire. Deux expressions qua répétait souvent illustrent bien cela "par charíté" et "ayez confiance en Dicu". La charité était son leitmotiv, c'était ce pourquoi il s'était donné aux autres, mais "ayez confiance en Dieu", disait-fl comme pour rappeler qu'à la source de son action c'était ce dernier que l'on trouvait. Ce Dieu sans lequel rien n'était possible. Fidèle à lui-méme, le Paolan "Minimisait" donc son róle.
Cependant il ne faut pas croire que notre "Sainct Homme" tendait l'autre joue lorsqu'il se trouvait face à des gens malbonnétes. Bien au contraire il n'bésitait pas à les se'rmonner afin de leur faire prendre conscience de la gravité de leurs actes. Lorsqu'fl refusa par exemple les fruits volés qu.'on lui proposait (180), au-delà du símple fait de réprouver le non respect de la propriété d'autrui, il adressait un message à l'ensemble de ses compatriotes, les exhortant chacun à leur niveau à respecter les principes mémes de la morale. Cet épisode qui est en fait le pendant de celui de la pièce d'or dont il fit iaillir du sang à la cour du roi Ferrante, traduit bien les conditions qu'íl mettait pour aíder les Calabrais. Ces demíers ne pouvaient prétendre retrouver l'espoir et se rapprocher de Dieu s'ils ne révisaient pas, s'ils ne renon@aient pas à certains comportements.
Le contact fut donc facile à établir entre François et ces derniers.
Le contact entre les témot'ns tourangeaux et François
En Touraine, la situation est bien differente qu'en Calabre. En effet les témoins directs sont peu nombreux. La majorité d'entre eux déposèrent au sujet d'informations qu'ús n'obtinrent que par oui-dire. Ainsi par exemple Iohanna Hamelíne (181), Olivia Mangoís (182) ou Thomas Iacob (183) disent tenir les informations qu'ús donnent sur François, des Minimes de Plessis-lez-Tours. Rares sont ceux qui, comme Iohannes Cormiers (184) qui donne une description de la couche du Paolan, peuvent dire qu'ils ont constaté ou vérifíé personnellement ce qu'ils razontent. Sculs les membres de l'ordre des Miriimes et quelques rares témoins le pouvaient. Et pour cause c'étaient ceux qui par leur appa@tenance à la famille fondée par le Saínt ou leurs fonctions étaient amenés à le cótoyer dans sa vie quotidienne. Ainsi il n'y a rien de surprenant à ce que le frère Martinus de la Haye ou le peintre jean Bourdichon (185) pour ne citer qu'eux figurent parmi les quelques privdégiés (186) pouvant se dire intimes du "Bonhomme". Bourdichon qualifiant méme ses entrevues avec ce dernier de "sepissime".
Une certaine distance semble donc avoir existé entre les Tourangeaux et le Paolan. Pouvons-nous en conclure pour autant qu'en Touraine François était moíns disponible qu'en Calabre? A mon avís le problème ne se situe pas à ce niveau, mais résulte plutót de conditions différentes. Il y avait d'un cóté les habitants de Tours qui au contraire des Calabrais ne cherchaient pas réehement à entrer en conta . ct avec lui, cela nous l'avons bien ressenti en étudiant leur appartenance sociale, et d'un autre cóté, le "Sainct Homme" s'investissait moins que par le passé dans la construction de ses couvents. Si nous ajoutons à tout cela l'obstacle que devait consùtuer la langue (187), nous pouvons constaters ans pcine que les conditions pour établir un contact n'étaíent pas très favorables.
Maís où les Tourangeaux pouvaient-ils alors le rencontrer? Certainement, plus au couvent de Plessis-lez-Tours que sur les chantier ' s. On constate en effet qu'en Touraine les chantíers ne jouaient pas ce róle de points de rencontres qu'ils avaient eu en Calabre. Pourquoi? Uabsence du Paolan qui préférait désormais se consacrer à la consolidation de son ordre n'explique pas tout. Cette abscnce était due il est vrai à certains facteurs comme les difficultés qu'il avait pour parler le français ou l'áge qui peu à peu l'obligeait à réduire ses activités physiques, mais il ne s'agissaít là à mon avis que de facteurs secondaires, le fond du problème se trouvant ailleurs. Si les chantiers français n'étaient pas un lieu privdégié pour établir le contact avec la population, c'est que tout simplement ils n'étaient pas portés par une dévotion populaire aussi puissante qu'en Calabre. Et s'ils étaient privés de cette dimension c'est qu'ils ne représentaient pas pour les Tourangeaux l'unique "planche de salut" qu'ils étaient en revanche pour les Calabrais. En effet la situation des populàtions de Touraine était Ioin d'étre aussi dramatique que celles des compatriotes de François. La région était riche, prospère, et ses habitants ne ressentaient pas le besoin de s'investir dans l'édification des couvents pour trou@7er une lueur d'espoir. Ils préféraient laisser ce travail à des "professionnels". Cela François l'avait bien compris, d'où un certain désengagement de sa part. Seul son líeu de résidence apparaissait comme l'endroit propice pour établir le contact, et c'est effectivement là que se rendirent ceux qui avaient une gráce à demander.
Dès lors comment entrèrent-ils en contact? Diffícilement à vrai dire, car François vivait comme un reclus. S'est-il volontaírement retiré? je ne pense pas. Cela ne correspondrait pas avec l'essence méme de son apostolat qui reposait sur cette disponibilité, cette ouverture et cette écoute de son prochain qui en Calabre l'avaient poussé à sortír de cette solitude qui pourtant lui était si chère. Là aussi le problème était ailleurs. Au fil des dépositions, nous pouvons nous rendre compte que les Minimes se trouvaient souvent entre le Saínt et la population. Ils donnent l'impression de filtrer ceux qui désiraient voir François. Comment pourrait-on expliquer une telle attitude qui au premier abord peut sembler étrange? En fait ces derniers devaient très certainement savoir que le "Bonhomme" était prét à dépenser toutes les forces qu'il avait pour rester à l'écoute de ceux qui venaient chercher un soutien ou une aíde de sa part. Aussí s'interposerent-ils, certes discrètement, mais de fa@on à préserver sa santé qui forcément avec l'áge devenait plus fragfle. Ils servaient d'intermédiaires. Ce sont eux par exemple qui allèrent rendre visite à Emericus Bernardeau (188) qui souffrait d'une forte fièvre, lequel leur demanda de le recommander aux prières du Saint.
Force est donc de constata qu'en Touraine, le contact direct avec les témoins fut plus restreint et surtout beaucoup plus difficile à établir. Cela en raison des condítíons très différentes de la Calabre, et aussi en partie à cause de l'attitude "protectrice" de l'ordre fondé par François. Au contraire des Calabrais, les Tourangeaux ne ressentaient pas de fagon aussi vitale la présence du Paolan. Sauf peut-étre Louis XI qui, refusant l'écbéance fatale, avaít déraciné le "pauvre ermite" pour l'installer dans une région où, après avoir constaté que les miseres à soulager étaient moindres que dans sa terre natale, il préféra se consacrer à la consolidation de son ordre qui effectivement ne tarda pas à s'épanouir pleinement.
Conclusion du Livre II
Les résultats d'une tefle analyse nous permettent donc de répondre à la question qui constitua le point de départ de cette étude à savolr qui étaient les témoins, mais aussi de pénétrer plus en profondeur dans leur esprit et leur mentalità
La première impression que nous pouvons avoir, c'est que nous nous trouvons face à deux régions diamétralement opposées. Il y a pour simplifier à l'extréme, d'un cóté la pauvre Calabre, oubliée de tous et qui pendant des siècles a subi de plein fouet les troubles que connu le royaume de Naples, et de l'autre, la riche et brillante Touraine, haut lieu spirituel et culturel, grand centre d'échanges économiques et région de prédilection des rois de France.
Les témoins calabrais et tourangeaux nous apparaissent eux aussi au premier abord bien différents. Les premiers appartiennent aux catégories sociales les plus misérables, ils sont pauvres, replíés sur eux-mémes, peu enclins à s'ouvrir aux influences extérieures, alors que les seconds sont plus cultivés, et font partíe de la bourgeoisie de Tours. Leur condition de vie, leur situation économique sont bien meifleures et, au contraire des Calabrais qui vívaient aux marges de la société eux, évoluent dans le sifiage de la cour.
Méme l'áge les sépare. Ceux qui se présentèrent devant les enquéteurs à Cosenza, San Lucido, Paterno et Corigliano étaient ágés, alors que ceux qui furent entendus à Tours, étaient relativement jeunes.
Cependant des ponts ont existé entre eux. Plus particulièrement dans le domaine des mentalités. En effet si nous analysons de plus près les témoignages, nous pouvons constata par exemple que la place occupée par les hommes et les femmes de l'une et l'autre de ces régions, ne variait pas beaucoup. Uimpression qui se dégage au terme de cette analysc est celle d'une "base" commune, une "mentalité" commune, propre à l'époque, qui évolua dans des directions différentes, en fonction principalement des conditions politiques et économiques. Car derrière des "fagades sociales" différentes, on trouve des hommes et des femmes qui une fois dépouillés des signes extérieurs de leur appartenance à tefle ou telle categorie de la société, ne sont pas très différents les uns des autres. Tous appartiennent à leur temps. Tous font partie d'un monde fortement christianisé et chaque sexe joue un r61e, occupe une place qui lui est propre, et qui de la Calabre à la Touraine ne variait pas beaucoup.
NOTES
(1) Voir tableau généalogique.
(2) Il fut assassini en Hongrie où il s'était rendu pour récupérer la couronne de son oncle, Louis de Hongrie.
(3) Cf. IVAN CLOULAS, L:Italte de la Renaissance, p. 72 à 80.
(4) Cf. ERNESTO PONTIERI, La Calabria a metà del secolo XV, p. 1 I à 27.
(5) Cf. IVAN CLOULAS, L:Italte a<, la Renaissance, p. 156 à 157.
(6) Egaleiiient connu sous le noiii de Ferdinand ler.
(7) Cf. IVAN CLOULAS, L'Italie de la Renaissance, p. 157.
(8) Cf. IVAN CLOULAS, L'Italie de 1,1 Renaissance, p. 173.
(9) Déposition 14, 15, 34 (PCC)=(Procès de Cononísation de Cosenza).
(10) Procès de Cosenza, p. 66.
(11) Déposition 4 (PCC).
(12) Déposition 54 (PCC).
(13) Il s'agit d'Againennone Nusito qui ne déposa pas lors du procès de Cosenza, mais au cours de celui de Calabre.
(14) Cf. IVAN CLOULAS, UItalie de la Renaissance, p. 168 à 169.
(15) Cf. IVAN CLOULAS, L:Italie de la Renaissance, p. 156.
(16) Cf. ERNESTO PONTIERI, La Calabria a metà del secolo XV, p. 62.
(17) Déposition 70 (PCC).
(18) Cf. L'Anonyme, p. 7.
(19) Cf. ERNESTO PONTIERI, La Calabria a metà del secolo XV, p. 62.
(20) Cf. IVAN CLOULAS, L!Italie de la Renaissance, p. 71.
(21) Cf. EPNESTO PONTIERI, La Calabría a metà del secolo XV p. 149.
(22) Cf. R ALFREDO BELLANTONIO, San Francesco di Paola, p. 140.
(23) Cf. L'Anonyme, p. 7.
(24) Cf. P. FRANCESCO Russo, Storia dell'archidiocesi di Cosenza, p. 114.
(25) Qtíestions 2, 3, 4, 5, 6, 7.
(26) Dépositions 1, 2, 4, 5, 6, 10, 25, 57 (PCC).
(27) Selon la tradition Calabraise, Saint Mare aurait introduit le Christianisme dans la vallée du Crati et c'est à Argentanum qu'il aurait con@,erti une matrone du nom de Dominator ou Dominand ainsi que scs trois flis, Cassiodore, Senateur et Viateur qui firent oeuvre de prédication et furent éxécutés en 55 par les Romains. Ils furent les premiers martyrs de la région. D'où le nom de cette localité située ì une trentaine de kilomètres à vol d'oiseau au nord de Cosenza.
(28) FRANCESCO SABATINI dans son livre "La mente politica e lo spirito di carità", publié à Rome en 1907, nous en donne une description: longueur = 2i-n, largeur 1,25m et hauteur = 1,75m. Entrée étroite et basse qui fait office de fenétre.
(29) Cf. P. FRANCESCO Russo, Storia dell'archidiocesi di Cosenza, p. 87.
(30) A Tours par exeiiìple. Cf YVONNE LABANDE MAILFERT, Attí, p. 219.
(31) Cf. P A. GALUZZI, Origini dell'ordine dei Minizzi, p. 39.
(32) Cf. P. A. BELLANTONIO, San Francesco di Paola, p. 47.
(33) Cf. L:Anonyme, p. 12.
(34) Cf. P A. GALUZZI, Origini dell'ordí,,ie dei Mipzini, p. 55.
(35) Déposition 25 (PCC).
(36) Pendant longtemps, les bistoriens oiìt pensé qu'il s'agissait de monseigneur Girolamo Adorno. Pour le père A. Galuzzi, il s'agit de monscigneur Baldassare de Gutrossis. Cf. Origini dell'ordine dei Minimi, p. 42 à 53.
(37) Dépositions 10, 25 (PCC).
(38) Dans scs iììémoires, Coinmyiies y fait égalci-nent allusion. CL Ménioires de Comynes, tome 11, chapitre VII, p. 295.
(39) Déposition 6 (PCC).
(40) Déposition 4 (PCC).
(41) lobannes Coriiiiers par exemple, déposition 3 (PCT)=(Procès de canonisation de Tours) ou encore Guillelmus Sireau, déposition 57 (PCT).
(42) Déposition 9 (PCC). Mangoiìe = petit village à une quinzaine de kilomètres au sud de Cosenza.
(43) Déposition 64 (PCC).
(44) Déposition 1 (PCC).
(45) Paterno (1444), Spezzano (1453), Corigliano (1458), Crotone (1460), Maida (1476).
(46) Fraticelli = religieux qui se sont scindés de l'ordre des frères mineurs et de l'Eglise Romaine suite aux mesures prises par jean XXII contre les zélateurs de la règle de saint FranSois d'Assise appellés Spirituels, et suite aux décisions doctrinales de ce méme pape relatives aux théses de la pauvreté absolue du Christ et des ap6tres. Secte considérée comme hérétique et schismatique du fait du refus de la définition de foi concernano la pauvreté évangélique (constitution Cuin inter nonnullos, 12-11-1323), et de leur rébellion contre le Saint Siège. A la base de leur revolte on trouve une interprétation érronée de l'Evangile et de la règie de saint François d'Assise, une conception differente de l'autorité du pape, et une grande sympathie peur les théories eschatologiques de joachim de Flore. Leur histoire fut mouvementée. En ce qui concerne la Sicile et l'Italie du sud, en 1317, Frédéric III d'Aragon fut prié d'expulser les Spirituels de Toscane qui sous la conduite de Henri de Ceva s'étaient réfugiés en Sicile. Chassée de l'ile, la secte se replia sur la Calabre. Tous les moyens, dont l'Inquisition, furent utilisés pour faire disparaltre le mouvement. lls tombèrent donc dans la clandestinità, adoptèrent le costume civil et s'attirèrent la sympathie du peuple. Ils se maintinrent donc dans certaines régions et ne disparurent que dans la seconde moitié du XVè siècle.
(47) Dans le diocèse de Savone.
(48) Cf. R A. GALUZZI, Origini dell'ordine dei Minimi, p. 47 à 53.
(49) Mort en 1435, Pierre Gambacorta de Pise est le fondateur des "Frates heremitae sancti Hieronymi". En 1380 il fonda le preinier monastère de sa congrégation à Montebello prés d'Urbino. li fut encouragé et approuvé par Martin V et Eugène IV. Approuvée en 1421, la nou@,elle congrégation obtint de nombreux privilèges et se répondit peu à peu à travers toute l'Italie, puis en France du nord, en Belgique, en Hongrie, en Autriche et surtout en Allei-nagne du sud.
(50) Cf. R A. GALUZZI, Origini dell'ordine dei Minimi, p. 54 à 69.
(51) On trouvait prés de Naples deux couvents fondés en 1477 (Castellammare) et 1481 (Naples).
(52) Crotone 1460 et Maida 1476.
(53) Milazzo 1464.
(54) Cf. ROBERTI.
(55) Déposition 41 (PCT).
(56) Cf. P. A. BELLANTONIO, San Francesco di Paola, p. 130.
(57) Cf. L:Anonyme, p. 40.
(58) ERNESTO PONTIERI, Ferrante Ier d'Aragon, p. 278 à 351.
(59) Mémoires de Commynes, p. 295, tome Il.
(60) Cf. carte n' 1.
(61) Cf. GUILLAUME BAUES, Le passage de saint Franeois à Fréjzís, Atti, p. 170 à 174.
(62) Cf. LOUISETTE HUTEAU, L:arrivée en Touraine de saint François de Paule, Atti, p. 178.
(63) Déposition 35 (PCT).
(64) Cf. Mémoíres de Commynes, p. 296, tome Il.
(65) Cf. LoUISErrE HUTEAU, Uarrivée de saint François de Paule en Touraine, Atti, p. 181.
(66) Cf. BERNARD CHEVALIER, Saint François de Paule à Tours d'après le procès de canonisation, Atti, p. 189.
(67) D'après Louisette Huteau, il s'agirait d'Ambroise Rambauld. Cf. L:arrivée de saint François de Paule en Touraine, Atti, p. 181.
(68) Déposition 5 (PCT).
(69) Cf. JEAN BRUNAULT, Vie quadragésímale et saint François de Paule, Atti, p. 257.
(70) 1490 = "Guerre folle" du futur Louis XII.
(71) Sixte IV, puis Innocent VIII. Cf. YVONNE LABANDE MAILFERT, Charles VIII et saint François de Paule, Atti, p. 213.
(72) CL YVONNE LABANDE MAILFERR, Charles VIII et saint François de Paule, Atti, p. 212.
(73) D'après l'Anonyme il l'aurait prédit. Cf. L:Anonyme, p. 48.
(74) En récuperant l'héritage de René d'Anjou, Charies avait en méme temps recupéré les prétentions de ce dernier sur le royaume de Naples.
(75) Cf. YVONNE LABANDE MAILFERT, Charles VIII et François de Paule, Atti, p. 228.
(76) Ferrante est mort le 25 janvier 1494.
(77) Certainement par Commynes alors ambassadeur à Venise.
(78) Cf. YVONNE LABANDE MAILFERT, Charles VIII et saint François de Paule, Atti, p. 234.
(79) Cf. YVONNE LABANDE MAILFERT, Cbarles VIII et saint Franqois de Paule, Atti, p. 215.
(80) Cf. YVONNE LABANDE MAILFERT, Charles VIII et saint FranCois de Paule, Atti, p. 215.
(81) Il revint deux ano plus tard.
(82) Cf. YVONNE LABANDE MAILFERT, Cbarles VIII et saint Francois de Paule, Atti, p. 216.
(83) Cf. Carte n' 2.
(84) 26-02-1493 = bulle d'Alexandre VI "Meritis religiosae vitae"
01-05-1501 = bulle d'Alexandre VI "Ad ae quae"
20-05-1502 = bulle d'Alexandre VI "Ad fructus uberes"
28-05-1506 = bulle de Jules Il "Inter caeteros".
(85) Attiré par la promesse d'un riche mariage napolitaín, pour un membre de sa famale, Alexandre VI fit volte face, se reconcilia avec Ferrante et entra dans la ligue qui s'était constituée peur chasser Charles VIII d' Italie. Cf. YVONNE LABANDE MAILFERT, Charles VIII et saint François de Paule, Atti, p. 230.
(86) Cf. Dictionnaire de la spiritualité.
(87) Cf. Le regole dell'ordine dei Minimi, p. 24.
(88) Cf. Le regole dell'ordine dei Minimi, p. 92.
(89) Cf. Mémoires de Commynes, p. 295, tome Il.
(90) Déposition 50 (PCT).
(91) Dépositions 39, 49 (PCT).
(92) Déposition 36 (PCT).
(93) Déposition 3, 57 (PCT).
(94) Déposition 14 (PCT).
(95) Déposition 3 (PCT).
(96) Cf. PiETRo ADDANTE, Il processo cosentino e turonese a San Francesco di Paola.
(97) Cf. PiETRo ADDANTE, Il processo cosentino e turonese a San Francesco dí Paola.
(98) Cf. P1ETRo ADDANTE, Il processo cosentino e turonese a San Francesco di Paola.
(99) Cf. PIETRO ADDANTE, Il processo cosentino e turonese a San Francesco di Paola.
(100) Bulle "Exeisus Dominus".
(101) Cf. ANDPI VAUCHEZ, La sainteté en occident aux derniers siècles du Moyen Age,p.39 à 67.
(102) je pense que joannes Calambrogno auquel le témoin n' 6 fait allusioni n'est autre que joannis Brogni (PCC).
(103) Dépositions 75, 76, 77, 78, 79, 80, 81, 82 (PCC). Le cas de Nicolia de Fiore est intéressant à relever. Cette dernière fait allusion a son beau frère Beßino de Fiore. S'agit il du temoin n' 92 Bellinus de Flore dont les enquéteurs auraient deformé le nom? Nous pouvons remarquer que Nicolia dit que son beau-frère était sur le point de rendre l'áme, "situation" dans laquelle Bellinus dit également avoir été. On serait donc tenté de croire qu'il s'agit bien de la méme personne. Seulement, plusieurs faits s'y opposent. Nicolia dit étre aflée consulter François pour son beau frère, alors que Beflinus dit que ce sont ses parents. D'autre part, les remèdes prescríts pour la guérison soiit complètement différents. Que penser? A mon avis ils n'appartiennent pas à la méme famille.
(104) Dépositions 10, 11 (PCC).
(105) Déposítions 3, 69 (PCC).
(106) Dépositions 4, 64 (PCC).
(107) Dépositions 88, 90 (PCC).
(108) Dépositions 15, 87, 100 (PCC)
(109) Le 4 décembre 1512.
(110) Dépositions 40, 48 (PCC)
(111) Dépositions 78, 95 (PCC)
(112) Le 4 décembre 1512.
(113) Dépositions 64, 80 (PCC).
(114) Le 4 décembre 1512.
(115) Le 4 décembre 1512.
(116) Dépositions 84, 89 (PCC).
(117) Dépositions 63, 71 (PCC).
(118) Déposition 2 (PCC).
(119) Déposition 48 (PCC).
(120) Déposition 6 (PCC).
(121) Déposition 58 (PCC).
(122) Déposition 57 (PCC).
(123) Carolus de Pirro n'est peut-étre pas celui qui relate les miracles les plus anciens. Les témoins 59 et 60 en ayant rapporté qui avaient été accornplis lors de la construction du couvent de Paola. Cependant comme ces derniers ne nous donnent aucune autre précision, et que la construetion de couvent s'écbelonna sur plus de vingt ans, j'ai préféré utiliser les repères chronologigues de Carolus de Pirro qui eux sont súrs.
(124) Déposition 96 (PCC).
(125) Déposition 99 (PCC).
(126) (1x50)+(1x48)+(2x60)=223 divisé par 4 = 54, 75 + 20 = 74.
(127) (3x40)+(1x36)+(9x35)+(3x34)+(18x33)+(1x32)+(1x31)+(2x30) =1260 divisé par 38 = 33, 1 + 20 53.
(128) (2x35) 70 divisé par 2 35 + 20 55.
(129) Déposition i (PCC).
(130) Déposition 39 (PCC).
(131) Déposition 40 (PCC).
(132) Déposition 51 (PCC).
(133) Déposition 57 (PCC).
(134) Déposition 6 (PCC).
(135) Déposition 48 (PCC).
(136) Dépositions 20, 23, 25, 38 (PCC).
(137) Déposition 14 (PCC).
(138) Déposition 43 (PCC).
(139) Déposition 33 (PCC).
(140) Déposition 42 (PCC).
(141) Déposition 2 (PCC).
(142) Déposition 5 (PCC).
(143) Déposition 32 (PCC).
(144) Déposition 62 (PCC).
(145) Déposition 24 (PCC).
(146) Dépositions 2, 8, 9, 12, 13, 14, 61 (PCC).
(147) Dépositions 9, 10, 22, 23, 26, 27, 29, 47, 49 (PCC).
(148) Dépositions 84, 94 (PCC).
(149) Déposition 71 (PCC).
(150) Dépositions 18, 48, 21, 56 (PCT).
(151) Déposition 48 (PCT).
(152) Déposition 31 (PCT).
(153) Déposition 56 (PCT).
(154) Le 02-09-1513.
(155) Dépositions 5, 42 (PCT).
(156) Dépositions 24, 25, 39 (PCT).
(157) Dépositions 40, 41 (PCT).
(158) Déposition 5 (PCT).
(159) Déposition 1 (PCT).
(160) Déposition 2 (PCT).
(161) Déposition 38 (PCT).
(162) Déposition 42 (PCT).
(163) Déposition 33 (PCT).
(164) Dépositions 3, 27, 36, 38, 42, 53 (PCT).
(165) Dépositions 33, 41, 54, 55 (PCT).
(166) Claude de France par exemple.
(167) Dépositions 1, 6, 12, 18, 22, 24, 25, 26, 28, 30, 32, 35, 39, 40, 48, 49, 51, 52, 57 (PCT).
(168) Dépositions 32, 39 (PCT).
(169) Dépositions 10, 14, 15, 17, 23, 29, 31, 32, 34, 43, 44, 46, 47, 50 (PCT).
(170) Dépositions 2, 4, 5, 7, 8, 9, 11, 13, 16, 19, 20, 21 (PCT).
(171) Dépositions 7, 8 (PCT).
(172) Pages 294 et 295 (PCT).
(173) Déposition 7 (PCT).
(174) Déposition 52 (PCT).
(175) Dépositions 3, 5, 7, 8, 11, 12, 16, 17, 20, 21, 22, 23, 27, 29, 34, 38, 42, 43, 44, 45, 46, 54, 56 (PCC).
(176) Déposition 57 (PCC).
(177) Dépositions 64, 69, 73, 74, 75, 76, 82, 84, 85, 87, 89, 90, 91, 92, 93, 94, 100 (PCC).
(178) Déposition 1 1 (PCC).
(179) Déposition 1 (PCC).
(180) Déposition 29 (PCC).
(181) Déposition 14 (PCT).
(182) Déposition 21 (PCT).
(183) Déposition 49 (PCT).
(184) Déposition 3 (PCT).
(185) Dépositions 1, 36 (PCT).
(186) Dépositions 1, 2, 3, 14, 19, 26, 36, 38, 40, 42 (PCT).
(187) Les témoilis 14, 16, 21, 22, 35, 45, 49 précisent que François avait besoin d'un interpréte.
(188) Déposition 6 (PCT).
ATTI DELLA CURIA GENERALIZIA
IN MORTE DI FRA STEFANO PERNA
Prot. 75 G 40/99
Roma, 6 aprile 1999
Carissimi confratelli,
Oggi, 6 aprile 1999 alle ore 11.45, il nostro confratello fr. STEFANO PERNA è tornato alla casa del Padre per partecipare alla pienezza del mistero pasquale di Cristo. Egli apparteneva alla Provincia di s. Francesco ed era membro della comunità di S. Andrea delle Fratte; da alcuni anni, da quando cioè la malattia l'aveva costretto a stare continuamente a letto, era ospite presso l'Istituto delle Suore "Piccole serve dei poveri", in piazza S. Pietro in Vincoli, a Roma.
Fr. Stefano era nato a Cosenza il 2 gennaio 1916; accolto nel convento di Cosenza nel 193 1, ha fatto la prima professione a Paola nel 193 6 e quella solenne, sempre a Paola, nel 1939. E' stato nei conventi di Paola, Catona, Corigliano, Roma-Eur, e dal 1973 a Roma-S. Andrea.
La sua bontà d'animo, la sua pazienza, il suo spirito di preghiera, la sua laboriosità, la sua disponibilità al servizio e al sacrificio sono a tutti noti. Anche i fedeli lo ricordano ancora così. Egli è stato un religioso esemplare, umile, pio. Ha saputo accettare con grande fede e rassegnazione questi ultimi anni di sofferenza, senza mai lamentarsi. Rispondeva sempre che stava bene, quando gli veniva chiesto come stesse. Ma in realtà ha avuto molte sofferenze, che rivelava ogni tanto con qualche lacrima che gli rigava il volto, soprattutto quando ricordava i confratelli con i quali aveva lavorato e il servizio prestato soprattutto come custode della Basilica di S. Andrea delle Fratte e zelatore della devozione e del culto alla Madonna del Miracolo.
.. E' stato sempre fedele alla sua vocazione, portando grande amore all'Ordine e al Santo Fondatore, fiero di sentirsi religioso minimo. Le suore che lo hanno amorevolmente assistito hanno detto che è stato un tesoro di grazia, che molto ha giovato alla loro vita spirituale.
Il Signore lo ha chiamato a sé nel giorni liturgici della Pasqua. Siamo sicuri che egli è stato ammesso a godere della gioia della Pasqua eterna. E' questo il grande conforto e la grande speranza, che ci sostiene in questo momento, mentre ci abbracciamo commossi al fratello fr. Antonio, nostro carissimo confratello della comunità dei Monti, che quotidianamente lo ha visitato in questi anni di malattia.
UOrdine intero, mentre ne piange la morte, si stringe attorno alle sue spoglie mortali e prega Dio perché questo altro chicco di grano, che viene gettato nel terreno fertile del mistero pasquale di Cristo, possa essere seme di future vocazioni. Preghiamo Dio per intercessione di fr. Stefano perché, mentre lui va ad aumentare le fila dell'Ordine della Chiesa trionfante, l'Ordine della Chiesa pellegrinante possa non sentire a lungo il vuoto che egli lascia fra noi, ma possa essere arricchito di nuove vocazioni, fedeli e generose come la sua, che lo amino e lo servano come lui lo ha amato e servito.
Raccomando a tutti i debiti suffragi e la carità della preghiera personale.
P.GIUSEPPE FIORINI MOROSINI
Correttore Generale
COMUNITA DELL'ORDINE
SEDI
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PER LA BEATIFICAZIONE DI P. BARRE'
Prot. 76 G 41/99
Roma, 7 aprile 1999
Carissimi confratelli
Vi comunico A bilancio delle offerte ricevute e delle spese sostenute finora per la Beatificazione del P. Barré. Accludo anche le offerte pervenute per la giornata "pro Orantibus". Ne approfitto per sollecitare l'invio dell'obolo della Quaresima, voluto dalle nostre Costituzioni.
In unione di preghiere,
P. GIUSEPPE FIORINI MOROSINI
Correttore Generale
COMUNITA DELL'ORDINE
SEDI
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INCONTRO DEI SUPERIORI MAGGIORI
Prot. 92 P 10/99
Roma, 22 aprile 1999
M. R. Padre,
Con la presente La invito a partecipare all'incontro che si terrà a Paterno dal 21 al 25 giugno tra la Curia Generalizia e gli altri Superiori Maggiori. All'incontro sono invitati anche i responsabili dell'Ordine nei Paesi ove ancora non è stata creata la Delegazione Generale.
Come gli altri due incontri, anche fi prossimo va inquadrato nel contesto di quella condivisone dei problemi dell'Ordine, che è necessario avere tra i Superiori Maggiori (Cost. 187.207) se vogliamo rendere più rapida e incisiva la vita dell'Ordine, in relazione soprattutto al progetto che ci siamo dati.
Questi i contenuti del nostro prossimo incontro:
1. Rifletteremo sullo stato generale defl'Ordine e questa riflessione si articolerà attorno:
- alla mia relazione dopo la Visita Canonica all'Ordine;
- alle vostre singole relazioni (quella del Messico sia distaccata da quella della Provincia di appartenenza).
2. Ascolteremo la relazione dell'Economo Generale in riferimento alla decisione del 5% che le comunità inviano alla Curia Generalízia (quanto si raccoglie ogni anno con esso, l'Obolo della quaresima, le spese che si affrontano ordinariamente e le spese in corso o in previsione).
3. Discuteremo sul prossimo Capitolo Generale:
- luogo di celebrazione (Dir. 193): Paola o Roma? E' prevista l'udienza del Papa: se si celebra a Paola conviene riunirsi a Roma prima per celebrare il Giubileo e poi recarsi a Paola per il Capitolo vero e proprio?
- periodo di celebrazione: 2-15 luglio?
- partecipanti: possibilità di allargamento (Dir. 195);
- invito alla partecipazione di una rappresentanza del II e III Ordine: come e in che fase, tenendo conto del tema del Capitolo?
- conviene invitare qualche relatore esterno e in che momento, tenendo conto del tema del Capitolo?
- è possibile organizzare qualche manifestazione, invitando le fraternità TOM, almeno quelle vicine, per l'inizio del Capitolo, l'elezione del Generale o la chiusura del Capitolo?
- durante A Capitolo si può organizzare una celebrazione vocazionale con i giovani, in occasione del 50' di ordinazione di alcuni nostri confratelli?
4. Concorderemo il calendario delle manifestazioni dell'Ordine in occasione del Giubileo: occorre venire preparati con iniziative concrete (contenuti e giorni), tenendo conto delle indicazioni che ho offerto nella lettera circolare in occasione della Visita Canonica.
5. Concorderemo alcune cose pratiche:
- assenze dei religiosi dalle comunità al di fuori delle ferie estive;
- turismo internazionale durante le ferie estive e no;
- dichiarazione dei Religiosi sui beni che possono ricevere dopo la professione;
- invio delle Reliquie fuori della normale sede dei nostri conventi sia per altri nostri conventi sia in altre località, soprattutto fuori d'Italia: come regolarsi?
6. Varie ed eventuali, che voi stessi potrete e vorrete proporre.
Vi ho offerto un quadro abbastanza dettagliato e completo perché ne possiate discutere con i vostri rispettivi Consigli prima della
riunione. Vi prego, pertanto, di venire a Paterno ben preparati.
Alcune osservazioni per finire:
a. La vostra rispettiva relazione sullo stato dei conventi alle vostre rispettive dipendenze deve essere scritta e pervenirmi entro il 31 maggio e dovrà contenere i seguenti punti:
- qual è il grado di partecipazione dei confratelli al progetto che l'Ordine sta seguendo? quale cammino è stato fatto a vostro giudizio? - i contenuti dell'ultima Assemblea stanno entrando nel vivo della vita delle vostre comunità?
- come impegnarsi di più nella formazione permanente?
- come affrontare il sempre difficile problema vocazionale: cosa si è fatto, cosa si sta facendo, cosa si può fare (avrò modo di riferire sull'esito dell'incontro dei Superiori Generali proprio sulla pastorale vocazionale);
- una riflessione sull'attività pastorale nel contesto del tema della Missione dell'Ordine, dopo il Vita Consecrata, la nostra ultima Assemblea, i due nostri convegni sul tema (ottobre 1997 e Novembre 1998: cfr. atti sul Bollettino Ufficiale).
b. Le varie ed eventuali, che avete intenzione di proporre, vi prego di segnalarmele sempre entro il 31 maggio, accompagnando la vostra richiesta con una scheda illustrativa.
c. Entro maggio farò l'incontro con la commissione sul Giubileo per verificare il lavoro che è stato fatto.
d. Vi chiedo di rispettare la scadenza del 31 maggio; è necessario per me al fine di ben preparare l'incontro, in quanto nella prima metà di giugno sono impegnato per due viaggi all'estero (Spagna e Colombia).
Prepariamoci a questo incontro anche spiritualmente, pregando lo Spirito Santo, la Vergine SS.ma e il Santo Padre S. Francesco. Siamo tutti compresi del grande servizio che renderemo all'Ordine, soprattutto della testimonianza di comunione e di condivisone.
Vi ringrazio in anticipo della collaborazione e vi abbraccio nella carità del comune Padre e Fondatore S. Francesco.
P. GIUSEPPE FIORINI MOROSINI
Correttore Generale
MM.RR. PROVINCIALI E DELEGATI GENERALI
RR.PP CORRETTORI DI VRANOV, BOGOTA, SALTILLO
SEDI
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PER IL XXV DI SACERDOZIO
DEL REV.DO P. PAVEL KLIMOVIC
Prot. G 94/99
Roma, 16 giugno 1998
Carissimo p. Paolo
Stai per celebrare il XXV del tuo Sacerdozio. Voglio farmi prese ' nte con questa lettera per ringraziare con te il Signore, che ti ha fatto dono del Sacerdozio e perché questo dono ora è a servizio anche della nostra famiglia religiosa.
Passerai questo giorno con i tuoi compagni di ordinazione nella tua terra. E' giusto che questo avvenga. All'ínizio del nuovo anno sociale lo celebreremo anche noi a Roma, perché A tuo ringraziamento si associ a quello dei fratelli con i quali ora tu condividi l'esperienza di consacrazione al Signore.
Quanti ricordi in questi giorni!
Il tuo Sacerdozio si è formato alla dura scuola della fedeltà al Signore in un momento in cui questa fedeltà era rischiosa e pericolosa. Tu non hai avuto timore di accogliere la chiamata del Signore e ad essa sei rimasto fedele per tanti anni sotto un regime politico che non rendeva facile questa fedeltà, anzi metteva a rischio la lihertà umana e forse anche la vita. Hai rischiato nel ministero di parroco; hai rischiato nel ministero di confessore al seminario, e soprattutto di formatore in una situazione di clandestinità. Potrai alzare con gioia il calice della salvezza e rendere grazie al Signore. In quel calice c'è tutta la tua sofferenza, i tuoi rischi, le tue difficoltà, le tue prove, ma anche le tue gioie... e certamente sono tante.
Sei accompagnato in questo giorno di rendimento di grazie dalla preghiera di tanti amici e conoscenti - presenti o assenti che siano e che si ricordino o no di questo giorno di festa - che elevano a Dio, anche loro, l'inno di grazie per avere beneficiato del dono del tuo sacerdozio. Sì, perché il bene che hai fatto è stato tanto, soprattutto nel ministero della confessione e della direzione spirituale. E' questo bene che ti dà la gioia di salire l'altare con serenità e fiducia: Signore, ho messo a frutto il dono del sacerdozio e il carisma particolare di confessore, che mi hai dati. Che cosa ti renderò per quanto mi hai dato? Alzerò il calice della salvezza e invocherò il tuo nome, Signore.
Per esserti stato accanto per due anni, so quanto sia stato proficuo ed esteso questo ministero. Non c'è stata persona, soprattutto giovani, che hanno bussato alla tua porta a Vranov, che non ti abbiano trovato sempre disponibile, in qualsiasi momento. Ho apprezzato i tuoi sforzi per essere fedele anche agli impegni di vita comunitaria. Canta con gioia, quindi, il Magníficat della gioia e della gratitudine: Grandi cose il Signore ha fatto in me e per mezzo di me.
Questa lieta circostanza, nei piani misteriosi di Dio, la celebri in una famiglia religiosa che al momento della tua ordinazione sacerdotale neanche conosce@,i. Adoriamo insieme questi imperscrutabili disegni di Dio e ringraziamolo. Io lo ringrazio a nome di tutto l'Ordine perché tu per questa nostra famiglia religiosa sei stato un dono prezioso da parte di Dio.
Questo giorno di festa ti trova, inoltre, in un compito delicato: quello di direttore spirituale nel nostro studentato teologico di Roma. Sei stato pronto nel fare l'obbedienza, lasciando tante sicurezze nella tua patria: famiglia, amicizie e soprattutto il tanto fruttuoso lavoro di direttore spirituale, So che a Roma la mancanza di questo apostolato ti fa soffrire un poco, ma stai accettando questo sacrificio con spirito di fede. Tra i Chierici stai svolgendo un lavoro prezioso e proficuo, per ammissione degli stessi Chierici. Grazie per questa disponibilità, grazie per questo impegno, grazie per tutto quello che fai. Porta all'altare questa nostra famiglia, i giovani Chierici soprattutto. Questa famiglia sentila vicina, perché ti stima, ti vuole bene, con te loda Dio e lo ringrazia per questi tuoi 25 anni di sacerdozio.
Personalmente voglio ringraziarti per essermi stato vicino con l'affetto, l'amicízia e la stima negli anni difficili di Vranov.
Auguri, p. Paolo. Dio ti benedica e ti conceda ancora lunghi anni al suo servizio. La Vergine SS.ma, alla quale sei consacrato, ti protegga con cuore di madre. Il Padre e Fondatore S. Francesco voglia proteggerti e avvolgerti nel suo mantello. La tua missione all'interno della nostra famiglia è ancora tutta da svolgere. Ti faccia egli degno di questo servizio, ti dia luce e forza. In suo nome io ti benedico di cuore.
Con affetto,
P.
GIUSEPPE FIORINI MOROSINICorrettore Generale
COLLEGIO INTERNAZIONALE
00144 ROMA
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PER LA MORTE DEL REV P. ALFONSO PACIOLLA
Prot. 141 G 83/99
Roma, 22 maggio 1999
Carissimi Confratelli,
Con profondo dolore, lenito dalla fede e dalla speranza cristiana, vi comunico che venerdì 21 maggio verso le ore 23 è spirato in pace, recitando una poesia alla Madonna, il nostro confratello P. Alfonso Paciolla, della comunità di Napoli S. Maria della Stella. Era nato a Casandrino il 15 marzo 1925. Entrato nell'Ordíne nel 1936, ha fatto la I professione a Paola nel 1941, quella solenne a Roma nel 1945 ed è stato ordinato sacerdote nel 1950 a Roma. Aveva la licenza in Teologia e il diploma in pianoforte, organo e composizione. E' stato nelle comunità di Palermo, Castellammare di Stabia, Salerno, Napoli Stella. Per diversi anni ha insegnato musica nelle scuole di Stato.
Uincontro con il Signore della vita è avvenuto, inaspettatamente, nell'ospedale degli Incurabili a Napoli, dove era stato ricoverato da un mese circa. Sembrava che tutto fosse stato risolto, ed invece' il Signore lo ha chiamato a sé per l'eterna liturgia del cielo.
Tutti i confratelli, alla notizia della sua morte, hanno commentato con dolore che si era spento un religioso infaticabile e generoso, pronto sempre a dare il suo contributo soprattutto nei settori a lui congeniali: la predicazione e il servizio liturgico attraverso la musica e il canto. Era di intelligenza lucida, di carattere gioviale, fedele nefl'amicizía, generoso di cuore. I lunghi anni passati al convento della Stella gli hanno consentito un contatto con la gente del quartiere, che ricorrevano a lui: egli li accoglieva con amabilità nella sagrestia del Santuario per una parola di conforto e di guida spirituale.
Gli anni che si sommavano non gli avevano fatto perdere l'entusiasmo e la generosità del tempo giovanile: continuava a fare generosamente la staffetta tra il Santuario e la Basilica Reale per prestare la sua opera, dando così speranza all'emergenza che stiamo vivendo.
Con lui si è spenta una figura di religioso amante dell'Ordine e instancabile nel servizio; certamente la sua presenza in comunità non faceva temere l'emergenza, perché riusciva con l'intelligenza e il saper fare, ma soprattutto con la generosità del cuore e la forza della volontà, a coprire diversi compiti e mansioni. Grazie, P. Alfonso, di tutto questo. Quel Signore che hai lodato e servito in letizia, servendoti del canto e della musica, che sono l'espressione più alta della gioia dell'uomo, possa ora ammetterti al canto dell'eterna liturgia del cielo.
Mentre ricordo la sua figura soprattutto ai giovani perché imparino a vivere con altrettanta generosità il loro ministero nella Chiesa, lo raccomando alla preghiera di tutti per i debiti suffragi, sia quelli previsti dalle nostre Costituzioni, sia quelli affidati alla carità della nostra preghiera personale.
Mi stringo con affetto al caro confratello p. Luigi, che accoglie soprattutto l'eredità del fratello, e a tutta la Provincia di S. Maria della Stella, tanto provata in questi ultimi mesi. Vorrei dire al p. Provinciale e ai confratelli che lo scenario che si apre dinanzi ai loro occhi non è quello della morte, ma della vita; non siete al tramonto, ma all'alba di una nuova vita, e il segno concreto sono i numerosi giovani che stanno bussando alla porta dei vostri conventi. Siate forti nella fede, lieti nella speranza, perseveranti nella fedeltà a quanto abbiamo promesso con la nostra professione: è la garanzia che l'aurora che timidamente spunta all'orizzonte diventi sole radioso di una splendida giornata di vita.
Invoco Su tutti voi la benedizione del comune Padre e Fondatore: ci possa consolidare nella speranza.
P. GIUSEPPE FIORINI MOROSINI
Correttore Generale
COMUNITA DELL'ORDINE
SEDI
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PER GIUBILEO SACERDOTALE
DEL M. REV.DO P. NICOLA CARACCIOLO
Prot. 162 G 99/99
Roma, 16 giugno 1999
Carissimo P Nicola,
Approssimandosi la tua festa del 50° di ordinazione sacerdotale, con questa lettera voglio farti sentire vicino tutto l'Ordine, che per mezzo mio ti vuole esprimere la gioia per questa lieta ricorrenza e A nostro ringraziamento a Dio.
Grati a Dio. E la nostra gratitudine esplode di gioia anzitutto per te stesso, che sei stato un dono all'Ordine. La tua fedeltà al Signore, la tua esemplarità, la tua generosità, il tuo entusiasmo sono stato il dono della tua persona, con la quale il Signore ha arricchito la nostra famiglia religiosa. Nelle varie mansioni che hai svolto, nei vari compiti che ti sono stati assegnati, nel vari ministeri che hai svolto, soprattutto in Parrocchia, hai sempre dimostrato la realtà e la preziosità di questo dono.
Io stesso debbo essere grato a Dio perché ho beneficiato della tua presenza da ragazzo, quando eri per noi fratini il sempre sorridente e intraprendente Direttore spirituale della Scuola Apostolica e l'animatore instancabile del "villaggio del Fanciullo"; e poi anche da Provinciale, quando sei stato accanto a me il consigliere fedele, rispettoso e affettuoso. Sì, siamo grati a Dio.
Grati a Dio è la santa Chiesa di Dio, i fedeli che hai curato pastoralmente: Palermo, Roma, Paola, Taranto, Bari, Cosenza ti ricordano tante cose, tante circostanze; ti riportano alla mente tanti volti, tante iniziative pastorali, tante gioie e tante sofferenze. Quanta gente da anni ringrazia Dio per. il tuo ministero di sacerdote, di animatore, di parroco. Se poi cerchi di rivedere con la tua mente i giovani e i ragazzi di Paola, o i carcerati di Cosenza, forse i tuoi occhi si riempiranno di lacrime: gioia, commozione, gratitudine, rimpianti, nostalgie. Quanta gratitudine dobbiamo elevare al Signore.
Cammina sicuro e con passo spedito verso l'altare dei 50 anni. Accostati alla mensa del Signore con gioia. Canta forte il tuo "Magnificat". Guarda sicuro il tuo Signore. Non è presunzione ma è gratitudine, è riconoscenza. Signore, hai fatto grandi cose per me e per mezzo mio! Quando guardiamo il Signore con questi sentimenti la luce della grazia offusca la consapevolezza delle nostre insufficienze, dei nostri limiti, del nostro peccato.
Offrendo il tuo sacrificio dei 50 anni, dichiarati ancora una volta disponibile al Signore. Abbiamo bisogno ancora della tua giovialità, del tuo sorriso, della tua disponibilità, della tua generosità, del tuo sacrificio.
In questa santa Messa ricorderai certamente tutti i tuoi cari che ti faranno corona; ricorderai in modo particolare i tuoi santi genitori, la tua santa zia, tuo fratello Pierino. Abbi un pensiero particolare per l'Ordine, che ti ha accolto bambino e ti ha dato tutto. In questi anni non sono mancate le amarezze e le dífficoltà, ma sostanzialmente sei stato felice in mezzo a noi e noi siamo stati felici con te.
Dio ti benedica, la Vergine ti accompagni, il Santo Fondatore vigili su di te. In suo nome ti benedico, mentre anche io, memore del bene che ho ricevuto da te, ti chiedo la benedizione come ad un venerato padre.
Con affetto,
P. Giuseppe Fiorini Morosini
Correttore Generale
M. REV.DO P.
NICOLA CARACCIOLOTARANTO
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IN MORTE DI FRA SALVATORE CARAMIA
Prot. 156 G/96 99
Roma 16 gúígno 1999
Carissimi confratelli,
Oggi, 16 giugno, nella casa di riposo "Tamburelli" di Larnezia Terme Nicastro, si è spento Fr. Salvatore Caramia della comunità di Paola. Colpito da una forma grave di arteríosclerosi, era stato inviato in questa casa di riposo per le cure del caso. Lì era stato amorevolmente accolto dai Dirigenti, che erano fedeli della nostra ex parroechia di S. Domenico, molto legati a lui da vincoli di sincera e devota amicizia. Non gli è mancata in questi anni di forzata assenza dal Convento l'amorevole presenza dei confratelli di Paola, anche se il povero fr. Salvatore non riusciva a conoscere più nessuno.
Nato a Grottaglie il 2 gennaio 1920, fu accettato nel Santuario di Paola nel 1949. Nella Casa Madre fu ammesso al noviziato nel 1950 e vi fece la prima professione nel 1951. A Roma Monti ha emesso i voti perpetui nel 1954.
E' stato nelle comunità di Paola, Roma Monti, Sambiase, Roma EUR, Catona, e per lunghissimi anni nella comunità di Lamezia Terme Nicastro. Nelle comunità dove ha risieduto ha svolto le mansioni di cuoco, di sarto, di sagrestano.
Ricoprendo l'ufficio di sagrestano passava il suo tempo in Chiesa, lavorando, pregando, accogliendo le persone con senso religioso e umana affabilità. Di lui vogliamo ricordare roprio il dono dell'accop
glienza. Sapeva ricevere con garbo i fedeli che venivano nelle nostre Chiese, e con i suoi modi semplici e affettuosi sapeva entrare nel loro cuore. Si informava dei loro problemi e di tutte le persone di famiglia: e la gente rimaneva contenta e nutriva verso di lui simpatia, amicizia, affetto. Personalmente lo ricordo come cuoco nella Scuola Apostolica di Paola e del Collegio internazionale di- Roma EUR. E conservo il ricordo dei modi affettuosi con i quali ci trattava.
Nutriva una devozione particolare verso le anime del Purgatorio, per le quali ogni giorno faceva preghiere particolari.
Ci ha lasciato così un altro fratello, fedele e perseverante, amante dell'Ordine.
Il Signore lo voglia accogliere nel Paradiso. Noi pregheremo per questo, offrendo per lui i suffragi prescritti dalle nostre Costituzioni e soprattutto la nostra preghiera personale.
Fr. Salvatore dal cielo ci otterrà dal Signore il dono di nuove Vocazioni.
La dipartita dei nostri fratelli ci richiami sempre l'impegno di fedeltà a quanto abbiamo promesso, perchè un giorno anche noi dovremo presentarci dinanzi al Signore. Voglia il cielo che in quel giorno possiamo presentarci con le mani piene di frutti.
Vi saluto di cuore, in unione di preghiere.
P. Giuseppe Fiorini Morosini
Correttore Generale
COMUNITA DELL'ORDINE
SEDI
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PER GLI ESERCIZI SPIRITUALI
NEI LUOGHI DEL BEATO BARRE'
Prot. 195 G 122/99
Roma,9 agosto 1999
Carissimi confratelli,
Siete riuniti a Parigi nella Casa delle Suore di R Barré per iniziare gli Esercizi spirituali. Sapete molto bene in che contesto sono stati organizzati questi Esercizi spirituali: la beatificazione di p. Barré ha spinto tutti noi ad una riconsiderazione della figura di questo grande nostro confratello, insigne maestro di vita spirituale, modello di vita per tutti noi. Siete li sui luoghi ove il novello Beato è vissuto, ad immedesimarvi di questo spirito, che è poi quello autentico dell'Ordine, vissuto con fedeltà, radicalità e perseveranza.
Questo corso di Esercizi spirituali deve contribuire, insieme alle letture dei testi del Beato, a farvi conoscere la spiritualità di questo nostro illustre confratello, che ha incarnato al meglio il carisma dell'Ordine. Vi aiuteranno in questo le meditazioni che vi detterà Suor Brigitte, che, oltre ad aver studiato tanto la figura del beato Barrè, ha diretto come Madre Generale la vita dell'Istituto delle Suore del Bambin Gesù in un momento in cui è stato intenso lo sforzo di capire gli insegnamenti del Beato Nicola.
Questo corso deve significare una tappa importante nel cammino che l'Ordine sta facendo in questi anni, per una presenza viva nella Chiesa e nel mondo. Se in questi anni abbiamo lavorato tanto, e con frutto, alla ricerca della nostra identità, il nuovo millennio che si apre ci dovrà vedere impegnati nella riscoperta di tutto il patrimonio storico, culturale, teologico, spirituale, che l'ordine ha prodotto in 500 anni di storia.
Vorrei suggerirvi pertanto alcune considerazioni, che vi possono accompagnare in questi giorni:
1. Alla scuola di p. Barré apprendete la grande lezione della necessità della scelta della spiritualità. Questa scelta deve comportare una impostazione di vita a partire da Dio e dalle sue esigenze. Vivere secondo Dio è urgente, se vogliamo rinnovare noi stessi e l'ordine. E' questa scelta di spiritualità che ci fa affrontare una vita di fede e dà stabilità alla nostra vocazione di fronte a tutte le difficoltà.
2. Sull'esempio di p. Barré puntate su di una identificazione piena con il carisma dell'Ordíne. E' uno dei problemi più urgenti oggi in tutte le famiglie religiose quello della identificazione vocazionale. Il carisma è un dono di Dio; ed è con questo dono che vi dovete misurare, costi quel che costi. Quello che gli altri attorno a voi possono o debbono fare non deve essere ma un pretesto o una scusa per mettere in discussione la nostra fedeltà a questo carisma.
3. Dalla vita di p. Barré imparate la grande capacità di solidarietà e di amore che scaturisce dal nostro carisma penítenziale vissuto con fedeltà. Non è vero che il nostro carisma o la difesa della conventualità ci impediscono l'apostolato, anzi lo favoriscono e lo impreziosiscono perché lo arricchiscono della testimonianza della conaivisione e della comunione comunitaria.
4. Chiedete al Beato la grazia di essere fedeli e radicali come lo e stato lui, senza misurare la vostra fedeltà e radicalità con quella di chi vi sta intorno, subordinando magari ad un impegno comune quel lo che dovrebbe essere la vostra risposta a Dio. Ricordate che la santità è sempre esperienza di solitudine, alcune volte anche eroica.
Accanto alle meditazioni visiterete i luoghi ove il beato Nicola ha vissuto ed ha operato: non è turismo, ma ricerca di fede, invocazione di speranza al novello Beato perché vi infonda il suo stesso spirito.
Vi penso in modo particolare raccolti in preghiera dinanzi alla tomba di S. Francesco a Tours. Ascolterete il racconto della sua morte, e del suo 'martirio' postumo. Non lasciatevi sfuggire l'importanza di questo momento. Pensate al miracolo del braciere arroventato che egli prende tra le mani scongiurando i frati alla fedeltà al carisma; pensate all'abbraccio di pace che ha fatto scambiare ai frati raccolti attorno al suo letto di morte; pensate al fuoco che ha bruciato 9 suo corpo: ma solo il fuoco ottenuto dagli Ugonotti bruciando la grande croce che era sull'altare maggiore. Pensate so rattutto alla frase biblica con la quale ha chiuso i suoi occhi al mondo, lasciandoci in eredità fi carisma penitenziale, che con quella frase biblica egli ha potuto illustrare e spiegare: la stoltezza di questo mondo è saggezza davanti a Dio.
Che Dio vi conceda di capire l'importanza di questa espressione dell'Apostolato e possiate conformare ad essa la vostra vita, le vostre scelte, le vostre decisioni. Il beato Nicola Barré impetra da Dio per voi la grazia della santità.
Vi abbraccio e vi benedico.
P. GIUSEPPE FIORINI MOROSINI
Correttore Generale
M. R. P. FRANCO LENTI
e Religiosi partecipanti
agli Esercizi spirituali in Francia
Nota: La presente venga letta in cappella all'inizio degli Esercizi spirituali.
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OFFERTA DELL:ORDINE "PRO ORANTIBUS"
Prot. 220 SS 7/99
Ronza, 22 novembre 1999 Eccellenza Revei-endissiina,
Le trasmetto l'offerta 'Pro Orantibus', che è stata raccolta tra i fedeli dai nostri religiosi in Italia. Voglia scusare il ritardo con il quale invio il nostro contributo annuale.
Come sempre, avendo il nostro Ordine il ramo delle claustrali, abbiamo colto l'occasione della celebrazione annuale della giornata dedicata alle claustrali per parlare di questa forma di consacrazione nella Chiesa. Abbiamo pregato e fatto pregare, organizzando celebrazioni particolari. Durante queste celebrazioni abbiamo illustrato ai fedeli il valore della vita contemplativa nella Chiesa e il grande servizio che le claustrali rendono alla Chiesa di Dio e al mondo.
Voglia gradire i saluti più cordiali.
Dev.mo in Cristo,
P GIUSEPPE F10RINI MOROSINI
Correttore Generale
Eccellenza Rev.ma
Mons. PIERGIORGIO SILVANO NESTI
Segretario CIVCSVA
CITTA DEL VATICANO
APPUNTI DI CRONACA
Ordinazioni sacerdotali
Il 10 aprile c.a. Mons. Salvatore Ligorio, Vescovo di Tricarico, ha consacrato sacerdote il chierico fr. Franco Russo nella Chiesa del Sacro Cuore, in Acquaviva delle Fonti.
- Ull aprile Mons. Agostíno Vallini, vescovo ausiliare di Napoli, ha consacrato sacerdote il chierico fr. Gian Franco Scarpitta nella Basilica Reale di piazza Plebiscito in Napoli. E Gianfranco aveva professato i suoi voti solenni nelle mani del M.R.R Correttore provinciale, p. Mario D'Auria, il 27 giugno 1998 nel Santuario della Stella in Napoli, e aveva ricevuto il Diaconato nella Parrocchia S. Maria Antesaecula il 4 luglio 1998 da Mons. Ciriaco Scansifio, Vicario Generale di Napoli.
Il 23 maggio, a Civitavecchia, veniva ordinato sacerdote, dall'Ordinario del luogo S. Ecc. Mons. Girolamo Grillo, il diacono Evelio de Jesús Muííoz, colombiano.
- 12 giugno Mons. Fernando Sabogal Viana, vescovo ausiliare di Bogotà, ha consacrato sacerdote fr. Henry Vargas llolguin nella Chiesa parrocchiale,di S. Gabriel Arcángel in Bogotá.
50° e 25° di sacerdozio
Il 15 luglio nella nostra Chiesa parrocchiale di Taranto ha celebrato il 500 del suo sacerdozio, p. Nicola Caracciolo. Alla S. Messa giubilare hanno presenziato il Revmo P. Generale, il M.R.P. Provinciale di Paola ed altri confratehi.
Il 29 giugno nella cattedrale di Olomouc p. Pavel Kdimovic ha celebrato con i suoi compagni di ordinazione il 25' del suo sacerdozio.Ad entrambi il Revmo P Generale ha fatto pervenire una lettera di auguri a nome di tutto l'ordine.
Incontro della Curia Generalizia con i Superiori Maggiori
Dal 22 al 25 giugno nel Santuario di Paterno Cal. si è tenuto l'incontro tra la Curia generalizia e gli altri Superiori maggiori dell'Ordine. Erano presenti: il Revmo Padre Generale, p. Giuseppe Fiorini Morosini, con la sua Curia (p. A. Bellantonio, p. E Rodríguez, p. A. Ferraro), p. E Lenti, i MM. RR. PP. Provinciali di Paola (p. F. Marinelli), di Genova (p. V Garau), di Napoli (p. A. Della Monica), i MM. RR. PP. Delegati di Spagna (p. j. Mediavifla), del Brasile (p. S. Arto). All'incontro hanno partecipato anche i RR. PP. Rappresentanti dell'Ordine nella Repubblica Ceca (p. L. Lia), in Colombia (p. A. Moraga), in Messico (p. Luigi Chiaro).
Uincontro si è aperto con una relazione del p. Generale, con la quale ha offerto un quadro complessivo sullo stato dell' Ordine, quale emerge anche dalla Visita canonica ormai quasi ultimata.
Dopo la discussione sulla relazione del p. Generale ciascun Superiore ha offerto ai partecipanti una visione della propria realtà.
Si è discusso infine su alcune scelte circa il prossimo Capitolo Generale e l'Anno Santo.
Benedizione e inaugurazione del Convento in Saltillo
Giorno 11 settembre il M. R. P. Provinciale di Paola, p. Francesco Marínelli, alla presenza del Revmo P. Generale, p. Giuseppe Fiorini Morosini, della locale comunità, di alcuni religiosi della Provincia di S. Francesco (p. Giovanni Cozzolino, p. Salvatore Palmino, p. Cosimo Trivisani) e alcuni terziari giunti per l'occasione dall'Italia, ha benedetto il nuovo convento di Saltillo (Messico), costruito al centro della città, per la generosa donazione di un terreno da parte della famiglia Davila. La cerimonia della benedizione è stata preparata con altre manifestazioni, ad alcune delle quali ha partecipato anche il Vescovo diocesano, mons. Francisco Villalobos, il quale, molto devoto di S. Francesco di Paola, del quale porta il nome, ci aveva accolto con grande gioia in Saltillo due anni fa circa. La casa, di stile coloniale, tipica del centro storico in cui è sorta, è molto accogliente. Servirà come abitazione dei Religiosi, come casa di prenoviziato e come centro di accoglienza per l'attività spirituale che i nostri religiosi svolgeranno. La Chiesa non parrocchiale del Sagrado Corazón, che i nostri religiosi officiano, dista alcune centinaia di metri dal convento.
Vada da queste pagine un caloroso ringraziamento e compiacimento ai confratelli p. Luigi Chiaro e p. Nicola Nicolaci per la stima che hanno saputo conquistarsi in questi pochi anni di permanenza in Messico, e per i sacrifici fatti per la realizzazione così veloce di questa opera.
Affiliazioni all'Ordine
Il P. Generale il 27 agosto 1999 ha concesso l'affúiazione all'Ordine ai Signori: Jesùs Davila Rodríguez e Maria del Carmen Huerta de Davila, Javier Pefia Rodríguez, Maria de la Soledad Valdes Davila de Uvade. Questi si sono resi benemeriti per la fondazione del convento di Saltiflo in Messico.
Sulle orine del P. Barré
i Chierici del Collegio dell'EUR e di Catanzaro, alcuni giovani postulanti e alcuni religiosi sacerdoti, accompagnati dal M.R.P. Franco Lenti, assistente generale e Rettore del Collegio deu'EUR, hanno seguito il corso di Esercizi spirituali a Parigi presso la Maison Barré delle Suore del Bambin Gesù. Il corso, tutto impostato sulla conoscenza della spiritualità del recente beato, è stato predicato da Sr. Brigitte Flourez, ex Superiora Generale delle Suore del Bambin Gesù. Alla fine degli Esercizi hanno visitato i luoghi-memoria del Barré ad Amiens e Rouen. Il corso si è chiuso a Tours, presso la Tomba di S. Francesco, ove i partecipanti hanno commemorato la sua morte ed hanno rinnovato la professione.
Il Ven. P Bernardo M. Clausi ricordato nel suo paese natale
In preparazione al 150' anniversario della morte del venerabile p. Bernardo M. Clausi, nella Chiesa di S. Sisto dei Valdesi, luogo di nascita del Venerabile, si è tenuto un incontro di studio sulla figura di questo illustre confratello del secolo scorso. Afl'incontro ha presenziato il Revmo Padre Generale, p. Giuseppe Fiorini Morosini, e il p. Rocco Benvenuto, della comunità di Paola, che ha tenuto anche una relazione dal titolo: La testimonianza di Padre Bernardo Maria Clausi nel segno di S. Francesco di Paola. Per l'occasione è stato preparato e proiettato un video: Padre Bernardo M. Clausi. Un testimone di Cristo sulle orme del Santo Paolano.
Ammissione al Noviziato
La sera del 25 settembre, durante la celebrazione dei vespri il p. Generale, nella casa di noviziato di Massalubrense, ha ammesso all'inizio canonico dell'anno di noviziato i seguenti giovani:
Domenico Crupi e Massimo Aloía (Provincia di S. Francesco), Luís Enrique Mosqueda Diaz e Juan Carlos González (MessicoProvincia di S. Francesco), Mario Savarese e Erasmo Schillací (Provincia S. Maria della Stella), Pablo Roias Sánchez (Delegazione S.M. della Victoria), Michal Grosche (Vranov-Dirette dipendenze del p. Generale).
Prima Professione
Il 26 settembre nella Chiesa della SS.ma Annunziata, annessa alla casa di noviziato, nelle mani del Revmo P. Generale, p. Giuseppe Fiorini Morosini, hanno emesso per la prima volta i loro voti nella nostra famiglia religiosa i novizi: fr. Mario Paldino e fr. Marco Gagliardi (Provincia di S. Francesco), fr. Giuseppe Porzio e fr. Luigi Cioffi (Provincia S. Maria della Stella), fr. Pavel Kriz e fr. Pavel Pacek (Vranov-Dirette Dipendenze del p. Generale).
NECROLOGIO
En el Monasterio de Santa Eufemía de Antequera (Málaga) nos dejó para el cielo: nuestra hermana Sor Ana Porras Serrano. Falleció el día 7 de abril por la maiíana, a la edad de 77 afios y 56 de -vida religiosa.
Un alma humilde, callada y sencilla, muy sacrificarla y trabajadora, escogía siempre lo más duro para ella, entregada a las demás desinteresada, agradecida al más mínimo servicio que se le prestara, a todas nos ha dejado grandes ejemplos de virtud. El Sefior se lo habrá recompensado con el premio.
El día uno de Enero, Afío Nuevo, lo empezamos en el Hospital con ella porque se había roto la cadera, el día 2 la operaron, a los diez días vinimos para casa, para pronto volver otra vez al Hospital porque se le complicó con el corazón, insuficiencia cardiaca, encharque de pulmón, esta vez estuvimos casi un mes, vinimos para casa, a los ocos dias se puso peor; el 28 domingo de Ramos no pudo ir a Misa, el Lunes Santo el Capellán entró para, que recibiera la Unción de los enfermos; el Martes Santo ya amaneció en estado de coma, vino el médico y nos dijo que duraría unas horas, viendo se alargaba volvió el médico y nos dijo de Ilevarla al Hospital, para ver si podían hacer algo con ella. Allí falleció el dia siete a las seis y media de la mafíana: nos dejaba para ir a la casa del Padre que en su infinita misericordia la recibiía en sus brazos de Padre.
Llevó su enfermedad con mucha conformidad con la voluntad de Dios; decia: yo que nunca había estado mala lo que me esperaba. Fue de mucha ejemplaridad para cuantos la asistieron.
Siempre demostró mucho amor a nuestro Santo Padre, cuando nos pedían oraciones, por cualquier necesidad o por su farnilia, no tenía otra oración que la novena a nuestro Santo Padre; nos decía otra cosa: "Estoy pidiendo a nuestro Padre. Estoy pidiendo a nuestro Padre" Ha dejado gran vacío en la Comunidad, corno todas las que nos dejan. Ahora desde el cielo interceda por nosotras y nos mande vocaciones a la Orden y en especial a su amado convento ya que tanto las necesitamos.
Un recuerdo ante el Seííor, rogandole nos bendiga de corazón.
SOR TRINIDAD MARTÍNEZ O. M.